D’entrée de jeu, le modérateur de l’événement a confirmé que
les candidats du NPD, Gabriel D’Astous, et du Parti libéral du Canada, Charles
McKraig, avaient été conviés à prendre part à l’exercice. Le candidat
néo-démocrate a refusé l’invitation. «Le Parti libéral n’a pas donné suite à
notre invitation», a tenu à préciser le modérateur, Pierre-Gabriel Gosselin. Absence
qui a été maintes fois soulignée par le candidat conservateur.
Les candidats ont ainsi eu l’occasion de s’exprimer sur des
enjeux locaux, nationaux et environnementaux. Ils ont aussi répondu à quelques
questions du public entre les thématiques dans ce qui ressemblait beaucoup plus
à une séance de questions et réponses qu’à un véritable débat.
Enjeux locaux
Ils ont d’abord été invités à répondre à une question
entourant le coût de la vie ainsi que la crise du logement.
«Il est certain que les gouvernements doivent s’impliquer. On
doit construire des logements, mais il s’agit d’une juridiction provinciale. Le
fédéral doit acheminer de l’argent. Tout le monde doit respecter son champ de
compétence», a fait valoir Réjean Hurteau.
«C’est la réalité partout, dans plusieurs petits villages,
et il y a plusieurs causes à ça. Il faut permettre de bâtir de nouveaux
logements. Il faut qu’ils soient faciles à construire, qu’il n’y ait pas de contraintes
administratives et que les services d’urbanismes soient plus collaborateurs», a
illustré Luc Berthold.
Les tarifs imposés au Canada par le président des États-Unis
ainsi que tous les enjeux économiques qui en découlent auront un impact sur les
entreprises d’ici. Les candidats ont été interpellés sur les moyens qu’ils
prendraient pour les aider.
«Il faut agir comme dans le temps de la pandémie et s’assurer
qu’employeurs et employés puissent conserver un lien d’emploi», a souligné M. Hurteau.
«J’aurais aimé que le représentant libéral soit là parce que
j’aurais beaucoup de choses à dire. […] Après 10 ans de gouvernement
libéral, on est dans une situation de faiblesse extraordinaire. […] On se
retrouve devant un président incontrôlable et imprévisible qui prend des
décisions injustifiées. […] Il faut aussi faire attention aux contre-tarifs qui
risquent de faire mal à nos entreprises. Il faut être extrêmement ciblés», a
renchéri M. Berthold.
Enjeux nationaux
Luc Berthold et Réjean Hurteau ont été appelés, par la suite,
à discuter des moyens que prendrait leur parti pour prévenir les propos haineux
sur les médias sociaux et réduire la diffusion de fausses informations.
Luc Berthold s’est attardé sur le comportement qu’ont
certains hommes envers les femmes sur les médias sociaux, notamment celles qui
se lancent en politique. «Les commentaires qu’elles reçoivent, c’est abominable,
c’est inacceptable. […] Il faut punir quand les propos dépassent une certaine
limite. Le harcèlement, qu’il soit en ligne ou en personne, c’est du
harcèlement et c’est passible d’une peine criminelle. Les policiers devraient
déployer plus de ressources pour éviter qu’on en arrive à des extrêmes.»
Invité à répondre à la question, Réjean Hurteau s’est
contenté de dire : «je n’ai rien à ajouter.» À plusieurs reprises pendant
l’exercice, il a tenu ce genre de réponse.
Une autre question a porté sur les baisses d’impôt promises
et sur les programmes sociaux qui seraient coupés pour les financer.
«Nous ne sommes pas toujours obligés de faire le lien entre
baisses d’impôt et coupe dans les programmes sociaux. […] À cause des
exagérations du gouvernement précédent, il y a beaucoup d’endroits où l’on peut
couper sans toucher les services. On ne touche pas les transferts en santé, on
maintient les programmes de soins dentaires et d’assurance médicaments», a noté
M. Berthold.
Environnement
Les candidats ont eu à se prononcer sur la cible de
réduction des gaz à effet de serre du Canada.
«C’est désastreux. Nous avons toujours dit non aux forages
et aux pipelines. Ça ne passera pas. On est là pour l’environnement», a
expliqué le bloquiste. «Le Canada a un rôle à jouer, mais sur la scène
mondiale. […] Il faut développer un corridor énergétique d’un bout à l’autre du
pays pour pouvoir envoyer nos ressources dans des pays comme l’Inde ou les
voisins de la Russie. Le gaz naturel peut remplacer les centrales au charbon»,
a renchéri le conservateur.
Ils ont eu à justifier la position de leur formation sur l’exploitation
gazière et pétrolière. «Nous sommes contre. Il faut trouver des alternatives,
mais pas le gaz, on détruit tout avec ça», a soumis M. Hurteau. «Nous
utilisons encore beaucoup le pétrole et nous ne pouvons pas arrêter de le faire
du jour au lendemain. On prône une transition plus lente, mais plus sûre avec
un rôle accru pour les entreprises.»
Quant aux subventions à l’industrie fossile, faut-il les
arrêter ? «Pour le Bloc, c’est l’évidence même», a simplement dit Réjean
Hurteau.
«Nous ne voulons pas payer pour un pipeline, c’est l’entreprise
privée qui doit le faire. Nous voulons aussi limiter les procédures d’approbation
à traverser pour le faire», a répondu Luc Berthold.
Identité québécoise
L’un des moments marquants de l’échange entre les deux
candidats est lorsque Luc Berthold a demandé à Réjean Hurteau s’il le
considérait comme un Québécois. Le candidat bloquiste n’a pas directement
répondu à la question. «Je crois que vous êtes une personne qui habitez le Québec»,
a-t-il répondu lorsque M. Berthold lui a reposé la question.
«Je n’ai pas besoin que quelqu’un vienne me dire : oh,
je pense que parce que vous habitez au Québec peut-être que vous êtes Québécois.
Je suis québécois comme nous tous, comme vous et lorsque vous dites que ça
prend un Québécois pour représenter la région à Ottawa et bien je suis un Québécois
et je représente la région à Ottawa depuis 2015», lui a renvoyé M. Berthold.
L’échange s’est poursuivi pendant plusieurs minutes entre
les deux candidats.
Questions
Le public a aussi pu contribuer à l’échange. L’un d’eux a
demandé quelles seraient les mesures que le gouvernement prendrait pour l’aider
à propulser son entreprise. «C’est de faciliter votre travail en éliminant la
bureaucratie et la paperasse pour que vous puissiez faire votre projet sans
être embêté par un gouvernement qui est trop présent», a répondu Luc Berthold.
Une autre s’est inquiétée du financement des médias locaux. «Dans
notre plateforme, il y a un fonds d’investissement pour les médias locaux et
communautaires pour qu’on ait accès à de l’information dans les différentes
régions», a mentionné M. Berthold.
D’autres ont abordé les intentions des deux partis advenant
l’élection d’un gouvernement minoritaire. Luc Berthold a été interpellé pour
préciser la plateforme économique du parti et sur les démarches à propos de la
voie de contournement à Lac-Mégantic. «Ça fait 10 ans que j’essaie de
travailler avec les libéraux pour faire avancer le dossier pour faire avancer
le projet et malheureusement, ça ne fonctionne pas», a déploré le candidat
conservateur après avoir énuméré l’ensemble des démarches qu’il a fait dans les
dernières années.
«Je comprends que M. Berthold a fait de son mieux, mais
au bout du compte, c’est l’échec», a répliqué M. Hurteau.
Pour ceux qui souhaitent visionner le débat, il est
disponible sur le site Internet de Noustv.