«On dirait que le gouvernement ne comprend pas qu'il n'y a pas de pénurie de main–d'œuvre dans le réseau de la santé. Ce qu'on vit c'est un exode, un sauve-qui-peut causé par les conditions de travail, et particulièrement par la surcharge de travail. Les professionnelles en soins en ont assez qu'on leur pousse constamment dans le dos pour aller plus vite», a déploré Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
Le syndicat n'a pas caché sa colère devant la décision de Québec de lui demander «d'enlever toute forme de stabilité aux professionnelles en soins».
«Ce que le gouvernement veut faire, c'est prendre, par exemple, une infirmière qui travaille dans un CLSC depuis 15 ans et l'envoyer boucher un trou le lendemain en chirurgie. Ce que le gouvernement veut faire, c'est dégrader encore plus nos conditions de travail en nous traitant comme des pions, comme des bras, qui n'ont ni cœur, ni vie personnelle, ni jugement clinique. Tout ce que ça va faire, c'est pousser encore plus de professionnelles vers la porte de sortie», a pour sa part ajouté Jérôme Rousseau, vice-président et coresponsable de la négociation.
Pour répondre à ses attentes, la FIQ veut que le gouvernement provincial accorde aux infirmières des «augmentations de salaires comparables à celle obtenue récemment par les députés de l'Assemblée nationale».
«Si les députés méritent 30 % d'augmentation, sûrement que les expertes dévouées qui nous ont permis de traverser la pire pandémie en un siècle, en tenant le réseau à bout de bras au péril de leur santé mentale et physique, ne méritent pas moins. Si on est capable de mettre sept milliards de dollars pour fabriquer des batteries, on est capable d'en mettre autant en guise de reconnaissance pour les professionnelles en soins qui sauvent des vies chaque jour», a illustré Nathalie Levesque, vice-présidente et coresponsable de la négociation.
Une nouvelle fois, la FIQ a aussi réclamé que Québec légifère pour mettre en place des ratios professionnelles en soins/patient-e-s «pour rendre à nouveau le milieu attirant pour y être embauchée et y demeurer».
«L'Australie l'a fait, la Californie l'a fait, la Colombie-Britannique et l'Oregon ont de la vision et sont en train de le faire. C'est la seule façon de mettre un terme au cercle vicieux dans lequel on s'enfonce depuis des décennies. Si on poursuit sur la trajectoire actuelle, on s'en va droit vers un naufrage», a conclu Julie Bouchard.