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Lettre ouverte - Un an de mépris pour les personnes assistées sociales

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CRÉDIT : ARCHIVES

19 mars 2021 09:50

Une année complète est passée depuis le début de la crise socio-sanitaire due à la pandémie de COVID-19. Pourtant, toujours aucune action n’a été portée par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, pour réellement venir en aide aux personnes assistées sociales qui vivent durement les conséquences de cette crise. L’augmentation du coût des denrées de base, ainsi que l’isolement social grandissant et ses effets sur la santé mentale, affectent de manière disproportionnée les personnes assistées sociales. À cette liste de problématiques s’ajoutent la perte de revenus d’appoint et les difficultés d’accès aux organismes communautaires et aux services publics.

Le ministre Boulet semble peut-être proactif et même débordé par ses projets entourant l’emploi, comme c’est le cas avec la modernisation du régime de santé et sécurité au travail. Toutefois, il reste les bras croisés devant les graves conséquences de la crise sur les personnes en situation de pauvreté et échoue complètement à s’acquitter de son rôle de ministre responsable de la Solidarité sociale. Les différentes mesures prises par le gouvernement ont même parfois plutôt eu comme conséquence de s’attaquer aux plus vulnérables, comme on a pu le voir avec les personnes itinérantes recevant des contraventions pour non-respect du couvre-feu.

Sur le terrain, les personnes assistées sociales disent être découragées par le manque d’aide accordé par le gouvernement. Elles se sentent délaissées et incomprises. Cette attitude de mépris de la part du gouvernement pèse lourd sur ces personnes qui doivent déjà subir la violence économique et les préjugés qui viennent avec le fait d’être prestataires de l’aide financière de dernier recours.

Depuis le début de la crise, les groupes de défense des droits des personnes assistées sociales font pression sur le ministre pour que de réelles mesures soient prises afin de venir en aide aux personnes assistées sociales. Or, le ministre demeure insensible à nos revendications. Nous demandons depuis longtemps que le ministre hausse l’aide financière de dernier recours et accorde le montant maximum à l’ensemble des prestataires, en plus d’augmenter le crédit d’impôt pour solidarité. Le ministre devrait avoir honte de maintenir les prestations à des montants qui correspondent à moins de 50% de la Mesure du panier de consommation (seuil officiel de la pauvreté au Canada), d’autant plus en temps de crise.

Nous demandons aussi au ministre de suspendre temporairement la limite des biens et avoirs liquides permettant d’avoir accès à l’aide financière de dernier recours, en mettant en place un programme d’aide financière d’urgence (PAFU). Cela pour éviter que les chômeur-euse-s pandémiques ayant épuisé l’aide fédérale n’aient à vendre tout ce qu’il-elle-s possèdent s’il-elle-s ne se trouvent pas d’emploi.

Finalement, nous demandons au ministre de promettre publiquement que les personnes ayant touché la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et l’aide de dernier recours simultanément n’auront pas à rembourser les deux montants, mais seulement celui auquel elles n’avaient pas droit. Demander à une personne en situation d’extrême pauvreté de rembourser un montant d’aide sociale, alors qu’elle doit ou devra aussi rembourser la PCU, nous paraît complètement sans-cœur.

Nous espérons que le ministre arrêtera de se mettre la tête dans le sable et remplira enfin son mandat de responsable de la Solidarité sociale en levant toute menace d’une double réclamation de la PCU. Nous espérons aussi qu’une aide financière directe et substantielle aux personnes assistées sociales se retrouvera dans la prochaine mise à jour budgétaire. En attendant, des personnes ont faim et souffrent à cause de choix politiques qui font violence aux personnes en situation de pauvreté.

Jessica Massé, Roxane Blanchet et Éloi Paradis-Deschênes

Association de défense des droits sociaux de la Rive-Sud

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