Si l’année 2020 a été difficile pour plusieurs entrepreneurs de la région, les derniers mois ont été fort occupés pour les propriétaires de Camerises Saint-Philippe, Denis Carrier et Nancy Jacques. En plus de permettre de nouveau l’autocueillette du cousin du bleuet et la vente de produits transformés à partir de la camerise, l’entreprise de Saint-Anselme s’est aussi lancée dans la production d’alcool où le petit fruit bleu est la vedette.
Rappelons d’emblée que c’est en 2014 que l’aventure de Camerises Saint-Philippe a débuté. C’est alors que Denis Carrier, un producteur laitier de Saint-Anselme, a planté les plants qui allaient permettre de récolter la petite baie ovale possédant un goût unique, souvent associé au cassis, au bleuet et à la framboise.
C’est finalement en 2017 que l’entreprise a pu ouvrir ses portes pour l’autocueillette. Une activité qui a gagné en popularité année après année. «La crise sanitaire a provoqué cette année un réel engouement pour l’autocueillette. Les gens se sont littéralement garrochés sur les petits fruits. Chez nous, l’autocueillette dure normalement un mois, mais cette année, après trois semaines, notre saison était déjà terminée», a illustré M. Carrier sur la popularité grandissante de la camerise.
Si l’autocueillette et la création de produits transformés à partir de la camerise occupent bien les propriétaires de Camerises Saint-Philippe, Denis Carrier et Nancy Jacques, également copropriétaire d’une entreprise de monuments funéraires, ont désiré bonifier les activités de leur projet de retraite. C’est alors que l’idée de créer des produits alcoolisés à partir du petit fruit a germé dans leur tête.
«Il y a deux ans, on a eu l’idée de créer un vin de camerises. On s’est acheté des kits de base pour faire du vin et on a expérimenté le tout. Le résultat final était bien. Alors, on a décidé de suivre des formations en transformation alcoolique à Saint-Hyacinthe. Par la suite, on a développé une collaboration avec un œnologue», a expliqué Denis Carrier.
Un autre produit pour faire découvrir la camerise
Suivant le conseil de l’oenologue avec qui ils travaillent, Denis Carrier et Nancy Jacques ont alors décidé d’embaucher un maître-distillateur, afin de récupérer les restes de la production viticole pour créer d’autres alcools.
Alcool à la mode, le gin est rapidement devenu le premier choix des propriétaires de Camerises Saint-Philippe quant au premier produit que leur distillerie allait créer. Premier gin fait à partir de camerises et qui a une couleur rosée caractéristique, en raison de la macération de camerises dans l’alcool translucide, leur création fruitée est composée en majorité de produits locaux.
D’ailleurs, afin de souligner l’importante place accordée aux produits locaux dans la conception du produit, le gin porte le nom de SAISIE38 afin de faire un clin d’œil à une histoire criminelle qui a marqué l’histoire de Saint-Anselme. En 1938, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a mené une opération dans le rang Saint-Philippe, tout près du site occupé par Camerises Saint-Philippe, afin de démanteler un alambic illégal, où était principalement produit du gin.
Razzia chez Camerises Saint-Philippe
Et jusqu’à maintenant, Denis Carrier et Nancy Jacques semblent avoir trouvé un bon filon afin de faire découvrir la camerise au sein de la population. Lors du lancement de SAISIE38 le 12 septembre dernier, les 600 premières bouteilles produites ont trouvé preneurs en deux heures et demie.
Afin de combler les consommateurs qui sont repartis bredouilles, le deuxième lot de bouteilles de gin de Camerises Saint-Philippe, dont la production doit être complétée dans un mois, est même déjà entièrement réservé.
«Notre troisième lot de bouteilles de gin est en production en vue d’une vente en décembre. De plus, notre premier lot de 1 200 bouteilles de vin de camerises sera mis en marché en novembre et en décembre. On a été très étonné que les 600 premières bouteilles de SAISIE38 partent aussi vite. Cet engouement, c’est un beau problème. Quand la demande se stabilisera, on analysera de nouveau le tout. On veut pas que notre distillerie devienne la plus grosse distillerie de la région, ça reste un projet de retraite. Mais on songe peut-être à construire un nouveau bâtiment pour la distillerie, qui occupe présentement une partie de notre entrepôt», a conclu M. Carrier.