L’augmentation de la valeur des terres agricoles n’est pas un phénomène qui est près de s’arrêter. C’est ce qui inquiète le président l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Chaudière-Appalaches, James Allen.
Par Mélanie Labrecque - Collaboration spéciale
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Selon le secteur de la Chaudière-Appalaches, le coût à l’acre peut varier considérablement et ce sont tous les secteurs de production qui sont touchés.
Par exemple, dans la MRC de Bellechasse, les terres situées au nord de la région ont des valeurs qui peuvent avoisiner les 12 000 $ à 16 000 $ l’acre. Au sud, les terres ont un coût moindre. Tout dépend de la présence d’élevage sur un territoire. «Moins il y a d’animaux qui sont présents, plus le coût sera bas», a-t-il expliqué.
Plusieurs raisons expliquent la hausse, rappelle-t-il. Autant la hausse du prix du grain provoqué par la guerre en Ukraine que le moratoire sur les superficies en culture ont contribué à cette appréciation de la valeur. Il rappelle que pour agrandir une production, les agriculteurs doivent se procurer de nouvelles terres. «Lorsqu’il y a une terre à vendre, nous sommes plusieurs à vouloir l’acheter», note-t-il.
Il ajoute qu’un nouveau joueur viendra brouiller les cartes de plus en plus dans les années à venir. Les compagnies seront plus nombreuses à acheter des terres agricoles pour les reboiser afin de compenser leurs émissions de carbone.
«C’est un danger de perdre des superficies en culture, que ce soit pour nourrir les animaux ou le maraîcher. Cette terre, elle est perdue puisque le seul moyen d’obtenir des crédits carbone, c’est en reboisant», a-t-il illustré.
Il ajoute que des membres de la région des Appalaches ont commencé à observer ce phénomène. «Ma crainte, c’est que ça va s’accentuer.»
Relève
Tout ça n’est pas de bon augure pour la relève, s’inquiète James Allen. L’augmentation des prix fera chuter les occasions pour les agriculteurs de la relève qui veulent se lancer en affaires.
«Elle n’aura pas les moyens d’acheter à ces prix. On vient encore une fois tasser la relève parce qu’elle n’est pas capable d’acheter des terres. Avec les prix d’aujourd’hui, peu importe ce qui sera cultivé, ce sera difficile de le rentabiliser.»
Pour maintenir une relève agricole, James Allen croit qu’il faudra réinventer les façons de faire pour les transferts de terres, apparenté ou non. «Nous devrons être innovants pour trouver la façon de léguer un bien à l’autre génération sans qu’elle soit obligée [de se surendetter]», a conclu le président de l’UPA de Chaudière-Appalaches.