Le gouvernement fédéral a annoncé, le 22 mai, de permettre à un troisième chantier naval canadien de participer à la construction de navires commandés par Ottawa dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale. Ce troisième chantier pourrait être Chantier Davie Canada, situé à Lévis.
«Pour répondre aux besoins futurs en matière de construction navale et d'attirer plus de talents et de bons emplois dans nos communautés, le gouvernement du Canada a l'intention d'ajouter un troisième chantier naval canadien à ses partenaires au titre de la Stratégie nationale de construction navale. Au cours des prochains mois, le gouvernement du Canada lancera un processus concurrentiel en vue de sélectionner le troisième chantier naval», peut-on lire dans un communiqué de presse du gouvernement fédéral.
Actuellement, deux chantiers sont les partenaires d'Ottawa dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale, Irving Shipbuilding d'Halifax et Seaspan de Vancouver.
Depuis des mois, Chantier Davie et plusieurs intervenants québécois demandent à ce que le chantier maritime lévisien puisse réaliser des contrats dans le cadre de la Stratégie, afin de permettre à l'entreprise de fonctionner à plein régime et afin d'accorder au Québec «sa juste part» de contrats.
Lors d'une annonce à Québec pour annoncer notamment l'intention d'Ottawa de faire construire jusqu'à 18 nouveaux navires pour la Garde côtière canadienne, des contrats qui seront réalisés par Irving Shipbuilding (2) et Seaspan (16), le ministre Jean-Yves Duclos s'est réjoui de ce changement à la Stratégie nationale de construction navale qui profitera au Québec, selon lui.
«L'annonce d'aujourd'hui est particulièrement importante, car le gouvernement reconnait que nous devons ajouter un troisième chantier à la Stratégie nationale de construction navale. Il s'agit d'un changement majeur qui permettra au Chantier Davie de participer au processus pour sélectionner ce troisième chantier dans les prochains mois. De plus, l'annonce de 2 G$ pour la prolongation de vie, le radoub et l'entretien de navires est une excellente nouvelle pour les chantiers navals du Québec, qui pourront obtenir de nombreux contrats», a déclaré le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social.
Joie et réserves
La nouvelle a également été accueillie avec joie par les dirigeants de Chantier Davie Canada.
«Nous félicitons le gouvernement fédéral pour la réforme de la Stratégie nationale de construction navale. Nous sommes impatients de devenir un partenaire actif et de livrer une flotte de navires. Cela créera plus de 2 000 emplois bien rémunérés au Québec», s'est réjouie l'entreprise sur sa page Facebook.
Pour leur part, si elle est également heureuse de la réforme, la centrale syndicale représentant les travailleurs de la Davie, la CSN, n'a pas caché certaines craintes.
«C’est une bonne nouvelle pour la Davie. Je note toutefois qu’une fois de plus, les compétiteurs de la Davie raflent aujourd’hui le gros des nouveaux contrats, on est loin de l’équité. Même avec les deux traversiers annoncés la semaine dernière, on est encore loin de la juste part des contrats fédéraux que nous revendiquons pour le Québec», a déclaré Ann Gingras, présidente du conseil central Québec-Chaudière-Appalaches de la CSN, avant de partager sa crainte que l'annonce tombe dans l'oubli en raison des prochaines élections fédérales.
De son côté, le député conservateur de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Steven Blaney, estime que les annonces du gouvernement libéral sont «une insulte» pour la Davie.
«Je dénonce le fait que les libéraux fassent encore poireauter le chantier pour la constructions de navires éventuels après les élections alors que les autres chantiers au carnet de commande déjà bien garnis se voient octroyer des contrats fermes. De plus, on oblige le chantier Davie à refaire le processus pour espérer se qualifier troisième chantier partenaire de la Stratégie, alors qu’il s’était déjà classé à ce titre en 2012. Au lieu de donner des contrats à un chantier performant, on octroie de nouveaux mandats à des chantiers qui font exploser les coûts et les échéanciers, c’est un mépris envers les contribuables et les travailleurs du chantier», a conclu le député fédéral.