En effet, la Municipalité a adopté un projet de règlement lors du conseil municipal du 2 août dernier, proposant de ne plus protéger le site patrimonial et de le céder au promoteur du projet résidentiel qui entoure ces vestiges. Ainsi, les intéressés ont un délai de 90 jours pour convaincre le conseil municipal de ne pas aller de l’avant avec ce projet de règlement et ainsi préserver les deux bases de canon et la chambre à munitions datant d’environ 1914.
«C’est quelque chose d’assez inusité de voir des casemates sur le territoire du Québec, on est plutôt habitué à voir ça en Europe. […] On avait produit un règlement de sauvegarde (à la Municipalité en 2014) et d’un seul coup, on voit des indices apparaître comme quoi on change les choses», s’est inquiété Pierre-Paul Sénéchal, président du GIRAM.
Si le projet de règlement de la Municipalité finissait par être accepté sans être modifié, les deux casemates seraient détruites et seulement la chambre à munitions serait restaurée et conservée, une proposition qui déplaît au GIRAM et à la Fondation Vimy.
«Nous sommes très inquiets de cette proposition qui est une révision d’une décision de 2014 sur les vestiges du fort de Beaumont. Même si le fort comprend seulement des vestiges et des ruines, il représente un témoin très rare de cette histoire non seulement au Québec, mais également au Canada», a soutenu Caitlin Bailey, directrice générale de la Fondation Vimy.
Une erreur qui a mis le feu aux poudres
Sur le site Web du Domaine Saint-Laurent, on pouvait y constater que les trois lots qui abritent les bases de canon du fort de Beaumont étaient mis en vente, une erreur qui a alarmé le GIRAM, de là son urgence d’agir.
Cependant, ces trois lots mis en vente, qui appartiennent toujours à la Municipalité de Beaumont, ont été retirés du site Web et David Christopher, maire de Beaumont, a souligné l’erreur du promoteur et a affirmé que ces trois lots n’auraient jamais dû être à vendre.
Bien qu’un projet de règlement ait été adopté par le conseil municipal proposant la destruction des deux bases de canon, le maire souhaite enten-dre la population lors d’une consultation publique.
«Ce qu’on propose, c’est de faire un parc et d’aménager (l’intérieur et le site extérieur) du dépôt de munitions. Nous sommes ouverts à entendre ce que les gens voudraient faire avec les bases de canon […] Selon ce qui sera proposé (pendant les 90 jours avant le rendu final de la décision), on pourra présenter ces alternatives au conseil municipal, a expliqué M. Christopher. On est ouvert aux propositions, mais il faudra qu’on présente un peu d’argent. Si on est capable d’avoir trois ou quatre partenaires, ce ne sera pas la même chose […] Je suis certain qu’on pourrait trouver une solution.»
C’est en effet le manque de financement qui a fait en sorte que la Municipalité a dû choisir de ne sauver que la chambre à munitions puisque le simple aménagement du site demandera un investissement minimal de 324 000 $, a indiqué le maire.
«C’est beaucoup d’argent. Nous ne sommes pas une grande Municipalité, mais on est en progression et ce développement résidentiel, c’est un projet important», a ajouté David Christopher.