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Appel d'offres d'Hydro-Québec

Parcs éoliens: des avantages économiques et des craintes qui seraient non fondées

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Photo: Archives

08 août 2023 09:31

La construction des parcs éoliens Nicolas-Riou et Viger-Denonville dans le Bas-Saint-Laurent a soulevé bon nombre d’inquiétudes dans la population de cette région. Les impacts réels seraient beaucoup moins importants que les craintes exprimées au départ et les avantages économiques seraient nombreux, c’est du moins ce qu’affirme le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et maire de la Municipalité de Saint-Cyprien, Michel Lagacé.

Chaque année, les municipalités hôtesses, les MRC et leurs municipalités ainsi que les communautés autochtones impliquées reçoivent des redevances annuelles du promoteur. Dans le cas de la MRC de Lotbinière, une estimation prévoit que 4 M$ seraient distribués entre les 18 municipalités, selon la richesse foncière uniformisée (RFU). Chacune recevrait un montant de 88 000 $ à 817 000$.  «Ça permet aux municipalités de bonifier les services de proximité et de loisir», a expliqué Michel Lagacé.

Sans avoir d’éoliennes sur son territoire, Saint-Cyprien reçoit de 80 000 $ à 90 000 $ de redevances provenant des revenus du parc Viger-Denonville. Dans une municipalité où la RFU est d’environ 90 M$ pour une population de plus ou moins 1 200 habitants, cela représente environ sept à huit cents de taxe, a-t-il soutenu.

Pour Michel Lagacé, le développement éolien au Québec est une nécessité dans le contexte de la transition énergétique. «L’ensemble des régions du Québec doit contribuer si l’on veut laisser un environnement intéressant aux générations suivantes. Ça ne peut pas uniquement être la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent qui contribuent.»

Il ajoute que la responsabilité revient aux MRC de s’assurer d’avoir une réglementation solide et un schéma d’aménagement qui met ces installations à distance pour rassurer la population locale et «atténuer les perceptions que les gens ont envers le bruit».

Bruit

L’élu souhaite rassurer la population de la municipalité de Saint-Édouard, qui est visée par le projet qu’Innergex souhaite développer dans la MRC de Lotbinière. La MRC de Rivière-du-Loup et la Municipalité de Saint-Paul-de-la-Croix ont connu les mêmes enjeux au moment des consultations sur le projet Viger-Denonville.

Bruit, tensions parasitaires ainsi que des effets néfastes sur la santé humaine et animale ne sont que quelques-unes des craintes énumérées par des citoyens de Saint-Édouard. «Je dirais qu’il y a beaucoup de méconnaissance par rapport à la filière éolienne. La technologie s’est beaucoup améliorée», a mentionné Michel Lagacé.

Ce dernier ajoute qu’aujourd’hui des citoyens qui habitent à 600 ou 700 mètres des installations ne «se sentent pas dérangés par la présence des éoliennes.»

D’ailleurs, dans le cas du parc Viger-Denonville, des simulations sonores avaient été réalisées dans le cadre des consultations publiques tenues en 2010 et 2011. «Nous étions à l’intérieur de la sacristie. Un bruit était émis en respectant les règles de distances. Les gens nous disaient qu’ils n’entendaient rien. À 40 décibels (dB), c’est comme si l’on se retrouvait dans une bibliothèque», a poursuivi Michel Lagacé.

Notons toutefois que les 12 éoliennes du parc Viger-Denonville ont une puissance d’un peu plus de 2 mW. Les éoliennes que veut construire Innergex dans la MRC de Lotbinière auraient, quant à elles, une puissance de 5 mW, soit 25 éoliennes d’une puissance totale de 125 mW.

Tensions parasitaires

Quant aux tensions parasitaires, à l’époque des consultations publiques tenues pour Viger-Denonville, aucune documentation ne venait appuyer ces craintes. Aujourd’hui, d’après l’élu, le constat reste le même.

«J’ai récemment interpellé la direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent. […] Lorsqu’elle regarde la littérature scientifique, il n’y a pas d’éléments qui viennent confirmer qu’il y a des tensions parasitaires.»

Santé animale

Le secteur visé par Innergex à Saint-Édouard se situe en zone agricole dynamique. Plusieurs éoliennes se retrouveraient donc à proximité des fermes et des animaux, ce qui accentue les craintes des producteurs laitiers, entre autres.

Selon Michel Lagacé, le parc éolien de Baie-des-Sables qui a été construit en milieu agricole n'aurait peu ou pas d’impact sur les troupeaux. «Des propriétaires qui ont, pour certains, jusqu’à 300 têtes de bœuf n’ont pas constaté de conséquence pour leur troupeau. L’un d’eux en compte plusieurs sur sa terre», a-t-il illustré.

Certains de ces producteurs se seraient même rendus à Saint-Édouard, lors des portes ouvertes tenues en juin par Innergex. Ces derniers, ajoute Michel Lagacé, ont pu témoigner qu’ils n’avaient pas remarqué de phénomène inhabituel sur leurs animaux.»

Michel Lagacé est également président de la Commission énergie et ressources naturelles à la Fédération québécoise des municipalités et président de l’Alliance de l’énergie de l’Est.

 

Quelles sont les étapes menant à la construction?

En décembre prochain, Hydro-Québec dévoilera les projets retenus dans le cadre de son récent appel d’offres pour un bloc d’énergie éolienne de 1 500 mW. C’est à ce moment que la région saura si l’un des projets déposés pour la MRC de Lotbinière sera retenu.

Toutefois, la construction ne commencera pas le lendemain matin. Une série d’étapes suivent cette première autorisation.

Ainsi, en 2024 et 2025, le promoteur devra réaliser différentes actions et participer à plusieurs consultations.

Il devra, entre autres, faire :

  • Une étude d’impact environnemental ;
  • Tenir une consultation publique ;
  • Réaliser une étude d’interconnexion [avec le réseau d’Hydro-Québec] ;
  • Participer aux audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ;
  • Déposer une demande à la Commission de protection du territoire agricole ;
  • Obtenir les approbations et permis.

Une fois toutes ces étapes faites, ce sera au ministre de donner l’approbation finale au projet avec un décret du gouvernement. Par la suite, le promoteur pourra s’attaquer à son ingénierie détaillée.

 

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