Mandaté par la Ville de Lévis, le Conseil de bassin de la rivière Etchemin (CBE Etchemin) a tenu une rencontre d’information, le 26 avril, afin de faire un portrait de la situation aux riverains du lac Baie d’Or. Si des spécialistes du CBE Etchemin ont pu présenter certaines pistes de solution pour ralentir la transformation de ce lac artificiel de Pintendre en marécage, la majorité des citoyens présents espère éviter un tel scénario.
C’est plus d’une cinquantaine de citoyens qui ont pris part à la rencontre. Dans le cadre du mandat octroyé par la Ville de Lévis, le CBE Etchemin a vulgarisé les études commandées dans les dernières années par la municipalité sur la situation du lac Baie d’Or.
Malgré diverses actions menées depuis 2000, soit un dragage, la création d’un bassin de sédimentation à l’intersection des deux branches qui alimentent le lac, l’installation d’un système d’aération et d’une fontaine en surface (NDLR : qui ne fonctionne plus), le raccordement de 29 résidences au réseau d’égout municipal et la plantation de bandes riveraines dans la zone agricole se trouvant en amont, la directrice adjointe du CBE Etchemin et bachelière en génie des eaux, Zineb Bennani, a souligné que différentes études concluaient que le lac Baie d’Or n’était plus en santé.
«Il y a deux problématiques dans le lac. Il y a une charge externe, en raison du phosphore et des matières en suspension, qui provient du bassin versant du lac. Et il y a une charge interne, avec des espèces envahissantes, un manque d’oxygène en raison de la pollution, le PH du lac est alcalin, le lac est peu profond et il y a une remise en suspension des sédiments. La qualité de l’eau est très mauvaise dans le lac», a résumé Mme Bennani.
Par la suite, Sylvio Demers, hydrogéomorphologue à la firme Rivières, a ensuite expliqué que le processus observé depuis quelques années par les riverains du lac Baie d’Or était naturel. L’afflux de sédiments dans le lac va transformer au fil des années le plan d’eau en milieu humide.
«Quand on creuse un trou dans la nature, il va finir par se remplir. […] C’est en train de devenir un cour d’eau qui est en train de se réparer», a illustré M. Demers, tout en rappelant que le lac Baie d’Or a été créé en 1960 à la suite de l’exploitation d’une sablière pour la construction de l’autoroute 20.
Trouver des solutions
La transformation du lac qui se trouve près de leur résidence en milieu humide n’a toutefois pas réjoui la majorité des citoyens présents lors de la rencontre d’information à l’Édifice Gérard-Dumont. Après que plusieurs citoyens ont critiqué les agriculteurs pour les apports de phosphate dans le lac ainsi que la Ville de Lévis «pour son manque d’action» dans le dossier, certains propriétaires présents ont soulevé la possibilité qu’un nouveau dragage du lac soit réalisé ainsi qu’un nettoyage de ses berges.
Toutefois, Sylvio Demers, Véronique Dumouchel, la directrice générale du CBE Etchemin, et certains citoyens ont rappelé que le dragage impliquait un investissement financier important. De plus, ils ont aussi souligné qu’une telle opération nécessite un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement et que les chances d’en obtenir un pour réaliser des travaux dans le lac Baie d’Or étaient faibles.
Après qu’un citoyen a proposé des mesures pour capter les sédiments en amont du plan d’eau, Sylvio Demers a proposé trois pistes de solution, soit de contrôler l’usage des fertilisants, réaliser des aménagements hydro-agricoles et renaturaliser les berges. L’hydrogéomorphologue de la firme Rivières a cependant précisé que les citoyens allaient devoir convaincre les agriculteurs en amont qui devraient concrétiser ces mesures, «comme elles vont au-delà des normes exigées». Mais pour Sylvio Demers, ces mesures ne retarderaient que l’inéluctable.
«Même si vous mettez en places les actions proposées, le lac Baie d’Or va devenir un marécage comme le disait un spécialiste rencontré par Le Soleil il y a quelques mois. Vous ne pouvez que ralentir le phénomène», a-t-il affirmé.
À la suggestion de Véronique Dumouchel, les citoyens ont décidé de créer un comité de riverains. Ce dernier pourrait notamment proposer des projets à la Ville de Lévis dans le cadre de son fonds vert.