Si les études pèlerines sont un champ académique bien présent chez nos voisins américains, ce champ d’études commence à connaître une certaine effervescence au Québec. Avec le sociologue Michel O’Neill, Éric Laliberté, doctorant en théologie spécialisé en études pèlerines et résident de Saint-Michel-de-Bellechasse, a dirigé la création du premier livre sur les études pèlerines au Québec depuis 1981 : Pèlerinage, marche pèlerine et marche de longue durée au Québec.
«(Il était important pour moi de lancer un livre sur le sujet) puisque le phénomène du pèlerinage prend beaucoup d’ampleur, particulièrement avec la popularité des chemins de Compostelle depuis plusieurs années. À l’époque, le pèlerinage avait un sens uniquement religieux, mais désormais, il s’agit d’une expérience qui peut prendre plusieurs sens. Avec les études pèlerines, on veut justement étudier ce phénomène sous plusieurs perspectives», a expliqué M. Laliberté, sur ce qui l’a poussé à travailler à la création de ce livre.
Pour offrir un large éventail du phénomène pèlerin, allant de la théologie à la santé, le Bellechassois et Michel O’Neill, un sociologue qui a longuement vécu à Lévis, ont décidé de réunir plusieurs spécialistes qui ont été invités à écrire un chapitre pour Pèlerinage, marche pèlerine et marche de longue durée au Québec.
En plus de présenter la vision que des chercheurs d’autres pays ont de ce phénomène, le livre dirigé par Éric Laliberté et Michel O’Neill et publié aux Presses de l’Université Laval aborde également les pratiques pèlerines au Québec ainsi qu’ailleurs à travers le monde. Marche comme stratégie de décolonisation, représentations cinématographiques de marches de longue durée ou chemins pèlerins à travers le monde ne sont que quelques-uns des sujets abordés par les spécialistes invités.
«En raison de Compostelle, on pense qu’un pèlerinage ne peut qu’être une marche. Mais il y a d’autres contextes de vivre un pèlerinage. Un pèlerinage, ça peut être de se rendre à Memphis pour visiter la maison d’Elvis Presley puisque ce chanteur a eu une grande influence dans notre vie. La relecture de soi qu’amène le pèlerinage peut être amenée également par des lieux. Longtemps, nous avons pensé que le pèlerinage était une quête identitaire, mais il s’agit aussi de savoir où l’on se situe par rapport aux autres», a illustré le spécialiste bellechassois sur les différents champs d’études qu’abordent les études pèlerines.
Une année fort occupée
En plus de la sortie en avril de Pèlerinage, marche pèlerine et marche de longue durée au Québec, Éric Laliberté travaille aussi à l’organisation d’un colloque sur les études pèlerines, qui aura lieu les 22 et 23 avril en ligne dans le cadre du premier congrès de la Société québécoise de l’étude de la religion (SQER).
Le dernier colloque sur le sujet au Québec avait été tenu en 1976 à Saint-Gervais par le regretté père Benoît Lacroix et Pierre Boglioni. À l’époque, l’activité était consacrée aux pèlerinages catholiques alors que le colloque d’avril prochain proposera une approche globale du phénomène. Des spécialistes discuteront notamment des origines du pèlerinage, de représentations cinématographiques du phénomène ainsi que des impacts physiques des longues marches sur la santé.
De plus, Éric Laliberté a collaboré à la création de trois autres livres qui sortiront plus tard cette année. Il a été invité à écrire un chapitre pour présenter un point de vue québécois dans un livre produit en France qui «rendra hommage» au pèlerinage de Compostelle. De plus, avec sa complice Brigitte Harouni de Bottes et Vélo, un site Web dédié au pèlerinage à pied ou à vélo, Éric Laliberté a écrit un livre sur l’expérience pèlerine. Enfin, Éric Laliberté a travaillé sur un ouvrage dédié à la spiritualité en temps de pandémie.