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Le TECFÉE, un défi pour les futurs enseignants

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14 mars 2024 09:27

Depuis 2008, chaque étudiant du baccalauréat en enseignement, que ce soit au primaire ou au secondaire (peu importe la matière enseignée), doit réussir un examen bien spécial afin d’obtenir son brevet, il s’agit du TECFÉE. Plus précisément, il s’agit du Test de certification en français écrit pour l’enseignement.

Par Lili-Rose Charest

C’est un examen qui comporte deux parties : la partie rédaction où l’étudiant doit écrire un texte d’environ 250 à 300 mots et la partie du code linguistique qui est un cauchemar pour plusieurs. La partie du code linguistique se divise en 60 questions à choix de réponses qui portent sur la morphologie, la syntaxe, le vocabulaire, les expressions, etc.

Cette partie pose de grands défis, et cela ne résulte pas du niveau de maîtrise du français des futurs enseignants, mais plutôt du fait que la majorité des questions ne correspond pas aux attentes concrètes sur le terrain. Étant étudiante au baccalauréat en enseignement au primaire ayant fait cet examen, laissez-moi vous parler de ma réelle expérience. Et s’il vous plaît, ne tombez pas dans le piège des articles de journaux le minimisant.

Tout d’abord, aucun cours relié à ce test n’est offert à l’université où je vais dans le cadre du baccalauréat en enseignement au primaire. Il n’y a que des ateliers facultatifs offerts quelques fois dans la semaine. Pour se préparer au TECFÉE, il faut donc se débrouiller.

Pour ma première passation (qui est à ma première année de baccalauréat), je suis allée m’acheter un cahier d’exercices de préparation, j’ai regardé des capsules et j’ai participé aux ateliers offerts. Je me sentais prête pour la rédaction, mais aucunement pour le code linguistique. Pourquoi cela? Parce que c’est majoritairement ce genre de questions que l’on retrouve :

Quelle est l’erreur parmi ces 3 choix de réponse?
A) Cinquante kilos, est-ce possible qu’il les ait déjà pesés?
B) Pierre comme Denis aiment musarder.
C) Les romances que j’ai entendu applaudir étaient mièvres

Il s'agit de questions qui suscitent l'hésitation, auxquelles nous appliquons les règles de grammaire, mais restons incertains, car elles dépassent ce que nous avons appris à l'école, étant plus avancées. À mon avis, la complexité de cet examen dépasse largement le niveau de maîtrise de la langue française attendu d’une enseignante.

En ce qui concerne ma première passation de l'examen, mes résultats sont les suivants : j'ai obtenu 95 % à la partie rédaction et seulement 66 % à la partie portant sur le code linguistique. Vous pourriez penser que j’ai réussi l’examen, mais non. Le seuil de réussite est de 70%.

Je m'interroge sur la raison pour laquelle le seuil de réussite à l'université est fixé à 60 %, alors qu'il est de 70 % pour le TECFÉE? En raison de mon échec de la partie du code linguistique lors de ma première passation, j’ai dû le refaire le mois dernier.

Je me suis bien préparé et je me sentais assez confiante. En revanche, après l’examen, je ne savais pas à quoi m’attendre. Finalement, deux semaines plus tard j’ai eu ma note : 65 %. Je vous avouerais que j’étais très déçue. Cette situation est d'autant plus frustrante que je ne suis pas la seule à rencontrer des difficultés, comme en témoigne le faible taux de réussite oscillant entre 17 % et 32 % selon les passations .

Je suis totalement d’avis que le TECFÉE est un examen pertinent, tant pour ses deux parties. Toutefois, ce que je trouve plus désolant est le fait que la partie du code linguistique de cet examen ne soit pas représentative de mon usage futur du français dans les classes au primaire. La langue française est extrêmement importante dans notre société, mais dans le cadre du TECFÉE, il serait juste de revoir les contenus évalués pour les rendre plus adéquats.

Malgré mes derniers échecs, je suis tout de même soulagée vu les assouplissements de mon université à l’égard de la réussite du TECFÉE concernant le stage 3. Avant, il fallait avoir réussi les deux parties à 70 % pour pouvoir réaliser son stage, sans quoi son parcours universitaire était retardé d’un an. Maintenant, les conditions sont d’avoir au moins 80 % à la rédaction et 60 % au code. Je pourrai donc faire mon stage 3 sans problème, mais je dois tout de même atteindre le seuil de réussite pour obtenir mon brevet.

En somme, l'examen du TECFÉE représente un défi significatif pour de nombreux étudiants en enseignement. Malgré les efforts déployés pour se préparer à ses deux parties, notamment la rédaction et le code linguistique, les exigences élevées de cet examen pour la partie à choix multiples soulèvent des réflexions totalement légitimes quant à leur adéquation avec les compétences réelles requises pour enseigner au primaire. Espérons que les ajustements récents apportés par certaines universités constituent un premier pas vers une évaluation plus juste et plus représentative des aptitudes des futurs enseignants en français écrit.

 * Si vous aviez essayé de répondre à la question précédente, la phrase ayant une erreur est la réponse A puisque le mot «pesés» ne devrait pas prendre de «s» puisque c’est en fait un complément circonstanciel indiquant une mesure ; ce verbe n'ayant pas de complément d'objet direct, il demeure invariable…

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