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Lettre ouverte - Le Manifeste du pays neuf

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Photo : Gilles Boutin - Archives

04 sept. 2022 08:08

La période électorale et les récentes statistiques qui montrent le recul du français au Canada et au Québec nous pressent à agir. Nous sommes un groupe de citoyens et de citoyennes de différentes allégeances politiques et nous croyons fermement que l’indépendance du Québec est la seule solution pour assurer la survie et le rayonnement du Québec.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires.

Afin d’en démontrer la pertinence et de tenter de remettre ce thème à l’avant-scène, nous avons rédigé le Manifeste du pays neuf. Nous y formulons pas moins de 92 raisons (en clin d’œil aux 92 résolutions de 1834 présentées à l’Assemblée du Bas-Canada par Papineau) de faire du Québec un pays. 

Ce manifeste est le fruit d’une initiative citoyenne et n’est associé à aucun parti politique. Nous devons unir les forces, parce que, comme a dit Bernard Landry, «l’indépendance en soi n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant»!

Nous déclarons donc que le Québec doit devenir et deviendra un pays :

– Parce que le Québec constitue sans conteste une nation à part entière, soit une entité sociale et politique composée de gens d’origines diverses, définie par son histoire, sa langue, son territoire, ses institutions, ses traditions, son économie, ses lois, ses valeurs, son sentiment d’appartenance, son système d’éducation, sa culture, sa littérature, sa musique, son cinéma, son architecture, ses structures politiques, son rapport au monde, ses ancêtres, ses liens sociaux, son attachement au territoire, sa cuisine, son humour, ses références, ses symboles, ses contes, ses croyances, ses gestes, ses rêves, ses défis, ses victoires, ses grands personnages, sa volonté de vivre ensemble et la conscience de son unité; 

– Parce que la souveraineté nationale, synonyme de liberté et de responsabilité, est la chose la plus précieuse qu’un pays puisse avoir;

– Parce que selon le droit international, «tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes»;

– Parce que le patriotisme canadien, qui existe, ne saurait être l’antidote au patriotisme québécois, qui serait soi-disant synonyme de fermeture. Le fédéralisme n’a pas le monopole de l’ouverture. Pour être ouvert sur le monde, il faut se connaître soi-même et s’assumer;

– Parce que ce n’est pas contre le Canada, c’est pour nous. Se bâtir une maison pour vivre en bon terme avec son voisin, ce n’est pas être querelleur, c’est se prendre en main;

– Pour assurer la survie et le rayonnement du français au Québec et dans le monde. Vivre et travailler en français est plus qu’un droit, c’est un devoir. La langue n’est pas simplement un moyen de communication, c’est le pilier d’un peuple, l’un des plus importants éléments d’un univers culturel; 

– Pour devenir le seul pays francophone de toute l’Amérique continentale et le plus vaste pays du monde dont la langue officielle est le français;

– Pour que Montréal ne s’anglicise plus et demeure la seule métropole de langue française des Amériques, alors qu’il y a en Amérique du Nord 40 agglomérations de langue anglaise de plus de deux millions d’habitants, 30 de langue espagnole et 13 de langue portugaise; 

– Parce que «le bilinguisme collectif est une incorporation, une véritable appropriation, comme une première étape avant l’élimination de la langue dominée» (Pascale Casanova);

– Pour défendre notre identité dans un contexte de mondialisation qui uniformise les cultures. La reconnaissance d’une nation est donc en adéquation avec la défense de la diversité; 

– Pour rapatrier tous les leviers de pouvoir qui relèvent actuellement du fédéral : les frontières, les forces armées, l’immigration, le droit criminel, les pénitenciers, la réglementation générale du commerce, les banques, l’assurance-emploi, les droits autochtones, les taxes et impôts fédéraux, les affaires étrangères, les parcs, les télécommunications, les pêcheries, les ponts, le transport fluvial et le contrôle du Saint-Laurent;

– Pour que le Canada anglais, le gouvernement fédéral et la Cour suprême du Canada cessent de remettre nos lois démocratiques en question (p. ex. loi 99, loi 101, loi 21, loi 96);

– Parce que notre poids démographique diminue dans la fédération canadienne, et que, comme la représentation politique y est établie en fonction de la population (Rep by Pop), notre influence au sein du Canada diminue considérablement;

– Pour pouvoir nommer nous-mêmes les juges de la Cour supérieure du Québec, actuellement une prérogative du fédéral; 

– Parce que c’est grâce à nos efforts et à notre résilience que nous avons traversé les siècles, et que, pendant la Révolution tranquille, nous avons réussi à nous prendre en main et à nous affirmer politiquement, culturellement et économiquement, et ce, malgré les tentatives de sabotage (p. ex. par Trudeau père);

– Pour mettre fin au monarchisme et pour ne plus être obligé de faire un serment d’allégeance à la Couronne britannique;

– Pour ne plus avoir à faire un autre mauvais compromis constitutionnel (Acte constitutionnel de 1791, Acte d’union de 1840, Constitution de 1867, Constitution de 1982); 

– Pour abolir le système fédéral des réserves amérindiennes et la loi sur les Indiens en vigueur depuis le 19e siècle; 

– Parce que plusieurs rapports solides, en plus de démontrer la viabilité économique d’un Québec souverain, en démontrent les avantages (le Rapport Bélanger-Campeau, le rapport de Marcel Leblanc et l’étude de Maxime Duchesne dans «Les finances d’un Québec indépendant»);

– Pour cesser de devoir nous battre sans arrêt pour récupérer l’argent envoyé à Ottawa (p. ex. financement des universités, prestations d’assurance-chômage, financement en santé et des résidences pour aînés, subvention canadienne pour l’emploi, etc.); 

– Parce qu’on respecte une personne qui se tient debout, se respecte et s’assume;

– Pour être un pays vert et faire figure de leader à l’international en matière environnementale;

– Pour devenir le 194e État membre de l’Organisation des Nations Unies et avoir des relations diplomatiques avec les autres pays sans la tutelle d’Ottawa; 

– Pour pouvoir signer les différents traités internationaux au nom des intérêts du Québec;

– Pour que nos athlètes puissent représenter fièrement le Québec lors des différentes compétitions sportives internationales, dont les Jeux olympiques;

– Parce que c’est indispensable pour s’émanciper complètement sur les plans symbolique, émotionnel et psychologique;

– Parce que nous ne voulons plus jamais être les factotums de l’Amérique;

– Parce que si on étudie l’histoire du Québec, on ne peut faire autrement que de pencher pour l’indépendance;

– Parce qu’«un pays peut faire tout ce qu’une province peut faire, mais l’inverse est faux» (Jean-Martin Aussant);

– Parce que «comme tous ceux qui ont été colonisés depuis leur arrière-arrière-grand-père, on va nous traiter comme des coloniaux. En tout cas, on risque sans cesse d’être traités comme des coloniaux, c’est-à-dire à la fois par la peur, par l’estomac et par le mépris. C’est à peu près les trois choses les plus classiques qui ont servi partout dans le monde à empêcher les gens de se décider quand ils avaient l’occasion de le faire» (René Lévesque);

– Parce que «pour dire bienvenue aux autres, il faut d’abord être chez soi» (Gilles Vigneault);

– Et pour que chaque citoyen ait la chance, l’honneur et la joie de participer à la fondation d’un pays neuf, libre, beau, légitime et fertile en artistes, en motoneiges et en têtes à Papineau. 

Vous trouverez le manifeste complet avec les 92 raisons en ligne au www.lemanifestedupaysneuf.quebec/. Nous invitons les citoyens qui y adhèrent à y apposer leur signature et à le faire circuler.

C’est le temps, cela suffit! C’est le temps du pays!

Félix Tanguay (professeur de français)

Réjean Lévesque (policier et entrepreneur à la retraite)

Pascale Mailloux-Leblanc (juriste)

François-Noël Brault (candidat du Parti québécois dans Chutes-de-la-Chaudière)

Abdel Faidi (fiscaliste)

Maxime Lawrence (entraîneur de tennis et fondateur de Québec 101)

François Guillemette (traducteur)

Paul Flon (ingénieur à la retraite)

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