dimanche 20 juillet 2025
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Espace culturel du Quartier Saint-Nicolas

Le pouvoir réparateur de l’art dans l’œuvre de Sylvie Lavoie

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La voix de l’artiste accompagne les visiteurs dans ce parcours de guérison. - Photo : Ariane Lebeau

20 avr. 2023 09:23

Exposition installative multidisciplinaire de l’artiste Sylvie Lavoie, Les transmissions silencieuses abordent les traumas qui se transmettent de génération en génération, la violence faite aux femmes, la réparation et la transformation. Son travail est à découvrir jusqu’au 11 juin, à l’Espace culturel du Quartier Saint-Nicolas.

Par Aude Malaret

Parce que les drames se répètent d’une génération à l’autre, Sylvie Lavoie veut libérer les suivantes et ne laisser aucune trace des blessures grâce à son travail artistique, qui est aussi pour elle «un chemin de transformation». «Chaque morceau que je récupère vient, chaque fois, dissoudre les traces du passé», dit-elle dans l’audioguide qui accompagne l’exposition.

Dans ses œuvres, Sylvie Lavoie parle des violences faites aux femmes. «Mon dada, celui sur lequel je travaille toujours même si les formes d’expression changent, c’est lié aux chemins de réparation, de guérison et de transformation des traumatismes qui se perpétuent de génération en génération, se transmettent et continuent d’être transmis, même si on ne veut pas.»

Les transmissions silencieuses se vivent comme un parcours en trois temps. D’abord, le visiteur rencontre les femmes de la lignée de l’artiste. «La première partie est constituée de photos géantes imprimées sur un tissu transparent et fluide. Au cours de mes recherches, j’en fais depuis 15 ans, j’ai remonté 16 générations des femmes de ma lignée. J’étais très curieuse de savoir qui était ma mère, qui elle était. Ces photos représentent ce que j’appelle les ‘‘transmissions silencieuses’’», partage Sylvie Lavoie.

Dans la deuxième partie de l’exposition, le visiteur est face à un empilement de vêtements qui débordent d’un garde-robe. «Ces vêtements, je les ai recueillis dans une démarche d’art relationnel où j’ai rencontré des femmes à qui je racontais mon projet, ce que je voulais faire avec leurs vêtements. Elles étaient touchées, pas nécessairement parce qu’elles avaient vécu de la violence, mais parce qu’elles voulaient contribuer au projet. Tous ces vêtements représentent des parts de nous qu’on a mises de côté ou rejetées pour survivre à la violence. Justement, le chemin de réparation, c’est rapatrier ces morceaux de nous qui sont comme des trésors qu’on a mis de côté», explique-t-elle.

Ce parcours, Sylvie Lavoie l’a bâti comme un rituel. Après l’émergence et la transformation, chacune est invitée à poser un geste à la fin en se prenant en photo. Ce que l’artiste a voulu, c’est créer une action. «J’invite les femmes à se photographier dans une posture de reine. Pour moi, c’est retrouver son pouvoir personnel et se réaffirmer dans une posture renouvelée», affirme-t-elle.

Cette plongée dans le passé fait émerger des histoires, invite à les reconstruire, propose un chemin de guérison et le donne à voir sous forme d’exposition. Les transmissions silencieuses invitent ainsi le public à un dialogue constructif sur le pouvoir réparateur et transformateur de l’art sur la société. «L’art, ce n’est pas dans la tête. Peu importe la pratique artistique, c’est dans le corps que ça se passe. Alors, ça favorise l’émergence. L’émergence de ce qu’on ne connaît pas encore, mais qui nous appelle, pour ensuite prendre conscience de ce qui nous habite.»

L’exposition est ouverte les samedis et dimanches de 11h à 16h. L’Espace culturel du Quartier est situé au 1450, rue des Pionniers, à Saint-Nicolas.

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