Charlotte (nom fictif) est l’une des Québécoises qui peut profiter de l’exemption de porter le masque dans les lieux publics, en raison de sa condition médicale. Depuis juillet 2020, ce droit s’est transformé en chemin de croix pour la Lévisienne qui fait face à plusieurs refus dans des commerces de la région.
Souffrant de troubles anxieux et d’épilepsie, Charlotte a rapidement contacté son médecin de famille afin d’obtenir un billet médical pour justifier l’exemption au port du masque obligatoire, en juillet 2020. Rappelons que les personnes exemptées de cette obligation pour une raison médicale n’ont pas à présenter d’attestation médicale aux commerçants.
Davantage rassurée d’avoir en main un billet médical, Charlotte croyait donc qu’elle n’allait pas avoir de difficultés à faire accepter son droit de ne pas porter de masque. C’est toutefois tout le contraire qui s’est produit.
À plusieurs reprises, elle s’est vue refuser l’accès à des restaurants en raison de sa demande de ne pas porter de masque. Même que dans une épicerie de la région, elle a dû quitter le commerce après que le gérant l’a autorisé à y accéder sans masque, son équipe éprouvant finalement un malaise.
«Je ne suis pas une complotiste, je suis doublement vaccinée et je fais toujours très attention. J’ai l’impression de payer pour des gens qui n’ont pas de condition médicale permettant de profiter de l’exemption prévue dans le décret gouvernemental. On dirait que le gouvernement a tellement fait peur aux commerçants (quant aux conséquences applicables si le port du masque n’était pas respecté) qu’ils ne veulent prendre aucun risque», a déploré Charlotte, lors d’une entrevue avec le Journal le 26 octobre.
Le parcours du combattant
Traumatisée par ces nombreux refus, la Lévisienne multiplie désormais les démarches afin de s’assurer que son droit de ne pas porter le masque en raison de sa condition médicale soit respecté avant qu’elle ne se déplace dans les commerces. En ce qui a trait aux restaurants, elle appelle désormais au siège social des chaînes où elle désire aller manger afin de s’assurer que les dirigeants rappellent à leurs employés les détails du décret gouvernemental portant sur les exemptions.
«Depuis que j’ai dû quitter l’épicerie en raison de mon refus de porter le masque, je n’ai pas osé y retourner. Je ressens de plus en plus de la colère et du stress face à la situation. Je suis tanné de voir mon chum devoir aller faire l’épicerie parce que je ne peux pas profiter de mon droit à ne pas porter le masque. J’aimerais le délester de cette tâche. J’aimerais également que les gens aient davantage d’ouverture. Il y a des gens qui ne portent pas le masque dans des commerces ou des institutions pour de bonnes raisons. Mais quand on voit une personne sans masque, on pense aussitôt que c’est une personne réfractaire aux mesures sanitaires», a soutenu Charlotte.
Appel à l’ouverture
Invité à réagir à la situation de Charlotte, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a tenu à rappeler que des citoyens pouvaient profiter d’une exemption dans certains cas médicaux.
«Une personne n’a pas à nommer la condition qui l’empêche de porter un masque. Elle n’est pas obligée de présenter un billet de son médecin. Ce n’est pas aux exploitants des lieux de déterminer si l’exemption est légitime ou non. L’exploitant devrait permettre l’accès aux lieux en rappelant les autres mesures comme le lavage des mains et la distanciation de deux mètres. Nous invitons les exploitants à faire preuve d’ouverture auprès des personnes ne pouvant ou étant dans l’incapacité de porter un masque pour des raisons médicales», a déclaré Marjorie Larouche, l’une des porte-paroles du MSSS.
Du même souffle, Mme Larouche a aussi souligné que le ministère recommande aux personnes qui ne peuvent pas porter le couvre-visage à cause d’une condition médicale et aux personnes qui refusent de porter un couvre-visage de limiter leurs déplacements et d’éviter les lieux publics intérieurs ou partiellement couverts et les transports en commun afin de réduire les risques.