La première année, tout le matériel nécessaire à l’organisation de cette grande journée d’activités avait été loué par Marie-Claude Blanchet, en charge des loisirs au Quartier Sud. Mais à la suite de l’événement, le résident Émilien Cayouette lui a proposé de construire lui-même un hippodrome de bois et de métal.

Point de vrais chevaux galopant dans le grand salon de la résidence, mais une estrade surmontée d’un tableau où courent des fils métalliques. Sur chacun, les chevaux de métal glissent à chaque lancer de dé, selon le chiffre inscrit sur la face immobilisée du cube de couleur correspondant. Laquelle des six montures franchira le plus rapidement le nombre de cases la séparant de la ligne d’arrivée?

Les résidents se sont rassemblés devant la scène au son du signal annonçant le début de la course. L’animateur, vêtu d’une tenue de jockey, donne le départ et la cavalcade commence. Les dés, placés dans un bidon muni d’une trappe et monté sur un support, sont jetés. Grâce à ce système, les six cubes de grandes tailles peuvent être lancés en même temps, sans risque d’être pipés.

Sans en perdre un chiffre 

Nouveauté cette année, une caméra permet de diffuser le lancer sur grand écran, afin que toute l’assemblée puisse voir les résultats à chaque tirage, sans en perdre un chiffre. L’estrade vient elle aussi d’être ajoutée, pour satisfaire les joueurs qui, du fond de la salle, ne pouvaient pas suivre les performances de leur coureur favori. 

Dans une atmosphère fébrile, la foule scrute la progression des destriers avec la plus grande attention. Tous espèrent que leur étoile remportera la course et leur fera empocher les gains. À chaque épreuve, une somme est mise en jeu et partagée entre les gagnants des paris. Au début de la journée, tous les joueurs ont reçu la somme de 150 $, en billets rouge, bleu, jaune, ou vert, spécialement imprimés et estampillés Quartier Sud. 

Au fil des heures, les résidents tentent de multiplier le montant de départ en jouant à la roue de la fortune, à des jeux de précision ou au mini-golf. Ils peuvent ensuite utiliser le fruit de leurs bons coups lors d’un encan chinois, en clôture de la journée. 

D’après un souvenir de vacances

L’hippodrome, les roues de la fortune et le mini terrain de golf sont l’œuvre d’Émilien Cayouette et de son groupe de bénévoles. Ensemble, ils ont commencé à construire les jeux pour l’édition de l’an passé et en ont ajouté cette année. 

C’est d’un souvenir de vacances, qu’est né le projet. «Il y a longtemps, avec les enfants, on était allés dans un camping à La Tuque. Il y avait ces courses. L’idée est partie de ces deux semaines là-bas. De là, ça a cheminé. Je l’ai modifié un peu. Tous les soirs, on jouait aux courses. C’était la mode!»,  évoque-t-il. 

L’homme de 79 ans n’a rien perdu de sa vitalité. D’après une conception de son «cru», la petite équipe a monté la solide structure en bois, reposant sur un croisé à l’arrière du tableau, de 16 pieds de long. Et tout a été pensé dans les moindres détails, même une petite armoire de rangement est incluse dans la charpente. 

Et le projet n’aurait peut-être pas pu voir le jour sans le savoir-faire de son créateur, dessinateur en mécanique de formation. «Ici, toutes les personnes âgées ont de l’expérience dans toutes sortes de domaines. Alors, il faut aller chercher les forces de l’un et les forces de l’autre. Quand on met ça ensemble, il sort des beaux résultats», rappelle Émilien Cayouette. 

Quant aux chevaux, ils ont été peints sur des pièces de métal par une des résidentes, aussi peintre, Lucienne Moreau. Le concepteur les aime beaucoup et a même son préféré, le blanc, parce que c’est le plus beau.