Un important déploiement policier coordonne la gestion des détours sur le réseau routier de la région de Québec. C’est le sujet de l’heure dans les médias! Même une navette par hélicoptères est en place pour éviter des retards au travail... et par la même occasion offrir une rapidité de déplacement qui surpasse les attentes des automobilistes. Des attentes que l’on sait d’ailleurs plutôt exigeantes, à force de les entendre partout et si souvent répétées.
Pas de bateau cet automne
On apprend au détour d’une conversation, ou sur le petit babillard du bateau, qu’il y aura une grève des traversiers pour quatre jours, début novembre, ce qui va interrompre le service à une période de l’année où les journées passent vite, notamment parce que la pression au travail est palpable et que les heures d’ensoleillement sont réduites.
Les gouvernements, tant provincial que municipal, n’ont que faire des quelques piétons et autres usagers de la Société des traversiers du Québec (STQ), qui devront alors s’adapter pour atteindre l’autre rive de quelque autre façon que ce soit. Aucune mesure ni ressource n’est prévue ni annoncée en grande pompe. Aucun affichage sur les autoroutes à Montréal n’est nécessaire cette fois pour aviser qu’une liaison entre rive sud et rive nord sera «difficile».
En fait, cette liaison sera tout simplement impossible pour quelques jours. Aucun déploiement policier n’est requis cette fois-ci. Mais surtout, aucune mesure d’adaptation n’a été prévue pour «faciliter les déplacements» des piétons. Pas question ici d’offrir un quelconque incitatif à prendre le transport en commun, par l’ajout d’un titre avantageux ou d’une réduction des tarifs par exemple, comme ce fut le cas pendant l’été. Au contraire! Ce sera aux piétons de s’adapter, et d’ajuster tant leur budget que leur temps consacré au transport.
Le politique s’en fout des piétons!
e le vois bien, encore une fois, combien le politique se fout des gens comme moi qui, à l’aube des 35 ans, ont fait le choix du transport actif et qui ne souhaitent pas posséder de voiture. Oui, je soutiens la grève comme moyen de pression pour améliorer les conditions des travailleurs et travailleuses; ceux et celles de la STQ méritent d’ailleurs de bonnes conditions, puisque qu’ils et elles assurent un service qui est essentiel. Cette liaison par bateau est aussi essentielle pour moi que sont les ponts pour les automobilistes de la région de Québec.
Voici trois jours de travail sans possibilité d’utiliser le traversier que j’aurai eu à assumer seul, sans soutien ni considération des instances politiques et administratives.
C’est à se demander : au sein de ces instances, a-t-on seulement conscience que des citoyens ne possèdent pas de voiture? Alors que pendant ces trois jours sans possibilité d’utiliser le traversier, la distance parcourue pour atteindre mon lieu de travail fut allongée, que mon temps de déplacement fut de trois voire quatre fois plus long, que j’ai vécu les défis et limites du transport en commun, que mes dépenses pour mes déplacements ont plus que doublées ce mois-ci, et qu’en plus le politique ne semble pas plus pressé qu’il faut pour régler le conflit de travail à la STQ, je constate bien que le piéton que je suis ne pèse pas aussi lourd que l’automobiliste dans la balance des choix politiques.
Dommage, puisque disons que pour le peu que j’en coûte et que j’en coûterai à la société, toute ma vie durant comme personne active et peu polluante, c’est plutôt minime. Je m’attendrais à un peu plus de considération.
Pour en finir avec la pensée unique d’automobiliste!
Espérons que cette considération du politique pour la mobilité durable (et active) se traduira enfin par de réelles mesures - autres que celle du 3e lien s'il-vous-plaît! - qui pourraient être annoncées en marge de la COP26.
Finissons-en donc une fois pour toute avec la pensée unique d’automobiliste, pour qu’enfin le piéton que je suis n’ait plus à payer seul le prix des choix électoralistes et du manque de considération politique. J’en ai assez pris sur mes épaules et assez souffert, notamment en termes de danger et d’insécurité aux abords des boulevards.
Frédéric Côté
Résident du Vieux-Lévis