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Lettre ouverte - Quand les droits des citoyens sont bafoués

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CRÉDIT : ARCHIVES

01 mars 2021 02:35

Nous sommes un groupe de citoyens résidant aux alentours du nouveau parc canin de Lévis, situé sur le chemin de Charny. Nous voulons nous faire entendre, car nous sommes convaincus que nos droits sont brimés et nous désirons retrouver la quiétude à laquelle nous avons droit.

Tout a débuté le 1er juin 2020, alors que des employés de la Ville de Lévis procèdent à l’abattage de nombreux arbres et arrachent de la verdure pour faire place à un grand stationnement dans notre parc de voisinage. Nous apprenons alors, par ces ouvriers, que notre parc deviendra un parc canin. Ce fût toute une surprise pour nous, puisqu’aucun résident du secteur n’a été informé ni consulté à ce sujet. Nous avons alors remis une pétition d’une trentaine de signatures pour essayer de freiner le projet et d’y avoir un droit de regard. Or, grâce à notre insistance, nous avons finalement eu une réunion, le 9 juin 2020, avec certains membres de la Ville. Cependant, le projet devait aller de l’avant et il n’était pas question d’interrompre les travaux pour trouver des accommodements. Néanmoins, la Ville inclus au projet un beau bloc psychomoteur pour les enfants.

Respect de l’environnement

«À Lévis, l’environnement c’est important. La Ville de Lévis désire devenir une référence québécoise pour la prévention et la protection de la qualité de l’environnement en se dotant d'une Politique environnementale.» Ces deux dernières phrases sont inscrites dans la politique environnementale de la Ville de Lévis. Nous avons des craintes concernant l’eau potable. Par une journée de fin de semaine hivernale, avec une température clémente, le parc canin accueille environ 150 à 200 chiens, selon notre dénombrement. En une semaine, il y a environ 500 visites de chiens. Nous doutons que le sol du parc canin ait la capacité de filtrer tous les nutriments laissés par les chiens, et même, par certains de leurs maîtres. Puisque certains utilisateurs ne ramassent pas les excréments de leur meilleur ami, le terrain en est recouvert à plusieurs endroits. Nous avons des craintes que non seulement le sol du parc devienne contaminé rapidement, mais également que les terrains voisins soient contaminés par les eaux de ruissellement.

Tous les terrains avoisinant le parc possèdent un puits artésien. Nous sommes préoccupés que notre eau potable devienne contaminée à court ou moyen terme. Nos résidences sont munies de fosses septiques et nos installations sont vidangées par la Ville. Nos systèmes sanitaires doivent être conformes au règlement Q-2,r.8 issu de la Loi sur la qualité de l’environnement du gouvernement du Québec, alors pourquoi la Ville ne se préoccupe-t-elle pas de tous ces effets néfastes sur l’environnement? Quant aux odeurs désagréables, à l’automne 2020, le parc était encore peu connu, mais nous pouvions déjà sentir les odeurs qui en émanaient. Imaginez ce que ce sera par les chaudes journées d’été…

Enjeux de sécurité

«À Lévis, la sécurité de la population est cruciale» dit la Ville de Lévis sur son site Web. Le parc canin apporte son lot de questions en ce qui concerne la sécurité. Une fillette et une résidente du quartier y ont été renversées par un gros chien qui n’était pas en laisse près du module de jeux pour enfants. Ajoutons que le chemin de Charny est une route à numéro et la vitesse des automobiles y est élevée. L’entrée du parc se situe dans une zone à visibilité réduite. Les automobilistes arrivant de Charny ont peu de temps pour réagir s’il y a congestion à l’entrée du parc ou s’il y a des voitures stationnées en bordure de rue et que ces dernières ou leurs occupants doivent être évités. Cela peut vous sembler exagéré, mais pour nous qui connaissons le secteur, il est évident que ce n’est qu’une question de temps avant qu’un accident ne survienne. La présence de cyclistes en période estivale augmentera les risques. Nous croyons que le stationnement en bordure de rue doit être interdit pour assurer la sécurité de tous.

Droit à la quiétude

Toujours sur le site Web de la Ville, nous pouvons y lire que «la Ville de Lévis a mis en place une réglementation sur les animaux ainsi qu’une gestion animalière permettant de conjuguer le bien-être des animaux avec la sécurité de la population, la quiétude et la propreté des espaces publics». Depuis l’ouverture de ce parc canin, nous entendons souvent japper entre 7h et 20h. Ces jappements peuvent souvent être entendus à plus d’un kilomètre de distance. Certains résidents entendent même les jappements de l’intérieur de leur résidence lorsque les portes et fenêtres sont fermées. Les cris et sifflements de certains utilisateurs pour interpeller leurs chiens peuvent également être très dérangeants. Tous ces bruits représentent des inconvénients continus et répétitifs pour nous tous, ce qui brime de façon évidente notre droit à la quiétude. Le stationnement du parc jouit d’un service de déneigement de première classe. Il est souvent déneigé plus d’une fois par jour. Nous nous faisons souvent réveiller la nuit (entre 1h et 3h) par les équipements de déneigement. C’est agaçant et la réponse de la Ville l’est autant, en nous demandant de nous y habituer.

Manque de cohérence

La mission de la Ville est de «faire la promotion de la qualité de vie, du mieux-être et de la sécurité de la population». Quelle incohérence! Non seulement ce parc contrevient à la quiétude dont nous avons droit, mais en plus, nous croyons que la sécurité de la population n’est pas assurée.

Plusieurs résidents ont été témoin du non-respect de la règlementation du parc : les chiens sont régulièrement en surnombre (surtout la fin de semaine), certains utilisateurs lancent des bâtons, d’autres laissent leur chien se promener en liberté en dehors des enclos, un chien sans laisse s’est même retrouvé chez un résident et certains chiens jappent continuellement sans qu’aucune intervention ne soit faite. Nous avons acheminé plusieurs plaintes à la Ville et il y a peu ou pas de changements. La Ville réfère au service de police, qui nous répond ne pas pouvoir intervenir. Le service de police réfère à la Ville, qui à son tour, réfère à nouveau au service de police. Finalement, personne n’assure de surveillance. Les résidents sont donc laissés à eux-mêmes et contraints d’endurer ces désagréments récurrents. Au moment où cette lettre a été écrite, il est vrai qu‘il n'y avait aucune surveillance, par contre, depuis une semaine, un surveillant est présent environ 10 heures par semaine. Toutefois, la règlementation ne semble pas être appliquée plus rigoureusement.

En 2017, Monsieur le maire a mentionné, dans une entrevue accordée au Soleil, que «c’est sûr qu’on n’aura pas de parc à chiens dans des parcs de voisinage, où il y a des maisons tout autour». Trois ans plus tard, ce parc se retrouve justement dans notre parc de voisinage, dans un quartier résidentiel.

Selon le règlement RV-2010-09-41 de la Ville de Lévis sur les nuisances, la paix, l’ordre, le bon gouvernement, le bien-être général, la sécurité et les animaux, un propriétaire ayant plus de 3 chiens doit avoir un permis de chenil. «Pour diminuer l’impact du bruit, un chenil doit être situé à une distance minimale de 200 mètres d’un logement, à moins que les chiens soient gardés à l’intérieur d’un bâtiment insonorisé», alors que plusieurs de nos propriétés sont situées à moins de 65 mètres des enclos. Un parc canin ne devrait-il pas être comparé à un chenil?

Depuis l’implantation du parc canin dans notre voisinage, nous suivons de plus près les séances du conseil de la Ville. Nous sommes choqués que la Ville tienne des consultations au sujet de poules urbaines, alors que nous jugeons qu’une consultation pour l’implantation d’un parc canin aurait été plus que nécessaire, par respect pour les résidents. Nous avons aussi certaines frustrations puisque ce parc n’était d’aucun intérêt pour la Ville avant le projet du parc canin. Des parents du secteur avaient déjà fait des demandes d’amélioration du parc pour aménager des jeux pour leurs enfants il y a plusieurs années. La Ville a, au contraire, retiré des jeux au fil du temps, mentionnant que la priorité était davantage déployée pour les nouveaux quartiers en développement. Il s‘agissait d‘ailleurs du seul parc naturel qui était accessible à pied de nos résidences.

En conclusion

Nous ne sommes pas contre les parcs canins, au contraire, nous comprenons que c‘est un besoin collectif, mais ceux-ci ne doivent pas se retrouver dans quelque quartier résidentiel que ce soit. L‘implantation d‘un parc canin doit être réfléchie et structurée. Une revue de l‘actualité révèle que des parcs canins en milieu résidentiel sont sources de tracas. Pourquoi répéter les erreurs que d‘autres municipalités ont déjà commises? Nous souhaitons que nos droits soient respectés et nous désirons retrouver la quiétude dans notre quartier. Nous souhaitons que la Ville prenne action rapidement pour corriger la situation de façon durable. Nous tenons à prévenir les gens de Lévis que la Ville compte implanter éventuellement deux autres parcs canins sur le territoire. Sachez que, tout comme nous, votre parc de voisinage peut se transformer en parc canin sans que vous soyez consultés… Des citoyens qui habitent à proximité du parc canin.

André Beaumont, Daniel Bouchard, Karine Brousseau, Mario Carrier, Claude Després, Steeve Després, Yvon Drapeau, Diane Falardeau, David Landry, Louise Lapierre, Jimmy Lebond, Madeleine Leclerc, Annie Martin, Céline Méthot, Germaine Migneault, Midael Migneault-Bouchard, Miram Migneault-Bouchard, Sylvain Poulin, Martine Roy, Alexandra Samson, Yvon Therrien.

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