Après l’exclusion des voitures du projet de troisième lien, l’Alliance des Chambres de commerce de la Chaudière-Appalaches (ACCCCA) demande au gouvernement de retourner à la table à dessin afin de présenter un projet qui inclut tous les modes de transport, soit autoroutier, collectif et de marchandises.
Par Aude Malaret
«On veut dire haut et fort notre déception. On a un sentiment de trahison, de s’être fait cacher des choses. On pense que le gouvernement a mis le couperet dans un levier économique très important pour la région de la Chaudière-Appalaches», a réagi la coprésidente de l’Alliance des Chambres de commerce de la Chaudière-Appalaches (ACCCCA) et directrice générale de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, Nancy Dubé.
«Ce qu’on demande, c’est que le gouvernement retourne à la table de travail et qu’il nous représente un projet sécuritaire, ça pourrait être un pont à l’est, comme on en avait parlé en 2014. Mais il faut que le projet intègre tous les modes de transport, transport autoroutier, transport collectif et transport de marchandises. On ne veut pas nécessairement que le gouvernement revienne à la dernière mouture (le bitube), nous on ne veut pas qu’un type de mobilité soit sacrifié au profit d’une autre», ajoute-t-elle.
L’organisme a ainsi publié une lettre ouverte, ce 27 avril, dans lequel l’ACCCCA exprime son mécontentement et sa colère face à une «nouvelle proposition, qui ne prend nullement en compte les besoins de la région exprimés à maintes reprises dans les dernières années». «Nous avons besoin d’infrastructures de transport interrives efficaces et sécuritaires, qui répondent aux besoins actuels et futurs des gens d’affaires et des citoyens», rappellent les signataires.
Un levier de développement économique
Pour la porte-parole de l’ACCCCA, le troisième lien, comme il avait été présenté lors de la première et deuxième mouture du projet, aurait été «un excellent levier de développement économique et touristique, car de nombreux de projets auraient pu découler de sa réalisation».
«Ce troisième lien, on en parlait pour faciliter le commerce, le trafic, la fluidité. Les entreprises qui en entendent parler depuis des années pensaient que ce projet leur apporterait une vision à long terme, leur permettrait de faire des projets et de se développer, puisqu’il aurait facilité les échanges entre les rives nord et sud», souligne Nancy Dubé.
Si la porte-parole reconnaît que le projet présenté l’an passé «était cher», elle rappelle que «le gouvernement n’avait pas l’air de trouver ça trop cher. Ils nous vendaient le projet comme si c’était la plus belle invention depuis le pain tranché. On s’est fié à eux, ils avaient fait leurs études». Elle estime que la solution pourrait venir d’un pont à l’est, dont la construction serait moins coûteuse.
Mettre les données à jour chaque année
Finalement, la coprésidente de l’Alliance des Chambres de commerce de la Chaudière-Appalaches dénonce l’utilisation des chiffres de 2022, qui ne refléteraient pas la réalité des dernières années ni la tendance à venir, selon elle.
«Là, le gouvernement tire la plug en se basant sur des données de télétravail pour justifier l’abandon du lien autoroutier, pour dire que ce projet ne vaut pas la peine, puisqu’il n’y a pas assez de monde et pas assez de trafic. Le télétravail, c’est temporaire. Qui dit que dans cinq ans ça va être encore ça? Le gouvernement manque de vision», pointe-t-elle du doigt.
Afin d’obtenir «des chiffres parlants», l’ACCCCA demande donc au gouvernement «de s’engager à mettre à jour annuellement les données de circulation et, à date fixe, de les rendre publiques» afin de voir si l’évolution de la circulation justifierait un troisième lien autoroutier. Et Nancy Dubé d’ajouter : «nous, on veut de la transparence. C’est le message qu’on lance. Clairement, ils savaient depuis longtemps que la plug allait être tirée.»