Un Innu de Mashteuiatsh Shaniss quitte sa réserve et s’installe dans la métropole avec un sympathique Montréalais plein de bonne volonté et de maladresses. Le jeune homme ne sait d’ailleurs pas quel mot utiliser au début pour nommer son nouveau colocataire. «Tout ce qu’il ne faut pas faire, il va le faire!», s’amuse Xavier Huard, metteur en scène et comédien.
«Comme la majorité des non-Autochtones, Christophe ne connaît à peu près rien de la réalité de son futur nouvel ami. On va avancer avec ces deux personnages. On va suivre la quête identitaire de Shaniss, dont le frère est plus traditionnaliste. Comment peut-on se sentir étranger à la fois chez-soi et ailleurs?», raconte-t-il.
Dans les territoires partagés à parts égales de leur appartement, on sent les répercussions du fossé créé par plusieurs siècles de cohabitation difficile. Les deux personnages apprendront pourtant à révéler la beauté de leurs différences, dans un univers qui illustre des préoccupations sociales communes à tous.
Les acteurs de cette pièce en sont aussi les auteurs. Cette création du collectif Menuentakuan, composé d’artistes des Premières Nations et québécois, est née de leur rencontre et a été écrite en s’inspirant de moments vécus.
«Souvent les pièces sur les sujets autochtones abordent des thématiques difficiles, comme les pensionnats. Mais, ce n’est pas très représentatif, car dans la majorité des Premières Nations, une des spécificités culturelles, c’est l’humour. Il est omniprésent. Ce sont des nations qui vont rire énormément. Tout dans cette pièce est abordé avec humour. On est dans la démystification et un théâtre social, mais on entre par le rire», présente Xavier Huard.
De 18h à 19h, le soir du spectacle, une table ronde visant à contribuer au dialogue entre Autochtones et Allochtones se tiendra dans la salle. Tous les détenteurs de billets pour la représentation pourront y assister.
«Non seulement on va présenter notre œuvre, mais le théâtre va être un lieu de rencontre. Pendant quelques heures, on ferme nos écrans et on partage un moment en temps réel avec des gens. Souvent les Autochtones et non-Autochtones vont se rencontrer dans des contextes de tragédie ou de conflit. Quand sont les moments où on peut se rencontrer dans le plaisir et le partage? Quand on le fait, il y a des beaux moments qui se passent et les portes s’ouvrent.»
Afin de faire écho aux thèmes de la pièce, les discussions porteront notamment sur les rapports entretenus entre les deux communautés, sur le rôle de l’art dans la réconciliation et sur l’identité des jeunes Autochtones. Le public présent sera invité à participer aux discussions et un léger goûter sera servi. Les spectateurs pourront également prendre la thé avec les comédiens à l’issue de la représentation.
Muliats, le 26 avril, à L’Anglicane. Table ronde à 18h, spectacle à 20h. Réservations par téléphone au 418 838-6000 ou sur la billetterie en ligne de la salle, billetterie.langlicane.com.