La Société de transport de Lévis (STLévis) avait aboli, en juillet 2024, ses parcours Express vers la colline parlementaire (EOQ, ELQ, ESQ, ECQ). Pour pallier cette perte, deux nouveaux parcours dans Saint-Nicolas et Saint-Rédempteur, en direction de l’Université Laval, avaient été ajoutés.
La STLévis soutenait que «les fonctionnaires n’étaient juste plus au rendez-vous». Les représentants du service de transport indiquaient clairement des coûts élevés et la perte d’autobus pour de nombreuses heures lors de ces parcours pour expliquer la décision.
La grogne est toujours présente
Si l’annonce avait grandement fait réagir dès le départ, les anciens usagers en désaccord avec le retrait de ces parcours maintiennent toujours leur point.
Le Collectif Virage a élaboré trois questionnaires destinés exclusivement aux usagers des Express. L’un a été fait avant l’abolition, suivi d’un second quatre mois après le retrait et d’un dernier 10 mois après. 57 personnes ont répondu aux deux premiers questionnaires et 52 ont complété le troisième. 95 % de ces personnes se disent encore insatisfaits de la décision.
L’étude démontre que cette annonce a entraîné des conséquences avec l’utilisation des services de la STLévis. Quatre mois après le retrait, 8 des 57 répondants ont indiqué ne plus utiliser ses services, se tournant plutôt vers le vélo, le covoiturage, le traversier et leur voiture. 10 mois plus tard, 21 % des personnes se sont tournées vers d’autres alternatives.
Les anciens usagers indiquent ensuite que le temps de déplacement a considérablement augmenté depuis. Si au moment où les parcours étaient en fonction, le trajet prenait environ 46 minutes à l’heure de pointe du matin et 56 minutes le soir, quatre mois plus tard, ces temps ont grimpé à 65 minutes le matin et 85 le soir.
Le rapport conclut en demandant des investissements en transport en commun, entre autres en diversifiant les mécanismes de financement ainsi qu’en utilisant les pouvoirs accordés aux municipalités pour financer adéquatement les services.
La STLévis défend sa décision
Appelée à réagir aux résultats présentés par le Collectif Virage, la STLévis a d’abord tenu à apporter des précisions sur les raisons qui ont motivé la décision d’abolir les parcours.
Elle soutient que l’essor du télétravail est l’un des facteurs qui a provoqué une baisse de 60 % de l’achalandage vers la colline parlementaire en 2023 par rapport à 2019. «Ces parcours représentaient 9,9 % des validations OPUS de l’ensemble du réseau à l’automne 2019, mais seulement 2,1 % à l’automne 2023».
En plus, en 2023, le coût net assumé par la STLévis était «largement supérieur» à la moyenne, alors que le coût annuel des services à la colline parlementaire était de 819 573 $, pour des revenus estimés de 187 980 $.
Cette abolition a d’ailleurs permis la création de trois nouveaux parcours (23E, 24E, L4) et la bonification de la fréquence du Lévisien 3, se traduisant par une hausse d’achalandage de 15,5 % entre 2023 et 2025.
Quant à l’allongement des temps de parcours, Sébastien Mackey, directeur planification et développement du réseau de la STLévis, l’attribue en grande partie aux travaux sur les routes de Lévis et Québec. La société estime que la fin des chantiers sur le boulevard Guillaume-Couture en 2027 permettra de «ramener les temps de déplacement à des niveaux similaires à ceux observés à l’époque».
«Cette décision s’inscrit dans une logique d’efficacité, de pérennité financière et d’amélioration globale du service. Nous comprenons que certains déplacements ont été affectés, mais les résultats démontrent que la réorganisation a permis de mieux répondre aux besoins actuels et futurs d’un plus grand nombre d’usagers, comme le démontre la hausse d’achalandage substantielle observée depuis les deux dernières années», conclut la STLévis par voie de communiqué.