«On essaie de trouver le juste équilibre puisqu’on veut soutenir les familles, les aînés et les gens qui en ont vraiment le plus besoin alors qu’on traverse une période inflationniste. On veut aussi investir dans cette nouvelle économie, avec notre stratégie industrielle verte pour s’assurer qu’on ait de bons emplois pour les prochaines générations», a d’emblée déclaré Mme Bibeau, lors d’une entrevue téléphonique avec le Journal le 23 novembre.
Du même souffle, la membre du gouvernement libéral a aussi tenu à saluer les efforts consentis par Ottawa pour s’attaquer à la crise du logement. Elle estime notamment que les critiques de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui a salué un «pas de plus» vers la bonne direction, mais qui «ne suffira pas pour stimuler la création des 860 000 logements requis d’ici 2030 au Québec pour maintenir une abordabilité», sévères.
«Il y a énormément d’argent sur la table, notamment grâce à l’entente avec Québec qui permettra des investissements de 1,8 G$ en logement. Ça vient s’ajouter à d’autres programmes qui étaient ouverts et des investissements déjà en cours, la flexibilité additionnelle donnée à la SCHL et l’exemption de la TPS sur la construction de nouveaux immeubles locatifs. Ce n’est pas juste une question d’argent. Après que les gouvernements fédéral et provincial ont mis l’argent sur la table, c’est aussi une question de leadership local. Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue, et c’est ce que je crois qu’on fait. On ne peut pas aller plus vite que la capacité de construction sur le terrain. C’est d’ailleurs pour cela qu’on va essayer de faciliter l’arrivée des immigrants qui ont des compétences dans le milieu de la construction», a soutenu la ministre du Revenu national.
Une dette qui n’inquiète pas
Dans un autre ordre d’idées, Marie-Claude Bibeau a aussi tenu à répliquer à plusieurs critiques lancées depuis la présentation de l’énoncé économique en ce qui a trait à la dette fédérale.
Comme depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement libéral ne prévoit pas équilibrer ou enregistrer un surplus lors de ses prochains budgets. Même que certains analystes ont partagé dans les derniers jours leur inquiétude que des fluctuations économiques entraînent le gouvernement fédéral «dans une zone dangereuse pour les agences de cotation».
«Quand on se compare un peu avec les autres pays du G7 ou des pays comparables au Canada, nous nous trouvons dans une situation avantageuse. Plusieurs pays font face à une récession en ce moment alors qu’au Canada, on semble bien en mesure d’éviter cette récession. On tire bien notre épingle du jeu. Je vais faire un parallèle qui est un peu boiteux, mais qui permet d’illustrer la situation. Il faut comparer notre dette avec le revenu total. Quand on regarde l’hypothèque qu’on a, on ne peut pas la regarder seule. Il faut regarder le solde hypothécaire versus le revenu de la famille, qu’il y ait un équilibre raisonnable entre les deux. Et ça, on l’a. On est le pays le mieux positionné (à ce niveau)», a argué Mme Bibeau.
Pour elle, le retour à l’équilibre budgétaire, tel que promis par le Parti conservateur du Canada, ne serait synonyme que de coupes. «C’est facile de dire un peu n’importe quoi quand on est dans l’opposition. Pour arriver à l’équilibre budgétaire, il faut couper. C’est clair que pour les conservateurs, il n’y aucune considération pour la lutte aux changements climatiques. On coupe où? Dans l’allocation aux enfants? Aux soins dentaires pour les aînés? Pour nous, l’équité sociale, c’est important, c’est dans les valeurs des Canadiens», a répliqué Marie-Claude Bibeau.
Notons finalement que la ministre du Revenu national a aussi profité de l’occasion pour rassurer les entrepreneurs qui ont profité des prêts d’urgence consentis par le gouvernement fédéral lors de la pandémie et qui doivent les rembourser au cours des prochaines semaines. Dans le pire scénario, Marie-Claude Bibeau a déclaré que si les entreprises ne pouvaient rembourser par leurs fonds ou un prêt commercial le prêt d’urgence, «le prêt actuel se prolongera pour trois ans et les entreprises n’auront qu’à payer le minimum des intérêts de 5 %». «Il n’y aura personne d’acculé au pied du mur au mois de janvier», a illustré Mme Bibeau.