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Une équipe inspirée par le combat de la mère d’un coéquipier

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07 févr. 2018 09:16

La saison des Commandeurs atome B2 de Pointe-Lévy a pris une tournure inattendue lorsque la gérante de l’équipe a interpelé l’entraîneur-chef pour ajouter un ruban rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein, sur le casque des joueurs. Un petit geste qui a fait boule de neige à l’intérieur du vestiaire.

Martin Roy se souviendra toujours du moment où le combat de Mélissa Guillemette contre la maladie est entré dans son club.

«C’était au premier match de l’année, début octobre à Saint-Henri. Marie-Ève est venue me voir pour me demander s’il était possible d’apposer le collant derrière le casque. Non seulement j’ai dit oui, mais j’ai voulu expliquer aux joueurs dans quel but on le faisait, a raconté l’entraîneur-chef. On a fait une présentation et les jeunes ont très bien réagi. Ils ont posé des questions, s’y intéressaient et voulaient savoir ce qui arrivait avec la maladie. Ensuite, j’ai laissé ça aller. Je ne voulais pas mettre de pression.»

Parce que la réception était bonne, la gérante a proposé d’utiliser du ruban rose pour les bâtons et ainsi de suite, la thématique s’est installée au sein de l’équipe. Une photo prise au centre d’oncologie de l’Hôtel-Dieu de Lévis leur a même permis de remporter un concours organisé par les Canadiens de Montréal et d’aller prendre part à un match amical, le 21 janvier, dans la métropole.

Boost d’énergie

 Dans cette épreuve, Mélissa trouve du réconfort auprès de cette grande famille adoptive, alors que les hockeyeurs s’inspirent de son courage sur la glace.

«Une valeur que les jeunes apprennent à travers Mélissa, c’est de ne jamais lâcher. Ça rend notre discours beaucoup plus facile et ils s’y adaptent très bien. Plutôt que de jouer sur leur humeur, ça leur a donné un boost d’énergie incroyable, a révélé l’entraîneur Roy. Depuis les Fêtes, je ne reconnais plus mon club. Ces jeunes-là n’abandonnent jamais.»

Cette initiative a eu un effet rassembleur sur les troupes, notamment pour Loïk, le fils de Mélissa. «S’il lui arrive de vouloir s‘isoler, à cause de ce qu’il vit, les plus vieux vont aller le chercher pour s’amuser. Tout le monde est au courant de ce qui se passe, comprend la situation et veut le rendre heureux, a décrit Martin Roy. Tout le monde s’encourage et personne n’est laissé de côté. Je n’ai pas entendu un jeune parler contre un autre cette année.»

Une sortie attendue

Rencontrée à l’Aréna de Lévis à la veille de sa mastectomie partielle, le 4 février, Mélissa dégageait une belle énergie malgré sa fébrilité. «Je passe la semaine toute seule chez nous, alors le hockey me fait du bien, a-t-elle expliqué en riant. Lors des derniers traitements de chimiothérapie, je ne pouvais pas beaucoup sortir, alors je gardais mes énergies pour venir à l’aréna la fin de semaine, pour parler aux parents et croiser les jeunes.»

Son diagnostic, elle l’a reçue le 26 juillet 2017. Une histoire classique qui commence par la découverte d’une bosse dans un sein, une mammographie et une échographie, qui ont permis de voir qu’il ne s’agissait pas d’un kyste. Une biopsie a ensuite confirmé la présence d’une masse cancéreuse de trois centimètres. «C’était un mercredi et je partais en vacances le vendredi», s’est rappelé Mélissa.

«L’annonce où l’on voit la femme tomber sur le dos, c’est carrément ça. Tu penses au pire, que la fin arrive. Tu penses aux enfants, les miens ont 5 et 9 ans, et j’ai pensé à mon chum. Ça fait peur et tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques. Ç’a été long avant qu’on l’annonce aux enfants, a partagé la mère de famille. On ne savait pas comment. On voulait aussi laisser passer les vacances et rencontrer un psychologue avant. On ne voulait pas leur transmettre nos peurs.»

Avec optimisme

 Cette fière hockey mom envisage les prochains mois avec optimisme. «On ne s’en cachera pas, il y a des moments plus difficiles que d’autres, mais j’essaie de garder un équilibre. C’est un long processus, alors il faut être patient, a soutenu la Lévisienne, qui encore aujourd’hui, ne connaît pas le grade de sa maladie. Ça va venir après mon opération.»

Mélissa a reçu son dernier de six traitements de chimiothérapie le 11 décembre. Elle a ensuite eu un court moment pour réfléchir au type de chirurgie qu’elle voulait recevoir et a penché vers une opération plus conservatrice. «J’ai bien répondu à la chimiothérapie, mais je sais qu’il en reste un peu, alors j’ai hâte qu’ils l’enlèvent. C’est un passage obligé, mais c’est stressant», a-t-elle admis à la veille de l’intervention, sachant très bien que des traitements de radiothérapie l’attendent au printemps.

Peu importe le nombre de victoires et de défaites qu’ils accumuleront d’ici la fin de l’hiver, les Commandeurs atome B2 de Martin Roy auront certes appris une grande leçon de courage cette saison. «Je me souviens des années marquantes que j’ai eues en tant que joueur et je pense que, pour ce groupe, cette année en sera une», a conclu l’entraîneur-chef.

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