Des statistiques
En plus de ces quelque 200 entreprises, Talan a aussi pris en considération plusieurs études et articles sur le sujet de la productivité en entreprise et a mené une vingtaine d’entrevues auprès d’experts du milieu. Ainsi, les premiers chiffres de l’étude démontrent d’abord que le secteur manufacturier au Québec est en augmentation à plusieurs niveaux depuis 2010.
Le produit intérieur brut (PIB) du secteur manufacturier a connu une croissance de 0,6 % en moyenne par année au cours des 15 dernières années, passant de 50 G$, en 2010, à 55 G$. Le secteur manufacturier québécois occupe 12,4 % du PIB total au Québec.
Cette croissance est également constatée au chapitre des exportations qui sont passées de 47 G$, en 2010, à 98 G$, soit une augmentation moyenne par année de 5,4 %. Les investissements en immobilisations chez les entreprises manufacturières sont passés de 2,7 G$ à 8,2 G$ au cours des dernières années, une augmentation de 8,2 % par année.
Quant aux emplois directement liés au secteur, on y retrouvait environ 507 000 travailleurs en 2010 tandis qu’aujourd’hui, le chiffre se situe autour de 506 000 travailleurs. Cependant, 24,5 % de ces travailleurs dans le secteur manufacturier ont plus de 55 ans, ce qui explique que le manufacturier est le domaine où l’âge moyen est le plus élevé dans l’économie québécoise.
«On s’en va vers des retraites inévitables et c’est normal, mais il va falloir de la relève. Le défi, c’est d’attirer les jeunes vers le secteur», a ajouté Louis Duhamel.
Notons également que chaque tranche de 10 emplois dans les entreprises manufacturières crée 5,9 emplois dans le secteur des services.
À la quête de la productivité
«On fait de bonnes choses au Québec et au Canada, mais je crois qu’en termes de productivité, il faut vraiment s’y mettre (pour devenir plus compétitifs)», a présenté le président de LJD Conseil.
Ce sont 79 % des entreprises participantes à l’étude qui ont exprimé que la productivité dans leur entreprise était vue comme un défi important.
«C’est une bonne nouvelle ça. Avant, on voyait la plupart dire que la productivité n’était pas un défi important et qu’on ne s’en souciait pas. Maintenant, on reconnaît l’importance et l’impact de la productivité sur le succès des entreprises», s’est réjoui Louis Duhamel.
Cependant, les répondants ne s’entendent pas sur comment mesurer la productivité et aucun d’entre eux n’ont évoqué la productivité durable, démontre cette étude.
«Comment se fait-il qu’un si vieux concept ne soit pas clair pour un secteur qui a l’habitude de se mesurer et se comparer? On ne se comprend pas, il faut se donner un indice pour que tout le monde au Québec puisse se comparer et s’améliorer dans la même direction», a soutenu l’expert.
Enclencher le virage
Afin d’aborder la productivité en entreprise, on dénote plusieurs aspects qui entrent en ligne de compte, dont la conscientisation, la recherche d’information, la planification, le recrutement, la formation, le financement, déployer les projets de productivité et effectuer le suivi ainsi qu’un post mortem. Chacune de ces étapes comprend ses défis, mais certaines sont plus critiques que d’autres aux yeux des entrepreneurs.
Pour la conscientisation et la recherche d’information, les entreprises répondantes ont le défi de mobiliser les équipes de travail à l’urgence d’agir et comment en faire un projet rassembleur. L’identification des technologies et équipements à forte valeur ajoutée ainsi qu’effectuer une veille sur les solutions de l’intelligence artificielle disponibles sont aussi des préoccupations des répondants à l’étude.
L’enjeu qui entraîne le plus de défis auprès de ces entrepreneurs est celui relié au recrutement et à la formation.
«Ils veulent trouver des moyens d’attirer et retenir la main-d’œuvre qualifiée, spécialisée et locale, trouver des profils d’experts sur des sujets spécifiques et mettre sur pied des formations non académiques adaptées en usine pour conserver leurs employés sur le terrain», a souligné Louis Duhamel.
Ainsi, la tournée Impératif productivité se poursuit à travers le Québec jusqu’à la fin juin. Alors que Lévis était le troisième arrêt, l’organisation s’est arrêtée à Shawinigan, Sherbrooke, Drummondville ainsi que Granby et poursuivra son parcours à Rivière-du-Loup, Saint-Laurent, Québec, Laval et Longueuil.