«J’ai toujours écrit pour, au fond, digérer. La littérature sert beaucoup d’appareil de digestion pour tout ce qu’on trouve d’inacceptable ou ce qui nous dérange dans l’univers. Depuis le début de l’humanité, ce sont toujours les pires problèmes qui se retrouvent dans les œuvres. Par exemple, après la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu beaucoup de romans sur la Shoah», explique d’emblée Jean-Jacques Pelletier sur ce qui l’a poussé à créer son nouveau roman.
On tue… suit pour une troisième fois les péripéties de Henri Dufaux, un inspecteur-chef de police. Ce dernier fait face à une série de «meurtres pédagogiques» commis afin que la société réfléchisse au traitement qu’elle réserve aux animaux. Dufaux devra ainsi trouver qui est derrière un mystérieux foyer clandestin pour personnes âgées où plusieurs d’entre elles ont été maltraitées à mort ou le meurtre sordide d’un équarrisseur, éviscéré comme un cochon.
En plus, le dossier deviendra rapidement politique puisque pendant ce temps, le premier ministre reçoit des lettres privées l’intimant à adopter des lois pour l’environnement. En plus d’enquêter sur ces crimes, Henri Dufaux a un enquêteur des affaires internes sur son cas et il comprend petit à petit que l’auteur des atrocités entretient une vendetta personnelle contre lui.
Population animale et écoterrorisme
Grâce à sa nouvelle œuvre, Jean-Jacques Pelletier a pu aborder une problématique qui le préoccupe énormément : l’effondrement des populations animales. «Toutes les statistiques qui se retrouvent dans On tue... sont véritables. Pour vous démontrer l’ampleur du problème, je vous citerai une statistique que je n’ai même pas utilisée dans ce roman. 95 % de la population animale mondiale sont des animaux d’élevage», illustre l’auteur lévisien.
Déjà abordé dans son précédent livre de la série Dufaux, Deux balles, un sourire, l’écoterrorisme est l’un des thèmes du nouveau livre de Jean-Jacques Pelletier. Un mouvement qui prendra de l’ampleur selon l’écrivain en raison de l’urgence climatique. D’ailleurs, dans une bien moindre mesure et dans un registre non violent (occupation de restaurants servant de la viande ou de porcherie), l’actualité québécoise des dernières semaines semble bien lui donner raison.
«Ça va nécessairement faire ça. Il y a deux mouvements qui vont se nourrir. D’un côté, il y aura les dénégateurs (de l’urgence climatique), qui vont être de plus en plus forts. Et à l’inverse, il y aura les autres qui vont dire : ‘‘Ils ne comprennent pas, on va leur faire comprendre’’. Par exemple, dans un pays où il n’y a pas d’évolution politique, un moment donné, ça saute», affirme-t-il.
D’ailleurs, comme l’environnement est la question du siècle, Jean-Jacques Pelletier traitera de nouveau ce sujet dans son prochain roman, sur lequel il planche actuellement.
«J’aborderai ce sujet d’un point de vue plus global, en me demandant à qui profite (l’inaction face à l’urgence climatique). Qui travaille à ce que ça n’avance pas? Quelles sont les forces en jeu? Aussi, je ferai un inventaire des réactions des gens face aux problèmes de l’environnement», conclut avec un voile de mystère l’auteur lévisien.