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Groupe de soutien

Al-Anon présent à Lévis en soutien aux familles touchées par l’alcoolisme

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Photo : Pexels - Tima Miroshnichenko

22 oct. 2025 11:03

Trois groupes Al-Anon se réunissent chaque semaine à Lévis pour offrir du soutien aux proches de personnes aux prises avec l’alcoolisme. Dans des salles de quartier ou dans les sous-sols d’églises comme Christ-Roi et Saint-Romuald, des conjoints, parents ou enfants adultes viennent y partager leurs expériences. Loin des regards, ces rencontres anonymes permettent de briser l’isolement et de trouver des outils pour mieux vivre au quotidien.

Par Jessica Gilbert

Fondé en 1951 aux États-Unis, Al-Anon est aujourd’hui présent dans 118 pays et compte environ 24 000 groupes. Dans la grande région de Québec, une quinzaine de rencontres sont organisées chaque semaine, dont trois à Lévis et une à Saint-Lambert-de-Lauzon.

À Lévis, les groupes se réunissent généralement en après-midi ou en soirée. «Le fait d’avoir plusieurs plages horaires permet à plus de gens de venir, même ceux qui travaillent ou qui ont de jeunes enfants», explique Hélène*, bénévole impliquée depuis plusieurs années. Les réunions reposent sur l’anonymat, la confidentialité et le bénévolat. 

«Ici, on ne dépend d’aucune institution. Les réunions sont financées uniquement par les contributions volontaires des membres», ajoute-t-elle.

Chaque rencontre suit un canevas  souple : une semaine est consacrée à une étape du programme, une autre à une tradition, la troisième à un partage d’expérience, et la quatrième à un sujet libre. «Quand un mois compte cinq semaines, on invite un membre à venir témoigner de son vécu. Ces moments sont toujours très riches», précise Marc*, membre régulier.

Mais au-delà de la structure, c’est surtout l’ambiance d’écoute qui marque les participants. «Tu peux venir, écouter et repartir. Il n’y a aucune obligation de parler. La seule règle, c’est de respecter l’anonymat», insiste Marc.

Pour de nombreuses personnes, franchir la porte d’Al-Anon est un pas difficile. «Je croyais être la seule à vivre ça, raconte Lucie. En entendant les autres, j’ai compris que je n’étais pas seule. Ça m’a aidée à respirer à nouveau.»

Hélène se souvient de ses débuts. «Quand j’ai assisté à ma première réunion, j’étais persuadée que je n’avais pas de problème. J’étais là pour aider mon conjoint. J’ai fini par comprendre que moi aussi j’étais affectée, et que j’avais besoin de prendre soin de moi.»

Les histoires partagées à Lévis reflètent les conséquences de l’alcoolisme sur les familles. «Quand mon fils est tombé dans l’alcoolisme, j’étais complètement dépassée. Ici, j’ai appris à ne pas couler avec lui. J’ai compris que je n’avais pas à porter son fardeau», confie Hélène, émue.

«J’essayais toujours de contrôler. Je comptais les bières dans le frigo, je vidais les bouteilles. Je pensais que ça allait régler le problème. J’ai fini par comprendre que ça ne servait à rien. Aujourd’hui, je mets mon énergie ailleurs», ajoute Lucie*.

Marc, pour sa part, résume un des enseignements clés répétés dans les réunions. «Je ne suis pas la cause, je n’ai pas le contrôle et je ne peux pas guérir la maladie. Pour beaucoup, cette phrase change tout. Elle enlève un poids énorme.»

Un besoin criant dans la région

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, l’alcool demeure la substance la plus consommée dans la province. À Lévis, comme ailleurs, ses effets se font sentir dans les familles.

«L’alcoolisme ne touche pas seulement la personne qui boit, mais tout son entourage. C’est une maladie familiale», rappelle Hélène.

Pour plusieurs proches, Al-Anon devient un lieu où reprendre son souffle. «On ne sort jamais d’une rencontre plus mal qu’en y entrant. On repart toujours avec une phrase, une idée ou un témoignage qui aide», dit Marc.

Une ressource encore trop discrète

Malgré sa présence à Lévis, le mouvement demeure méconnu. «Dans les années 1990, il y avait 54 groupes dans la région de Québec. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une quinzaine. Ce n’est pas parce que les problèmes ont disparu, mais parce qu’on manque de visibilité», constate Hélène.

Cette discrétion, bien qu’essentielle, complique parfois la tâche de rejoindre de nouveaux membres. «L’anonymat, c’est ce qui nous protège. Quand on franchit la porte, on laisse dehors nos titres, nos métiers, nos rôles sociaux. Ici, on est seulement des prénoms», souligne Lucie.

Avec le temps, plusieurs découvrent que le mouvement leur offre bien plus qu’un simple espace de parole. «Ça m’a appris à vivre dans la sérénité plutôt que dans la peur. Ça ne règle pas les problèmes des autres, mais ça m’a donné la force de continuer», conclut Lucie.

À Lévis, les trois groupes Al-Anon continuent d’accueillir chaque semaine de nouvelles personnes. Pour les proches d’alcooliques, ces rencontres constituent une ressource discrète mais essentielle, rappelant qu’il existe des solutions pour ne pas affronter cette épreuve seuls.

* Les noms utilisés sont fictifs afin de protéger l’anonymat des personnes témoignant dans l’article. 

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