Par Érick Deschênes
Oh que je suis heureux que la troupe de Nick Suzuki m’ait fait mentir en lien avec ma précédente chronique sur cette plateforme. À titre de rappel, je m’inquiétais que les performances décevantes signées par le CH à Saint-Louis, Philadelphie et Raleigh (Caroline) gâchent la fin de saison des Canadiens et les privent sur le fil d’une participation aux séries éliminatoires.
Toutefois, après cette série de revers, on a eu droit encore une fois à une belle preuve du caractère (ou de la protection divine) qui habite littéralement la Sainte-Flanelle depuis la fin décembre. Après avoir surpris à deux reprises les Panthers de la Floride, l’une des puissances de la Ligue nationale de hockey (LNH), le Tricolore n’est pas tombé dans sa mauvaise habitude de perdre contre des adversaires «plus faibles sur papier» lors de ces duels contre Boston, Philadelphie et Nashville.
Profitant encore une fois des insuccès de ses plus proches poursuivants, les Rangers de New York, les Red Wings de Detroit, les Islanders de New York et les Blue Jackets de Colombus, les Canadiens, en saisissant cette fois les occasions d’engranger les points, a pu creuser l’écart avec son plus proche rival pour une place en série à six points.
Avec une récolte jusqu’à maintenant de 85 points, les Montréalais ne seraient en théorie qu’à cinq points de la barre symbolique des 90 points. Au cours des dernières saisons, une équipe qualifiée devait amasser minimalement ce nombre de points pour prendre part aux séries éliminatoires.
Toutefois, il faut en convenir, pour reprendre l’analogie de Martin St-Louis, entraîneur-chef des Canadiens et philosophe à ses heures, les cinq victoires engrangées par le CH au cours de la dernière semaine n’ont pas été des Picasso. Les exploits défensifs de la troupe de la Métropole et ceux des gardiens Samuel Montembeault et Jakub Dobes ainsi que l’opportunisme expliquent ces victoires. Jusqu’à huit secondes de la fin de la troisième période de son deuxième affrontement contre les Panthers mardi dernier, le CH voguait plutôt vers un revers de 2 à 1 plutôt que vers une victoire dramatique de 3 à 2 en prolongation.
D’ailleurs, la stratégie de la tortue, ou si vous préférez de résister aux nombreuses attaques adverses avant de faire preuve d’une insolente réussite offensive lors d’incursions chez l’adversaire ou d’orchestrer d’incroyables remontées, ne pourra pas toujours être utilisée. Comme plus tôt cette saison, le CH a encore une fois beaucoup de difficultés avec son jeu de transition pour sortir la rondelle efficacement de sa zone défensive.
Pour son dernier bloc de cinq matchs, le Tricolore doit donc s’améliorer à ce chapitre pour éviter d’échouer sur le fil quant à une qualification aux séries. À l’exception des Blackhawks de Chicago qui connaissent une nouvelle saison de misère, le Bleu blanc rouge fera face dans le dernier droit à des adversaires qui sont à sa poursuite (Red Wings de Detroit) ou qui voudront éviter les faux pas avant les séries éliminatoires (Sénateurs d’Ottawa, Maple Leafs de Toronto et Hurricanes de la Caroline).
Les partisans du CH vivent des émotions qu’ils n’avaient plus vécues depuis trois ans. Il ne faudrait pas que cette saison exceptionnelle devienne un pétard mouillé. On n’est qu’à une série de défaites de la Sainte-Flanelle et à une série de victoires de l’un de ses poursuivants pour que le scénario rêvé par les joueurs du Tricolore devienne un cauchemar.
Exploit surhumain
Dans un autre ordre d’idées, je veux conclure sur le record de buts en carrière dans la LNH battu dimanche par Alexander Ovechkin, ailier droit des Capitals de Washington.
Quel exploit! Oui, je le concède à certains amateurs stoïques que l’attaquant russe a pu atteindre la marque magique des 895 buts et dépasser ainsi le légendaire Wayne Gretzky en étant unidimensionnel. Ovechkin n’est pas le meilleur passeur, n’a pas la meilleure moyenne d’efficacité pour la réussite de ses tirs en buts en raison de sa technique de mitraillage et a compté la majorité de ses buts dans son bureau, dans le cercle de mise au jeu à la droite du cerbère adverse.
Mais Alexander Ovechkin a réussi cet exploit dans les vingt dernières années, une époque où les stratégies défensives et les gardiens de but sont à leur meilleur. Gretzky, Howe, Dionne et Lafleur sont des légendes qui ont marqué l’histoire du hockey. Ils ont en plus réalisé leurs exploits avec des équipements (bâtons et patins) moins performants qu’à notre époque. Disons toutefois en tout respect que le défi d’affronter des gardiens des années 60, 70 ou 80 était plus facile qu’aujourd’hui. Ce qui rend la performance du capitaine des Capitals encore plus remarquable, à mon sens.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.