Un article de journal du 1er juillet 1915 nous raconte la découverte à Lévis en juin 1915 d’un mystérieux dépôt de dynamite près du parc Shaw, site actuel de la Terrasse du Chevalier-De Lévis. À moins d’avis contraire, cette histoire reste, encore aujourd’hui, à résoudre.
Par Claude Genest - Collaboration spéciale
Parmi les nombreux périodiques qui ont existé sur la Rive-Sud de Québec, on retrouve le journal paroissial La Lumière, journal engagé au service de la paroisse Notre-Dame, mais aussi un organe de combat, notamment contre les ravages de l’alcool à Lévis. Le 1er juillet 1915 paraît un article au titre intrigant concernant un «mystérieux dépôt de dynamite».
Le texte raconte qu’en se baladant le soir avec son chien aux abords du parc Shaw, le constable Jacques Guay trouve une boîte enfouie sous terre «contenant cinquante bâtons de dynamite», rien de moins. Fait intéressant, la dangereuse découverte est l’œuvre de son valeureux chien. En effet, marchant tranquillement avec son animal de compagnie, ce dernier se met subitement à aboyer «rageusement» et se dirige à toute vitesse dans les broussailles en faisant des allers-retours auprès de son maître. Intrigué et de guerre lasse, son maître se convainc de le suivre afin de constater de quoi il en retourne.
Une fois au cœur des broussailles, le constable Guay constate que la terre a été retournée sur une superficie d’environ un mètre carré. Intrigué, il creuse avec ses mains pour découvrir une boîte. Avant de faire quoi que ce soit, il accourt auprès du chef Marsan et les deux hommes ouvrent le mystérieux colis avec toute la prudence nécessaire. Et c’est là que le chat sort du sac. Comme le raconte le journal, «ils se trouvèrent alors en présence d’une quantité de dynamite qui les aurait certainement pulvérisés si, par malheur, elle avait fait explosion».
Se sentant dépassés par cet événement, ils convoquent sur place un dénommé M. Lemay de la voirie municipale qui, à l’évidence, est davantage habitué à manipuler de la dynamite. Ce dernier sécurise alors le tout dans la réserve de la ville. Comme on doit s’y attendre, les rumeurs s’emballent dans la petite cité d’alors. La Lumière écrit que l’on «fait toutes sortes de suppositions», la guerre en Europe aidant. Pour le journal, «ils sont nombreux ceux qui voient là les agissements d’espions allemands, se préparant à faire quelques mauvais coups à Lévis».
Le mystère reste entier et on informe les «autorités militaires à Québec» et la ville renforce la surveillance de ses travaux publics. On s’assure aussi de donner plus «de protection contre tout attentat à nos principales industries surtout celles de la fabrication des munitions». Outre l’article publié dans La Lumière, Pierre-George Roy raconte ce fait non divers dans ses Dates Lévisiennes sans conclure quoi que ce soit. À Québec, Le Soleil, qui avait rapporté lui aussi la nouvelle le 29 juin, fait allusion aux contrats militaires en cours à Lévis, notamment aux usines Mercier, et parle dans la même édition ainsi que dans celle du 25 juin d’un complot similaire à Windsor en Ontario.
Il apparaît donc que le mystère demeure non résolu jusqu’à ce jour. Qui sait la réponse se trouve peut-être dans des archives oubliées à Lévis ou ailleurs?