lundi 30 juin 2025
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Une nouvelle génération qui a choisi de cultiver la terre

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Sur la première photo : Janice, Olivier et Joanie de la Ferme La Belle Binette. Sur la deuxième photo : Rose-Marie et Françoise de la Ferme des Ruisseaux. CRÉDIT : AUDE MALARET

19 août 2020 07:34

Qu’elle reprenne la ferme familiale ou crée une nouvelle entreprise, la relève a trouvé dans l’agriculture maraîchère de proximité un mode de vie en accord avec ses valeurs tournées vers l’autonomie, le bien-être et le respect de l’environnement. Rencontres avec les jeunes pousses de la Ferme des Ruisseaux, à Pintendre, et de La Belle Binette, à Saint-Nicolas.

Au printemps dernier, Joanie Larouche, Olivier Larouche et Janice Lehoux semaient les premières graines dans les champs d’une nouvelle ferme à Lévis, La Belle Binette. À l’est du territoire, Françoise Legault et Rose-Marie Couture préparaient la saison à venir à la Ferme des Ruisseaux, où la transition entre l’ancienne et la nouvelle génération de maraîchers est en cours.

«J’ose croire qu’on fait partie d’un certain mouvement, qui va vers un changement des modèles de production», présente Olivier. «Il y a de beaux modèles agricoles alternatifs qui rejoignent nos valeurs» ajoute Joanie.

Un modèle à taille humaine

Si ce mouvement prend de plus en plus d’ampleur, des précurseurs de l’agriculture de proximité, comme Michèle Legault et Jean Gosselin à l’origine de la Ferme des Ruisseaux, font partie de ceux qui ont ouvert la voie à cette relève qui prend ses distances avec l’agriculture conventionnelle. Leur production était même, dès 1988, certifiée biologique. «C’est un modèle qu’il est important de défendre. C’est bon pour nous et pour la planète», fait valoir Rose-Marie.

«Quand Jean et Michèle ont commencé, des fermes diversifiées, il y en avait moins. C’était plus spécialisé, par exemple tomates et concombres en serre. L’agriculture de proximité n’était pas encore développée», explique leur fille, Françoise.

Dans les deux fermes, les surfaces de production sont petites ou moyennes, mais beaucoup de légumes y poussent au cours de la saison, les cultures diversifiées, les pesticides absents et la production est peu mécanisée.

«Dans le conventionnel, la culture est adaptée à l’outillage. Ça coûte tellement cher! Si tu as acheté une herse pour les betteraves, les carottes, tous les espacements sont les mêmes, car tu as un outil, illustre Olivier. Ici, on adapte nos techniques à la culture, pas l’inverse.»

Un choix de vie différent

Produire ce qu’ils consomment. C’est la quête de l’autosuffisance qui a poussé le trio à créer La Belle Binette. «Très vite, on s’est dit que tant qu’à produire, pourquoi ne pas faire plus. Dans l’absolu, être autosuffisant, c’est impossible. Tu as aussi besoin de fromage ou de ce que font d’autres producteurs. En produisant plus, ça te fait une monnaie d’échange», explique Joanie.

Pour réussir ce changement de vie et ce virage professionnel, les trois partenaires ont travaillé sur d’autres exploitations et ont suivi plusieurs formations du Centre d’expertise et de transfert en agriculture (CETAB) de Victoriaville afin de récolter les connaissances.

Pour Françoise, c’est le départ à la retraite de ses parents qui a été le déclic. La Ferme des Ruisseaux ne pouvait pas disparaître avec ses installations et le savoir-faire développé pendant 30 ans. Alors, elle est revenue de Montréal renouer avec une nature où elle a trouvé un rythme de vie et un cycle qui répond à ses besoins. Avec Rose-Marie, qui toute jeune déjà venait faire la cueillette avec ses grandes sœurs et a toujours travaillé à la ferme, elles ont décidé de prendre ensemble la suite. 

Faire sa part pour l’environnement

Pour cette nouvelle génération, ce retour à la terre est une façon de faire sa part pour la planète. C’est un mode d’action qui répond aux enjeux environnementaux et permet de consommer des produits sains. «On ne veut pas polluer nos cours d’eau, tuer les grenouilles ou la vie microbienne du sol. On pense à la santé des gens et à la nôtre. Les agriculteurs sont une catégorie de travailleurs très exposée», partage Françoise.

À la Ferme des Ruisseaux comme à La Belle Binette, les maraîchers travaillent avec la nature et le milieu qui les entoure. «Je n’ai pas besoin de retourner mon sol, souligne Joanie. Si je crée un environnement favorable, les vers de terre sont faits pour ça.»

En plus de faire pousser des légumes, Françoise et Rose-Marie sèment aussi des plantes qui aident à améliorer la qualité du sol. «Tout est imbriqué. On a une haie brise-vent qu’on renouvelle avec des arbres fruitiers, des plantes rustiques qui vont attirer les abeilles. C’est du temps, de l’investissement, mais ce n’est pas nécessairement quelque chose qu’on fait pour vendre. C’est pour améliorer l’environnement.»

Ce modèle agricole répond aussi à l’envie de cette nouvelle génération de créer un lien direct avec les consommateurs. Se sentir utile, voir les sourires des clients, imaginer le plaisir des familles réunies autour d’un bon repas, autant de petites récompenses qui remplissent ces jeunes cultivateurs de satisfaction. 

«Les gens sont conscients de ce qu’ils mangent et sont plus informés. Trouver une ferme comme ici, c’est plus facile grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Avant, c’était davantage du bouche à oreille», constate Rose-Marie qui a vu l’engouement des consommateurs augmenter ces dernières années.

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