Le milieu communautaire de la région déplore que le ministère de la Santé et des Services sociaux implante un projet en parallèle avec le travail des organismes communautaires plutôt qu’en partenariat avec ces derniers. «Ce qu’on décrie, c’est que le ministère fait fi du professionnalisme des travailleurs du secteur communautaire, qui ont déjà cette expertise-là depuis plusieurs années», soutient Murielle Létourneau, directrice de la TROCCA.
Rappelons que le réseau d’éclaireurs vise à recruter des intervenants sociaux et communautaires qui iront à la rencontre des personnes plus vulnérables afin de leurs offrir des services et du soutien, notamment en santé mentale et psychologique.
Les organismes communautaires de la Chaudière-Appalaches craignent plutôt que le Réseau des éclaireurs puisse recruter les intervenants qu’ils emploient pour une mission similaire à celle qu’ils proposent. Également, la directrice de la TROCCA s’inquiète que la population se détache des services qu’offre le milieu communautaire si une nouvelle offre parallèle à la leur peut être mise sur pied.
«On voudrait une participation des groupes communautaires à l’implantation du réseau des éclaireurs pour justement éviter les dédoublements», indique Mme Létourneau.
Ajoutons que les organismes régionaux croient que les balises du Réseau des éclaireurs ne tiennent pas compte de la réalité de ce qu’ils constatent sur le terrain. «Il y a une problématique puisqu’au lieu de partir du besoin de la population, ça part de balises imposées par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ça ne veut pas dire que les besoins d’une région comme Montmagny-L’Islet, par exemple, sont les mêmes qu’à Baie-Comeau», déplore la directrice de la TROCCA.
Miser sur la force de chacun
La représentante des groupes communautaires souligne néanmoins que le Réseau des éclaireurs est une initiative importante pour le milieu, mais que son implantation n’est pas tout à fait adéquate.
«On souhaiterait faire en sorte que l’action soit commune et qu’on puisse répondre aux besoins selon leur émergence, explique Murielle Létourneau. Est-ce que c’est vraiment la meilleure solution? Nous, ce que nous souhaitons, c’est de trouver la meilleure solution pour qu’on puisse répondre aux besoins des gens, que ce soit simple pour eux d’avoir des services et que l’expérience des organismes communautaires soit reconnue à sa juste valeur.»
Ainsi, la TROCCA, la TROCASM et l’Inter CDC de Chaudière-Appalaches prévoient reprendre les discussions avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches d’ici la fin de l’été afin de pouvoir établir des barèmes qui prendront en compte l’expertise des organismes communautaires et qui prôneront un travail collaboratif entre le milieu communautaire et le ministère.