vendredi 25 avril 2025
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Agence Science-Presse

Mesurer l’impact de la désinformation sur la santé

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Photo : Archives - Gilles Boutin

19 avr. 2025 06:00

S’il ne fait plus de doute que la désinformation en santé peut accroître le risque qu’une personne soit malade ou hospitalisée, calculer ce risque est difficile. Une équipe italo-américaine propose une série de simulations qui, en prenant la COVID comme modèle, concluent que, dans le scénario du pire, 47 millions d’Américains de plus, ou 14 % de la population, seraient infectés.

Par l’Agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca)[1]

Ce qu’ils appellent le scénario du pire, dans leur travail paru le 2 avril, est celui où les individus sont mal informés sur les vaccins après une seule exposition à un contenu «à la crédibilité faible». Ils le comparent avec un scénario optimiste, «où la population est hautement résiliente à la désinformation».

Leurs simulations n’ont pas la prétention de pointer la désinformation comme étant directement responsable d’un nombre précis d’individus infectés pendant la COVID — d’autres études ont tenté de faire ces calculs. Ces chercheurs se sont plutôt donnés pour objectif de calculer l’impact sur la santé publique, en général, de la désinformation. Ainsi que l’impact sur l’économie : dans leur scénario du pire en effet, 14 % de la population infectée de plus se traduirait par des coûts en soins de santé additionnels de 143 G$. 

Leur modèle a donc ses limites, reconnaissent-ils, mais il va au-delà du simple fait d’être ou non exposé à des contenus douteux : il tient compte de ce que la sociologie appelle l’homophilie, c’est-à-dire la tendance d’un individu à fréquenter des gens avec lesquels il a des affinités sociologiques. Résultat, «des individus mal informés sont à plus haut risque d’être connectés avec d’autres individus mal informés», ce qui veut dire que l’exposition à de tels contenus faux ou douteux ne se répartit pas de manière égale dans tous les groupes d’une population. 

Ils en concluent que leur étude «devrait fournir aux autorités de la santé publique ainsi qu’aux plateformes de médias sociaux une motivation accrue pour combattre la désinformation sur les vaccins». Et ce, «en dépit des difficultés posées» par la façon dont sont conçus les algorithmes, concluent-ils prudemment : une allusion au fait que ces algorithmes privilégient les contenus qui suscitent une émotion plutôt que ceux qui informent. 

Une étude séparée, parue le 31 mars dans la revue Health Promotion International, rappelle que la dissémination de désinformation par les réseaux sociaux, est incontestablement «une menace pour la santé publique». C’est un problème aux multiples facettes, qui nécessite pour cette raison une «constellation» d’actions, «dirigées vers les usagers des médias sociaux, les créateurs de contenus, les compagnies et les gouvernements».

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