Cette facture s’explique par la réduction du soutien financier accordé aux transporteurs, qui le faisait passer de 12 900 $ à 5 000 $ par circuit, soit le parcours régulier effectué par un autobus scolaire. Cependant, les audits financiers des transports démontrent qu’un autobus électrique coûte 14 000 $ de plus à opérer qu’un véhicule thermique, notamment en raison de l’espace et de l’équipement nécessaires pour la recharge des autobus ainsi que des coûts d’entretien élevés. La FTA chiffre donc le manque à gagner des transporteurs à 9 000 $ par circuit opéré par des autobus électriques, pour un total de 1 336 circuits et une facture de 12 M$.
Rappelons que le gouvernement provincial a rendu l’achat d’autobus électriques obligatoire en remplacement des autobus thermiques en 2021. Il a toutefois retiré cette obligation un peu plus tôt en juin pour donner une marge de manœuvre aux transporteurs et éviter les bris de service. De ce fait, les compagnies de transport peuvent à nouveau acheter des autobus scolaires au diesel, au propane ou à l’essence.
La position des transporteurs
Pour Claudia Boissonneault, vice-présidente d’Autocar Excellence et de Transport Fontaine ainsi que membre du conseil d’administration de la FTA, l’enjeu majeur que vivent les transporteurs est le manque de prévisibilité face à la situation.
«On s’en va où?, se demande-t-elle. Lorsqu’on fait des investissements sur des infrastructures, on a besoin de prévisibilité pour faire des montages financiers. On est dans le brouillard pour l’avenir et ce qui va se passer. C’est beaucoup de bonne volonté de la part de tout le monde, mais on doit retourner dans nos entreprises et prévoir ce qui va se passer. On doit nous donner les moyens de faire la transition énergétique, parce qu’actuellement, c’est possible qu’il y ait des bris de service.»
De son côté, Sylvain Auger, président d’Autobus Auger, compte seulement 10 véhicules électriques dans sa flotte, puisqu’Autobus Auger souhaitait «se donner les moyens de ses ambitions et faire les choses comme il le faut» lorsque la loi a été adoptée. Il ne craint donc pas de bris de service, mais il est conscient que ceux-ci continueront de rouler en déficit financier. Au-delà des coupures budgétaires pour le virage électrique du transport en autobus, sa plus grande préoccupation est d’obtenir les moyens nécessaires pour assurer la sécurité de «ce qu’il y a de plus précieux au monde, les enfants».
Si le sursis offert aux entreprises pour l’achat de véhicules électriques est bien reçu par Sylvain Auger, il est du même avis que la FTA, soit que les transporteurs ont besoin d’aide du gouvernement provincial pour participer au virage vert.
«Tout le monde dans le transport par autobus est pour un virage vert, mais il faut nous donner les ressources financières et le temps pour le faire adéquatement. On veut faire un virage intelligent, bien pensé et sécuritaire», explique le dirigeant de l’un des plus importants transporteurs scolaires de la province.