La présidente-directrice générale de la CCIGL, Marie-Josée Morency, le président et chef de la direction de la CCIQ, Frédérik Boisvert, et la directrice générale d'Éducation internationale, Lysiane van der Knaap, ont dénoncé les restrictions gouvernementales en immigration qui entraînent une baisse des inscriptions dans des programmes de formation professionnelle.
«Les données de notre sondage sont sans équivoque : les centres de formation professionnelle (CFP) vivent actuellement une crise sans précédent. Quand 67 % des centres de la région de Québec nous disent qu'au moins un programme ne pourra plus démarrer régulièrement, nous parlons d'un impact direct sur la capacité de former la main-d'œuvre dont nos entreprises ont besoin. Les étudiants internationaux ne sont pas un problème à résoudre, ils sont une solution à préserver pour maintenir la vitalité de nos programmes de formation», lance Lysiane van der Knaap.
Elle ajoute que les restrictions nuisent au démarrage régulier des cohortes de 74 % des CFP et que 82 % de ceux-ci enregistrent des baisses d’inscriptions d’étudiants internationaux. Selon l’Alliance économique Lévis-Québec, des secteurs clés d’emploi seront affectés à long terme par ces décisions, puisque des étudiants québécois se verront refusé l’accès aux cohortes, faute de candidatures.
«Les étudiants internationaux permettent aux formations professionnelles de se maintenir, de compléter les cohortes et de faire vivre les programmes. Sans eux, plusieurs programmes ferment et ce sont tous les étudiants, incluant les étudiants québécois, qui voient leur accès à la formation très restreinte», indique Marie-Josée Morency.
À Lévis, le CFP Gabriel-Rousseau le programme de secrétariat risque d’être particulièrement touché par ces mesures, puisque l’école prévoit une diminution des inscriptions d’étudiants internationaux de 50 %. Comme le programme est offert en alternance travail études et que les étudiants sont souvent engagés en entreprise après leur formation, le CFP Gabriel-Rousseau considère que les réglementations auront un impact sur la situation d’embauche de secrétaires dans les entreprises.
«Nous ne pouvons pas nous permettre de compromettre la formation de notre main-d'œuvre qualifiée alors que nos entreprises peinent déjà à recruter dans des secteurs essentiels. La formation professionnelle permet l'acquisition de compétences en parfaite adéquation avec les besoins du marché du travail. Les étudiants internationaux permettent non seulement de compléter des cohortes en petits nombres, mais contribuent également à la vitalité économique régionale lorsqu'ils s'intègrent à notre marché du travail», souligne Frédérik Boisvert.
Les revendications
Rappelons que le gouvernement fédéral a imposé des restrictions sur l'admissibilité au permis de travail post-diplôme (PTPD) en novembre 2024, ce qui a réduit de plus de moitié le nombre de programmes de formation professionnelle admissibles, passant de 188 à 82 programmes.
De ce fait, l’Alliance économique Lévis-Québec a lancé au gouvernement quatre revendications pour ajuster le tir, soit de réviser les critères d'admissibilité au PTPD pour inclure les métiers en pénurie de main-d'œuvre dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, d’assouplir le critère de 900 heures pour permettre l'accès au PTPD pour des formations essentielles comme celle de préposé aux bénéficiaires, de prendre en compte les besoins régionaux de main-d’œuvre et de reconnaître que toutes les régions au Canada ne présentent pas les mêmes défis.
Pour justifier ces demandes, l’Alliance économique Lévis-Québec rappelle que la Chaudière-Appalaches a le plus bas taux de chômage au pays et que les étudiants étrangers sont essentiels au développement économique de la région.
«Les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires viennent ici pour étudier, pour travailler et pour contribuer. Elles s’installent, s’intègrent, vivent en français et fondent des familles. Ce sont des Québécois en devenir. Les décisions prises sans égard aux réalités affectent lourdement nos CFP et notre économie. Et pourtant, les règles qui encadrent leur arrivée, leur parcours et leur avenir sont de plus en plus restrictives, incohérentes et déconnectées de la réalité de nos régions. Nous ne pouvons pas continuer de faire du mur à mur comme si les besoins de Montréal étaient les mêmes que ceux de Lévis, Montmagny ou de la Beauce», mentionne Marie-Josée Morency.