Par Érick Deschênes

 Après des saisons misérables qui ont permis de mettre la main sur Juraj Slafkovsky, David Reinbacher et Ivan Demidov, le CH a réussi une spectaculaire qualification pour les séries éliminatoires la saison dernière et a amorcé la présente campagne sur les chapeaux de roue.

Cependant, la majorité des matchs du Bleu blanc rouge en octobre était contre des formations qui ne s’étaient pas qualifiées pour les séries en 2024-2025. Couplé à une série de blessures qui ont frappé des cadres importants de l’équipe (Guhle, Laine, Dach et Newhook), le retour du balancier a frappé fort jusqu’à maintenant en novembre et les Canadiens connaissent moins de succès.

Toutefois, les partisans de la Sainte-Flanelle n’ont plus la même patience que lors de la première phase de reconstruction. J’ai assisté au match de samedi contre Boston et c’est flagrant de constater cet état d’esprit dans les estrades. La foule a manifesté à plusieurs reprises son mécontentement face aux insuccès de l’équipe en avantage numérique ainsi que le faible nombre de tirs dirigés vers le cerbère des Bruins, Jeremy Swayman.

Contrairement à jeudi dernier où le CH a été martyrisé 7 à 0 contre les Stars de Dallas devant ses partisans, la troupe de Martin St-Louis a été dans le coup pendant tout le match et n’a baissé pavillon que par un seul but, 3 à 2.

On sent donc que les partisans en ont assez des résultats médiocres et veulent que leur équipe performe aussi bien qu’en octobre. Mais est-ce réaliste?

Le Tricolore n’a toujours pas de centre offensif de deuxième trio, pouvant alimenter efficacement Ivan Demidov et son autre compagnon d’unité. En plus, les joueurs qui peuvent tenir leur bout sur ce trio quand ils sont en santé et impliqués, Patrik Laine, Kirby Dach ou Alex Newhook, sont blessés et n’ont pas été remplacés qualitativement parlant. Malheureusement, les espoirs qui poussent avec le club-école, sont soit des espoirs déchus, lire ici Joshua Roy, ou ne peuvent qu’occuper des chaises sur le troisième ou le quatrième trio, pensez ici à Jared Davidson, Owen Beck ou Florian Xhekaj.

En l’absence de Kaiden Guhle, on constate également qu’il manque des pièces à la défensive du Canadien. Alexandre Carrier et Jayden Struble sont de bons défenseurs défensifs, mais efficaces sur une troisième paire de défenseurs dans un club côtoyant les hauts sommets du circuit Bettman. Pour sa part, Arber Xhekaj démontre de plus en plus son inutilité. Il nuit à son équipe pour la relance et le jeu défensif. Et lors de ses deux derniers combats, la seule raison selon moi pourquoi il est toujours dans l’alignement du Tricolore, il a été vaincu.

Il manquerait donc un défenseur à bon gabarit et efficace en défensive sur une deuxième paire de défenseurs, du genre de Nikita Zadorov.

Samedi dernier, c’était flagrant vu d’en haut dans les estrades. Encore une fois en novembre, le Tricolore est pitoyable en couverture défensive et la faute ne doit pas retomber en totalité sur les épaules des gardiens du Tricolore, Samuel Montembault et Jakub Dobes. Lors du match contre les Bruins, David Pastrňák et ses coéquipiers se sont amusés comme des petits fous, en raison des erreurs dans sa zone défensive du CH.

Si certains aspects des performances des Canadiens sont sous le contrôle de l’équipe d’entraîneurs (efficacité en avantage numérique, couvertures défensives), l’équipe performe selon son talent. Selon moi, le Canadien est actuellement à sa place avec l’alignement actuel, une bonne équipe, mais pas non plus une formation élite de la Ligue nationale de hockey.

Alors, Kent Hughes et Jeff Gorton se retrouvent désormais à un embranchement. Est-ce qu’ils ne touchent pas à la formation actuelle et ils attendent de pouvoir attirer de gros agents libres ainsi que de voir poindre dans l’équipe des espoirs qui boucheraient les trous actuels comme Michael Hage, David Reinbacher et Alexander Zharovsky?

Ou ils tentent le même coup que l’an dernier, soit d’aller chercher des vétérans, tels Tage Thompson, Steven Stamkos ou Ryan O’Reilly, pour colmater les brèches, relancer l’équipe et calmer la grogne de plusieurs partisans?

Malheureusement pour ceux qui aimeraient que les Canadiens connaissent des succès immédiats, je crois que l’heure du Tricolore n’est pas encore venue. Il y a trop de brèches selon moi à colmater pour l’état-major. Minimalement, il faudrait que Montréal mette la main sur un centre offensif de deuxième trio, un défenseur défensif de gros format et un ailier pouvant jouer sur les deux premiers trios afin que la troupe de la Métropole soit redoutable et fasse un bon bout de chemin en séries.

J’ai peur que pour obtenir rapidement ces pièces, le Bleu blanc rouge doive se départir de ses plus beaux espoirs, tels Michael Hage ou Alexander Zharovsky.

On le voit actuellement, le Tricolore a besoin d’améliorer sa profondeur quant aux joueurs qui peuvent prendre le relais temporairement sur les deux premiers trios.

La patience est toujours une excellente conseillère. Il ne faut pas que l’état-major de la Sainte-Flanelle bousille tous les efforts consentis au cours des dernières années pour accélérer une reconstruction. Cela pourrait bien sauter au visage de ses architectes.