Depuis près de 70 ans, une partie de l’histoire de Lévis se retrouve dans un édifice commercial de Sainte-Claire, dans Bellechasse. Depuis les années 50, des anciennes pièces du pont Garneau, qui permettait d’enjamber la rivière Chaudière près de la marina de Saint-Romuald, font partie de la structure du bâtiment qui abrite les activités d’Isolation Morin et Jos Morin.
Rappelons d’emblée que le pont Garneau a été inauguré en 1890 et permettait d’enjamber la rivière Chaudière afin de relier Saint-Romuald et Saint-Nicolas jusqu’à son démantèlement dans les années 50. C’est alors que l’infrastructure lévisienne est littéralement entrée dans l’histoire de la famille de Benoît Morin, le copropriétaire d’Isolation Morin avec sa conjointe Stéphany Shink.
«Mon oncle André Dutil, un ingénieur, mon oncle Claude Morin, un dessinateur, et mon père Yvan Morin, un homme d’affaires, ont entendu parler que le gouvernement provincial cherchait une entreprise pour démolir le pont Garneau. Avec leur compagnie de construction de ponts et de ponceaux, ils ont soumissionné pour un dollar afin d’obtenir le contrat (et récupérer les pièces d’acier de la structure), mais c’est finalement un M. Larochelle de Saint-Prosper qui a obtenu le contrat. Mon père ou mon oncle Claude est allé voir M. Larochelle lorsqu’il a amorcé les travaux et il lui a proposé d’acheter pour un dollar du pied linéaire les bonnes parties des poutres en acier du pont», s’est rappelé Benoît Morin, lors d’une entrevue avec le Journal le 2 novembre.
La proposition a été acceptée par M. Larochelle et il a déposé les pièces achetées par la famille Morin lorsqu’il passait par Sainte-Claire afin de retourner à Saint-Prosper. Par la suite, les frères Morin ont récupéré une partie des poutres d’acier pour la construction de la structure de leur quatrième magasin, le bâtiment qui accueille toujours les installations du magasin Jos Morin et d’Isolation Morin. Dans cet établissement, Yvan Morin vendait à l’époque des meubles ainsi que des tracteurs Massey-Harris (qui est devenu Massey-Ferguson).
«Le magasin a été construit en 1955. Les fondations avaient été coulées et ils ont pris les poutres d’acier pour faire la structure qui soutient le plancher du rez-de-chaussée. C’est vraiment solide. Ça a été conçu pour que l’édifice puisse avoir trois étages et mon père a même pu stationner une voiture qui était le prix d’un concours pour son magasin de meubles à l’intérieur du bâtiment près de la vitrine. Le magasin est bâti sur du solide et c’est toujours spécial pour moi de me retrouver à l’intérieur d’un édifice qui contient des parties d’un ancien pont», a partagé M. Morin.
Une caverne d’Ali Baba
Si Benoît Morin se concentre désormais sur ses activités d’isolation et de vente de poêles à bois et de pièces pour ces derniers, il poursuit avec sa conjointe la collection familiale d’éléments liés à l’histoire. Maquette géante du Titanic construite à l’époque par son père, maquette de l’un des porte-avions canadiens et pièce d’un avion américain qui s’est écrasé à Saint-Charles-de-Bellechasse en 1942 ne sont que quelques éléments du petit musée construit par la famille Morin se trouvant à l’intérieur du magasin de Sainte-Claire.
En plus des vestiges du pont Garneau, le magasin Jos Morin abrite aussi un autre élément faisant partie de la petite histoire de Lévis, soit un poêle à bois de la fonderie Carrier-Laîné. Cette entreprise établie dans le secteur de la Traverse a été l’un des plus importants manufacturiers lévisiens au cours du 19e siècle.