La bonté. Un mot qui a traversé des décennies, porté par les religieuses de Jésus-Marie. Celles qui poursuivent la mission, débutée sur la rive sud du Saint-Laurent par six sœurs arrivées en 1855, ont fêté les 200 ans d’existence de leur congrégation, le 3 septembre, avec une messe et une fête familiale.
L’héritage spirituel de la fondatrice de la Congrégation des religieuses de Jésus-Marie est toujours au cœur de l’enseignement deux siècles plus tard, raconte Sœur Yvette Rioux, la directrice de l’établissement.
Au Collège Dina-Bélanger, la pédagogie «de prévention» repose sur la bonté, chère à Claudine Thévenet. Elle disait qu’«il vaut mieux être présente, que d’avoir à punir. Parce qu’il ne faut pas punir beaucoup. C’était son idée», rappelle Sœur Yvette Rioux, avant de prévenir. «Mais c’est une bonté exigeante.»
«Quand on exige des élèves, on leur fait confiance. Ne rien leur demander, serait leur dire qu’ils ne valent pas grand chose», confie la religieuse. Aujourd’hui encore, les sœurs appliquent les principes transmis au fil du temps.
Les jeunes ont changé, la société aussi. Entre réformes et exigences ministérielles, le Couvent Saint-Michel, devenu le Collège Dina-Bélanger en 1988, tente de «préparer les jeunes pour la vraie vie».
Avec la volonté de garder les élèves au centre des préoccupations, la directrice veut s’adapter aux évolutions sociales et aux changements dans les mentalités. Déjà, le collège avait subi plusieurs transformations, passant d’école moyenne familiale à école ménagère supérieure, pour finalement prendre le statut d’école privée avec l’arrivée des polyvalentes.
Expliquer et comprendre
Dès les débuts de l’établissement en 1865, l’emphase n’est pas mise sur l’apprentissage par cœur des savoirs. Les enseignements cherchent plutôt à expliquer et faire comprendre. La pédagogie mise en pratique par les religieuses nouvellement installées au Québec vient de Lyon en France, où la communauté était née au début du 19e siècle. La fondatrice accueillait des petites filles pauvres pour les former, afin de gagner leur vie en tissant la soie, le métier le plus commun dans la ville en ce temps.
Lorsque les six religieuses de la congrégation arrivent à Pointe-Lévy en 1855, elles sont accueillies par le curé Joseph-Honoré Routhier, qui veut donner une chance aux filles de poursuivre leurs études.
Une vie à part
Dès janvier 1856, elles ouvrent les classes et c’est en 1865 que le Couvent Saint-Michel est fondé. À l’époque, les familles, même les plus modestes, de partout dans la région y amènent leurs filles, offrent de la nourriture pour payer la pension et leur permettre d’étudier dans l’établissement.
Les parents pensaient qu’en confiant leurs enfants au pensionnat, elles auraient quelque chose de plus, car «le pensionnat jouait un très beau rôle», retrace Sœur Yvette Rioux. Une vie à part, où les petites pensionnaires côtoient les plus grandes, et voient le premier garçon arriver en 1973.
Fermé en 2008 faute de personnel pour assurer son fonctionnement, le pensionnat a accueilli jusqu’à 80 élèves, avec une moyenne autour de 60. Avant de cesser ses activités, une vingtaine de jeunes y résidait.
C’est plutôt l’école qui a grandi d’année en année avec l’ajout du secondaire 3 en 1988 et du secondaire 4 et 5 depuis quelques années. Il y a présentement 270 élèves inscrits au collège, un nombre que sa directrice veut maintenir raisonnable pour préserver l’esprit de famille, donner une place à chacun et soutenir les élèves en difficulté.
Le collège porte le nom de Dina Bélanger, enseignante de musique au sein de l’établissement au début du 20e siècle et béatifiée en 1993.