Dans le cadre de la tournée provinciale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), les représentants de l’association étaient de passage à l’Hôtel-Dieu de Lévis, le 1er mai dernier.
L’objectif de cette tournée provinciale est d’entendre les besoins et constater les réalités des pharmaciens en milieux hospitaliers. «On a mis cette tournée en place à la suite de la grande fusion des établissements de santé en 2015 qui a apporté énormément de changements dans la pratique des pharmaciens», a souligné Linda Vaillant, directrice générale de l’APES.
Les tâches des pharmaciens en milieux hospitaliers se divisent en deux volets. Celui de la distribution des médicaments, un service essentiel de base dans ce genre d’environnement, et celui de l’intervention du pharmacien dans les unités de soin. Selon François Paradis, président de l’APES, c’est ce volet qui permet des soins plus adaptés aux patients.
Par le biais du pharmacien, on peut prévenir plusieurs situations difficiles chez le patient qui prend plusieurs médicaments par jour et s’assurer d’offrir le médicament le plus adéquat en fonction de l’état de santé de ce dernier, par exemple. Les représentants de l’APES ont souligné aussi l’apport de ces pharmaciens dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
L’APES se retrouve devant un problème majeur : un manque d’effectif depuis le début des années 2000. Ce problème fait en sorte que les milieux hospitaliers doivent réduire les activités de leurs pharmaciens auprès des unités de soin et ainsi, le patient ne bénéficie pas de l’expertise complète des professionnels de la santé.
Un manque de main-d’œuvre depuis trop longtemps
Au Québec, le taux de pénurie des pharmaciens en milieux hospitaliers se chiffrait à 19 % en 2018, en Chaudière-Appalaches ce taux était sensiblement le même à 18 %. «Il ne manque pas de pharmaciens au Québec, il manque de pharmaciens dans les hôpitaux du Québec», a partagé la directrice générale de l’APES. Plusieurs facteurs ont causé cette situation qui dure depuis près de 15 ans.
Tout d’abord, très peu d’étudiants en pharmacie font le choix de poursuivre leurs études vers la maîtrise en milieux hospitaliers, on parle de seulement 65 étudiants par année sur une totalité de 400 diplômés. Selon l’APES, un minimum de 100 finissants en pharmacie qui se dirigeraient vers la maîtrise pourrait régler la situation.
Cette problématique est le nerf de la guerre de l’APES, c’est pourquoi plusieurs bourses et programmes d’aide financière sont offerts aux étudiants qui font le choix de poursuivre leurs études à la maîtrise en pharmacie d’hôpital.
De plus, pour contrer ce manque d’effectifs, le gouvernement a établi une échelle salariale concurrentielle aux pharmacies de quartier. L’APES voit un problème derrière cette hausse salariale puisque le gouvernement a permis cette hausse par l’octroi de primes qui constituent 25 % du salaire des pharmaciens en milieux hospitaliers.
«Les primes permettent d’offrir un salaire concurrentiel, mais par définition, les primes ne sont pas permanentes et peuvent être retirées à tout moment. Les finissants sont donc plus inquiets de venir dans les hôpitaux», a expliqué le président de l’APES qui souhaiterait voir réduire ce pourcentage à un minimum de 10 %.
Selon les représentants de l’APES, cette situation doit être réglée le plus rapidement possible puisqu’elle ne tendra qu’à empirer si rien n’est fait. «Le contexte démographique (vieillissement de la population) va faire en sorte qu’on aura de plus en plus besoin de pharmaciens dans les hôpitaux», a conclu Linda Vaillant.