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Lettre ouverte - Quelle dignité pour les personnes assistées sociales?

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CRÉDIT : ARCHIVES

03 mai 2021 05:59

Les préjugés que nous vivons en tant que personnes assistées sociales font mal. Ils peuvent venir de nos proches, d’inconnus, d’animateurs de radio, de politiciens, des réseaux sociaux, etc. Nous sommes dépeintes comme des fraudeuses, des lâches ou des personnes qui font le choix de ne pas travailler et d’être à l’aide sociale.

Être à l’aide sociale, c’est loin d’être un choix. Souvent, on fait face à un marché de l’emploi qui nous ferme ses portes, malgré toute notre bonne volonté et toutes les démarches qu'on fait pour l'intégrer. Plusieurs d’entre nous sont considérées aptes à l’emploi alors que nous sommes malades ou que les aléas de la vie font en sorte qu’on ne peut pas travailler pour le moment. Être considérées aptes à l’emploi, ça veut dire recevoir seulement 708 $ par mois. Comment continuer de payer notre logement et notre nourriture, en plus d’assumer les coûts reliés à la recherche d’emploi (transport, impressions de CV), avec un montant aussi dérisoire? Et l’accès à Internet chez nous? On oublie ça.

Nous faisons aussi face à énormément de contrôle de la part du ministère. D'un côté, tout est fait pour que les personnes ne restent pas longtemps dans ces programmes si elles ont d’autres choix. Pour les personnes qui restent, c’est la pauvreté, la surveillance et le manque de confiance de la part du ministère. Cela nous maintien dans un climat de méfiance, d’anxiété et de peur. D’un autre côté, l’aide sociale rend parfois difficile la transition entre ses programmes et l’emploi : limite de gains de travail permis, démarches administratives compliquées si nous voulons faire un petit travail autonome, etc.

Pourtant, tout le monde veut se réaliser. Tout le monde veut faire quelque chose de sa vie. C’est un besoin de base. Nous aussi, les personnes assistées sociales, nous contribuons énormément à nos collectivités. Nous sommes bénévoles, proches aidantes, militantes, artistes. Nous nous impliquons dans des lieux qui respectent nos capacités et nos compétences. Il y a de la place pour tout le monde dans la société, tant qu’on se donne les moyens et la chance de favoriser la participation de tous et toutes. On le sait, la pauvreté est un énorme frein à la participation sociale. Pourtant, nous sommes bien plus riches collectivement lorsque tout le monde mange à sa faim.

En cette 48e Semaine de la dignité des personnes assistées sociales, il nous paraît clair que c’est très difficile d’atteindre un sentiment de dignité lorsqu’on est prestataire. L’aide sociale et la dignité, c’est deux concepts opposés. C’est pourquoi, avec le Front commun des personnes assistées sociales du Québec, nous revendiquons l’instauration d’un revenu social universel garanti. En tant que société, nous devons viser à éliminer la pauvreté et permettre à tous et à toutes de pouvoir contribuer à son plein potentiel. C’est ce qu’un tel revenu nous permettrait, et bien plus.

Les militant.e.s de l’Association de défense des droits sociaux de la Rive-Sud

 

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