samedi 6 septembre 2025
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Étude

Les adolescentes désertent les parcs publics

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Les modules créés par Jambette ont été installés pour deux jours au parc de l'Anse-Tibbits à Lévis Photo : Étienne Vallières

04 sept. 2025 07:58

Selon une étude de l’organisme Respire, un OBNL montréalais qui offre des services de recherche qualitative sur des enjeux urbains, les adolescentes s’ennuient dans les espaces publics, notamment dans les parcs municipaux. L’entreprise lévisienne Jambette, le plus grand fabricant de jeux extérieurs au Canada, s’est allié à Respire pour répondre à cette problématique.

Lorsque l’organisme Respire a approché Jambette pour lui faire part de l’enjeu, Guy Caron, directeur du marketing et du développement de produits, a voulu comprendre pourquoi cette situation existe.

«C’est carrément un oubli, lance-t-il. Moi, ça fait 40 ans que je suis dans le domaine. Quand cette firme-là nous a sensibilisé à la fréquentation des parcs par les adolescentes, j’avoue que je n’avais jamais pris conscience de ça. Regardez dans les parcs, observez et dites-nous si vous voyez des adolescentes. C’est vrai que la proportion gars et filles est très différente. Pourquoi elles ne sont pas là? Elles sont où? C’est le départ de cette réflexion.»

Selon l’étude de Respire, l’aménagement des parcs publics ne correspond pas aux besoins des adolescentes. Généralement, plusieurs installations favorisent les activités en mouvement ou le sport. Or, l’étude décèle un désir pour plusieurs adolescentes d’avoir des espaces réservés aux activités à tendance sociale.

«Je pense que tout le monde qui conçoit des parcs, que ce soient des architectes ou les propriétaires de terrain, est intéressé à ce qu’on desserve l’ensemble des citoyens et des citoyennes. En prenant conscience qu’il y a un groupe d’oubliées, on essaie de trouver une solution pour elles», soutient Guy Caron.

La solution de Jambette

Si l’étude révèle que cette problématique se remarque dans tous les pays industrialisés, peu de solutions sont présentement appliquées pour y répondre. C’est pourquoi Jambette a pris le pari de concevoir, en collaboration avec l’organisme Respire, la collection O-Asis, un mobilier de parc qui pourrait «redonner aux adolescentes une place légitime et confortable dans l’espace public».

C’est la première fois en Amérique du Nord que des modules de jeux et de mobilier urbain sont spécialement conçus pour les adolescentes. Jambette tente donc de s’installer dans les parcs municipaux et, éventuellement, de devenir un leader dans le domaine sur la scène internationale.

«On prend le pari que les adolescentes vont être attirées par ce genre de produits, vu le type d’activités qu’elles aiment faire, explique Guy Caron. Elles pratiquent des activités sociales, donc elles cherchent plutôt des lieux de regroupement qui sont à la fois un cocon, qui ne sont pas trop isolés et qui sont en hauteur pour permettre de voir alentour d’elles. Toutes ces choses-là ont été prises en compte pendant la conception. Les modules seront accessibles à tous. Il n’y aura pas une affiche “Pour les adolescentes”, mais on pense simplement qu’on va mieux répondre aux besoins de cette clientèle-là avec ces produits.»

Effectivement, les modules sont conçus comme des cocons arrondis où il est possible de s’asseoir en groupe et de s’isoler. Selon Jambette, «chaque détail a été pensé pour favoriser la sociabilité, l’intimité et le sentiment d’appartenance, une révolution discrète mais essentielle dans l’urbanisme inclusif».

Pour l’entreprise lévisienne, la prochaine étape est de faire intégrer sa nouvelle collection de modules dans les parcs municipaux.

«Pour nous, c’est une mission sociale, ajoute Guy Caron. On a toujours eu comme vocation d’offrir des produits pour tous les groupes de citoyens et nos clients aussi. Si on les sensibilise à ça, ils sont rapides à dire que ça ne fait pas leur affaire de ne pas desservir un groupe de notre population. Les municipalités sont curieuses et sont bien organisées pour recevoir des nouvelles tendances. On est convaincu qu’il y aura un intérêt pour ça.»

 

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