«C’est à la suite d’une tournée initiatique sur les routes du Mississippi et de la Louisiane que l’envie de perpétuer les mémoires du début du jazz s’est imposée. À l’époque où le swing était roi et malgré la prohibition, le style dominait les pistes de danse des cabarets clandestins. Alors qu’aux États-Unis la vente d’alcool était interdite, les Américains venaient jusqu’à Montréal pour investir dans le domaine, ce qui nous a d’ailleurs légué de magnifiques théâtres», explique celle qui est à la barre du projet Tea for 20’s depuis 2010, la chanteuse-musicienne et productrice Lily Thibodeau.
Le groupe, qui compte six musiciens, transporte le public dans un univers riche et inspirant, regorgeant de créativité, de joie et de fraîcheur. Enregistré entièrement live, l’album The Dipsy Doodle s’illustre avec un premier extrait radio, la chanson When I Get Low, I Get High, composée par Marion Sunshine et interprétée par Ella Fitzgerald en 1937. C’est Lily Thibodeau elle-même qui a réalisé la vidéo.
Alors que la pandémie compromet ses plans de tournage, «je me suis revirée de bord et je me suis dit que j’allais sortir une nouvelle idée et tourner un clip». «En deux jours, j’avais tourné les images toute seule, dans une boutique de Lévis située sur la côte du Passage, raconte la chanteuse. Je suis arrivée sur place et je leur ai demandé si je pouvais filmer.»
Lily Thibodeau peaufine ensuite le montage des images, filmées grâce à son téléphone cellulaire, pour un rendu vintage, rythmé, coloré et dansant à l’image de la chanson. Et la réalisation de cette vidéo s’est avérée un beau projet, pour pallier l’absence des spectacles, annulés à cause de l’interdiction de se rassembler.
Aller chercher une énergie créative
«Ce qui m’a gardé positive. Car, il faut avouer que la pandémie a été un coup dur pour notre métier. Pour un artiste qui est habitué aux contacts humains, à être sur la route, ça change une vie. Je n’avais pas le choix de me rattacher à la création et de me mettre dans un état de spontanéité, confie l’artiste. Je suis habituée de carburer à l’adrénaline et la performance qui m’amènent des gros pics d’émotion. Toute seule à la maison, il a fallu que j’aille chercher l’énergie en me donnant des défis.»
Titre de l’album, la pièce The Dipsy Doodle «représente la fièvre de tomber en amour, l’euphorie des soirées de danse et ça vient avec une chorégraphie le Tranky Doo, dansée partout à travers le monde», précise Lily Thibodeau, qui mentionne que ce disque a été créé en pensant aux danseurs et représente ce que le groupe leur propose lors de ses shows.
Sur ce nouvel opus également, Love Me Or Leave Me est une chanson que «je trouvais importante de ramener avec les bons crédits, parce qu’elle a surtout été popularisée par David Lee Roth, une version plus loufoque. La chanson originale, c’est une pièce de blues, le vrai blues qui fait mal», fait savoir la chanteuse.
Un nouveau projet est maintenant en train de prendre forme avec un film qui rassemble la communauté swing «au complet de Québec», Swing sur la route. «Je pars sur la route à travers le Québec pour faire découvrir les troupes de danse qui sont bien vivantes partout et veulent continuer de danser», présente Lily Thibodeau, qui signe avec Tea for 20’s la trame sonore de cette heure de musique et de chorégraphie. La sortie est prévue cet automne. «Créer, c’est ce qui me garde en vie», conclut-elle.