Gilles Lehouillier
Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, s’est dit ouvert par rapport à l’annonce de la Coalition Avenir Québec (CAQ), mais il s’agit désormais d’une dernière chance pour le gouvernement au pouvoir. Il a tenu à réitérer que sa confiance envers la CAQ était à zéro et que celle-ci serait à reconstruire.
«Vous allez voir qu’il y aura de plus en plus une adhésion au gouvernement de la part des intervenants du milieu. On est prêt à aller de l’avant, mais en même temps, attention. Étant donné que la confiance est à son plus bas, on va se faire aussi les chiens de garde. On va suivre ça de très près et s’assurer que la situation évolue de manière positive.»
Le maire de Lévis ne s’est pas retenu de critiquer François Legault dans le dossier et à rappeler l’importance des élus régionaux pour la survie du projet.
«J’ai la conviction profonde que ce sont les députés qui tiennent le projet, incluant Bernard Drainville et Martine Biron. Monsieur Legault est contre le projet, mais là il n’a pas le choix, il a le couteau sur la gorge. Les députés sont en train de lui dire "regarde mon chum, tu vas procéder et on va faire le projet". Mais si jamais le chaos pogne dans cette option de projet-là, Monsieur Legault n’hésitera pas à tirer la plug», a insisté Gilles Lehouillier.
Par rapport à l’emplacement, bien qu’il ait émis quelques réserves, entre autres par rapport à la proximité de Valero et de la Ferme Chapais, Gilles Lehouillier s’est dit tout de même convaincu par rapport aux arguments du gouvernement sur la faisabilité du projet. Il a également proposé que le troisième lien ne soit pas nécessairement axé sur le transport en commun, mais qu’à la place, le pont de Québec devienne exclusivement réservé à celui-ci.
Le premier citoyen rencontrera Geneviève Guilbault la semaine prochaine pour discuter des enjeux liés au lien interrives. Ce sera la première occasion pour lui d’aborder les demandes de la Ville de Lévis, lui qui a mentionné n’avoir jamais été concerté par le ministère des Transports et de la Mobilité durable dans le processus.
Serge Bonin
Dans le cas de Serge Bonin, chef de Repensons Lévis et opposition officielle au conseil municipal, la déception est importante. Il dénonce notamment le manque d’implication des élus de la région dans le dossier, le manque de données et le fait qu’on n’ait pas considérer Valero et la Ferme Chapais.
«L’éléphant dans la pièce, c’est Valero qui est là. Ce sont des tuyaux qui transportent du pétrole, du mazout et de l’essence directement là, dans le transfert du tracé du prolongement du Chemin des Îles. Je ne vois pas comment ça peut être possible. Il y a aussi la Ferme Chapais, des négociations avec les Premières nations, des annonces de logements sociaux, il y a vraiment plein de questionnements et d’embuches sur la Rive-Sud.»
Un autre élément vivement critiqué par Serge Bonin est l’emplacement du pont et son apport pour le transport en commun.
«On parle de gains pour le transport en commun. On s’en va sur le boulevard Hamel à Québec. Qui à Lévis a envie d’aller là le matin? Ce n’est pas là qu’on veut aller. On doit aller sur la colline parlementaire, dans les centres-villes. Je ne comprends pas pourquoi on veut aller là.»
Marie-Josée Morency
Pour Marie-Josée Morency, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL), les mots d’ordre sont ouverture et prudence. En effet, la concrétisation du projet est bien reçue pour la sécurité et le développement économique des entreprises de la région, mais les questionnements par rapport à plusieurs enjeux, comme la Ferme Chapais et Valero, oblige Marie-Josée Morency à demeurer vigilante.
«Il y a des élections (provinciales) qui s’en viennent dans un an. Est-ce que c’est encore un projet d’élection? Ça on n’en veut pas, on veut un engagement ferme. Sérieusement, si on veut qu’il y ait une adhésion, que nos entrepreneurs et nos citoyens suivent, il va vraiment falloir qu’ils se commettent», exprime Marie-Josée Morency.
Elle déplore tout de même le manque d’ouverture de Geneviève Guilbault à travailler avec les chambres de commerce et mentionne avoir tenté à plusieurs reprises, en vain, de s’asseoir avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable pour discuter du projet.
Coalition de l’Est
De son côté, la Coalition de l’Est, créée pour militer pour un troisième lien à l’Est, est déçue de ne pas avoir été écoutée par rapport au besoin d’un lien interrives à l’Est.
«On a été évité pour la rencontre avec Geneviève Guilbault et non pas invité. Ça nous déçoit beaucoup parce que ça ne rencontre pas les objectifs qu’on avait, dont le développement économique de l’Est, qui est important. La confiance est fortement ébranlée», ajoute Alain Vallières, directeur de Développement économique Bellechasse et membre de la Coalition de l’Est.
Le groupe n’est d’ailleurs pas convaincue que la CAQ réussira à mettre ce projet à terme.
Non au troisième lien
La coalition nationale Non au troisième lien s’est indignée du choix de corridor retenu par la CAQ en mentionnant que c’était «un gaspillage d’argent qui n’offrait aucune solution aux enjeux de mobilité de Québec et Lévis».
«Tout le monde est perdant dans le projet présenté aujourd’hui! L’analyse de la CDPQ est claire: on va gaspiller plus de 10 milliards pour empirer les temps de déplacement. Et même si le projet ne se fait jamais, on aura englouti près de 100 millions dans des études et démarches qu’on sait inutiles. Dans le contexte fiscal actuel, c’est délirant», explique Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville et porte-parole de la Coalition Non au troisième lien, par voie de communiqué.
Éric Duhaime
Quant à lui, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, dénonce le manque de sérieux du gouvernement et condamne un nouveau mensonge dans le dossier du troisième lien.
«Le cha-cha-cha de la CAQ se poursuit, déplore Éric Duhaime par voie de communiqué. Un pas à l’Est, un pas à l’Ouest, on descend en dessus du fleuve, on remonte, on retourne à l’Est, on arrête tout et on recommence. C’est un autre clou dans le cercueil de la crédibilité du gouvernement.»