À la suite de la publication d’un nouvel article, cette fois par Radio-Canada, sur les conséquences possibles du manque d’effectifs ambulanciers sur le territoire lévisien, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, a demandé, les 18 et 19 novembre, au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) «d’agir promptement» pour ajouter une ambulance supplémentaire à Lévis.
«Je ne comprends pas pourquoi nous avons si peu d’ambulances comparativement à des villes québécoises ayant sensiblement le même nombre d’habitants que Lévis. Je ne comprends pas cette situation alors que notre population augmente chaque année et le nombre de demandes pour des transports ambulanciers est également en hausse», a déclaré le maire de Lévis, en marge d’une conférence de presse le 19 novembre.
La société d’État a récemment rapporté les circonstances entourant le décès le 24 mai de Monique Labrecque, une résidente de Pintendre.
Dépêchées à la résidence de la Lévisienne, deux ambulancières ont dû quitter les lieux alors qu’elles venaient à peine d’arriver. Cette équipe a alors été déployée ailleurs pour répondre à un cas jugé plus prioritaire. Une autre ambulance a pu se rendre à la résidence près d’une heure après que le conjoint de Mme Labrecque ait téléphoné au 911. Cependant, alors que les ambulanciers déplaçaient la dame de son lit à la civière, cette dernière est tombée en arrêt cardiorespiratoire et elle est ensuite décédée.
Rappelons également que dans son rapport sur la mort d’Hugo St-Onge dévoilé en juillet, la coroner Julie Langlois avait également pointé du doigt la problématique des effectifs ambulanciers sur le territoire de Lévis. Soulignons toutefois que M. St-Onge est décédé en 2017, soit un an avant qu’une troisième ambulance puisse être déployée la nuit à Lévis grâce à l’ajout de 168 heures de service (une ambulance disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7).
Le bureau du coroner a récemment annoncé qu’il ouvrira une enquête sur la mort de Monique Labrecque. Cette décision a notamment été saluée par Dessercom, l’entreprise offrant les services ambulanciers à Lévis.
«La population de Lévis mérite d’être traitée sur le même pied d’égalité que les villes de même taille au Québec. L’ajout des huit heures de service par semaine, présentement à l’étude par le ministère de la Santé et en réponse à une récente lettre ouverte des paramédics sur le sujet, est une insulte envers la population lévisienne. Notre demande est claire et depuis longtemps : il est impératif d’ajouter plus de 200 heures de service à Lévis, soit une hausse de 25 % d’ambulances sur le terrain», a martelé Maxime Laviolette, le directeur général de l’entreprise lévisienne.
Le CISSS-CA donne des explications
Si il n’a pas voulu commenter directement le cas de Monique Labrecque puisqu’une enquête du bureau du coroner sera notamment menée sur les circonstances de son décès, le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) affirme qu’il a déposé une demande au MSSS pour qu’une ambulance soit ajoutée sur le territoire lévisien.
Cependant, l’un des critères exigés par les autorités provinciales n’est actuellement pas respecté. Québec demande que le taux d’utilisation clinique des ambulances pour un secteur, soit le temps entre le moment où l’appel d’urgence est reçu et la libération des paramédics de l’hôpital, soit de 90 % avant d’autoriser l’ajout d’heures de service. À Lévis, pour la période 2019-2020, ce taux atteignait 75,5 %.
Si Lévis peut compter sur un service de premiers répondants (pompiers) qui se déploie en moyenne en cinq minutes, le CISSS-CA a cependant demandé au MSSS, dans son rapport sur l’amélioration des services préhospitaliers d’urgence en Chaudière-Appalaches déposé en juillet, d’ajouter une ambulance sur le territoire lévisien (présente 24 heures sur 24, 7 jours sur 7).
«Si on n’atteint pas le critère du 90 %, nous avons demandé cet ajout de 168 heures de service avant d’atteindre à Lévis ce taux dans une vision à long terme. La population lévisienne continue d’augmenter et le nombre d’appels dans ce secteur, lors de chacune des deux dernières années, a augmenté en moyenne de 10 %. Également, nous planifions les services préhospitaliers d’urgence dans une vision régionale. Avec de nouvelles ressources, on pourra faire du déploiement dynamique, soit d’envoyer des ambulances dans d’autres secteurs de la Chaudière-Appalaches si des besoins se font sentir à certains moments X. Nous travaillons à l’amélioration. Notre but, c’est d’avoir le meilleur service possible, pas d’empêcher des ajouts d’ambulance», a expliqué Cédric Chouinard, conseiller cadre au CISSS-CA responsable des services préhospitaliers d’urgence.
Soulignons finalement qu’au moment de mettre sous presse, le Journal n’avait pas eu de retour du MSSS.