Dan Gosselin a attendu longtemps avant de raconter les anecdotes entourant la vie de son oncle, décédé en 1986, qu’il a connu pendant les années 70 et 80. Des anecdotes entourant l’histoire d’un jeune homme de 15 ans qui débarque à Chicago, à l’époque des gangsters, de la prohibition et des speakeasys, ces bars clandestins américains. Au fond, c’est la biographie d’un Québécois méconnu, qui a vécu le gang d’Al Capone.
«Il a eu une vie rocambolesque, en marge de la société. Il m’a fait certaines confidences lorsque j’avais 4 ans. Évidemment, quelques années plus tard, j’ai voulu aller plus loin. À 14 ans, il a fini par déballer le truc au complet. Il a refusé d’en parler pendant plus de 81 ans, sauf à moi et peut-être une ou deux autres personnes», explique le nouvel auteur des Éditions de l’Homme.
Une autre époque
Puis, il y a un peu plus de deux ans, Dan Gosselin a échappé quelques bribes de cette histoire à Robert Davies, un ancien éditeur.
«Il m’a demandé de répéter, alors je lui ai dit de ne pas me faire le coup de l’éditeur qui trouve qu’un sujet est fascinant, puisque tout le monde a dans sa famille un grand-père qui a vendu de l’alcool pendant que c’était interdit. Il m’a répondu que peu d’entre eux avaient déjà eu Al Capone assis dans leur voiture. Il a marqué un point et m’a fait réfléchir», se souvient-il.
«L’époque a changé et tout ce qui concerne les années 20 et 30 est perçu d’une façon nouvelle aujourd’hui, poursuit l’écrivain lévisien. Ça fascine les gens et ça fait sourire. C’est possible d’en parler de façon agréable, mais aussi de réhabiliter, dans une certaine mesure, la vie d’un homme comme Léopold. Parce qu’au final, ce n’était pas une mauvaise personne. C’était un autre monde et les choix qu’ils faisaient à l’époque étaient motivés par d’autres considérations que celles qu’on connaît aujourd’hui.»
Le bon angle
Le spécialiste en communications de métier a mis plusieurs mois avant d’écrire le premier mot, puis l’histoire s’est écrite graduellement, les soirs de semaine. Il lui fallait trouver le bon angle, puis remettre ses souvenirs en contexte. «Durant la dizaine d’années qu’on s’est fréquentés, ses souvenirs ne sont pas venus dans l’ordre, alors j’ai jonglé avec ce qu’il m’a dit à l’époque, ce qu’il se rappelait de sa propre vie, puisque c’était déjà loin pour lui, et ce dont je me souviens», explique-t-il.
Dans cet ouvrage de 280 pages, l’auteur a pris le pari de passer d’un style à un autre, d’une époque à une autre. «Parfois, il faut qu’on plonge, qu’on se retrouve en 1923, dans une rue de Chicago, au moment où un camion passe et nous frôle. On ne comprendrait pas ce qui se passe si on reste dans notre réalité de 2018», fait-il valoir.
Faire ressortir le bon
Au final, son désir était de faire vivre son oncle à nouveau, dans toutes les facettes de sa personnalité et de la sensibilité qu’il a développée en vieillissant. «L’idée derrière le livre, c’est de dire : à travers tout ça, qu’est-ce qu’il reste? Je ne réhabiliterais pas tous les prisonniers du monde, mais, malgré ce que la destinée a réservé à un homme, il lui reste quelque chose de bon. Quand la vie d’une personne tire à sa fin, ça ressort et ça mérite d’être compris», insiste Dan Gosselin.
Paru le 7 février, Frenchie a été imprimé en 6 000 copies. Son auteur espère aller à la rencontre des lecteurs de la région et de la Vieille-Capitale dans les prochaines semaines, notamment au Salon du livre de Québec.