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«Oui, on a eu des situations avec le voisinage, mais on les a réglées. À date, ça s’est bien passé et on a reçu de bons commentaires. Même que des partenaires nous ont interpellés pour savoir comment intervenir quand des personnes en situation d’itinérance se présentent dans leur milieu. De notre côté, quand on nous interpelle, c’est souvent dans la prévention avec une grande ouverture», lance d’emblée Elyse Lemay, directrice générale du CAPJ Lévis.
Les intervenants du 55 encouragent les usagers à entretenir des actions de bon voisinage régulièrement, que ce soit de passer le balai sur le coin de la rue, sortir les poubelles, effectuer le désherbage et entretenir des interactions courtoises avec les passants, donnent en exemple les représentants du CAPJ Lévis.
«On veut, comme les étés passés, assurer une vigie et s’assurer que nos usagers veulent s’entretenir avec notre voisinage. Afin qu’ils aient et développent de bonnes habilités sociales», soutient Nancy Turgeon, directrice du déploiement des services et de la formation des intervenants au CAPJ Lévis.
«On ne peut pas tout contrôler. On ne peut pas suivre les gens à la trace quand ils quittent nos services, mais on tente le plus possible de ramasser ce qu’ils peuvent laisser derrière quand ça arrive», ajoute Richard Bégin, directeur général sortant du CAPJ Lévis.
Pour les représentants de l’organisme communautaire lévisien, il faut mettre en perspective que ce ne sont pas nécessairement que des usagers du 55 qui peuvent causer des enjeux ou des désagréments dans le secteur et que toute une panoplie d’individus gravite autour de la ressource.
«Il faut savoir qu’il y a des gens qui sont de passage tous les jours et qui ont des domiciles tout près du 55. Ce sont des gens qui ont un travail ou qui habitent en ressource, ils viennent prendre un café tous les matins pour socialiser et ensuite, ils partent travailler. Ça brise l’isolement», explique Nancy Turgeon.
L’enjeu de sécurité
S’ils reconnaissent que le 55, côte du Passage, peut apporter un enjeu de sécurité dans le Vieux-Lévis, la direction du CAPJ Lévis souligne toutefois que sa clientèle n’est pas criminalisée, «il y en a un peu, mais rien de majeur».
«On tente de faire du mieux qu’on peut dans nos interventions. C’est sûr qu’on a un cadre à respecter à l’intérieur de la ressource. Ça arrive qu’on doive expulser des gens et ça arrive qu’il y ait des interventions policières parce que les gens ne veulent pas coopérer. On travaille du mieux qu’on peut pour assurer la sécurité des gens qui fréquentent notre environnement», souligne Elyse Lemay.
«Oui, on a des interventions parfois, mais ces personnes ne sont pas dangereuses. Ce sont des gens avec des comportements qui peuvent être dérangeants ou hors norme pour le voisinage, mais ils ne sont pas dangereux», renchérit Nancy Turgeon.
Aussi, l’organisme communautaire fait part que la majorité de ses usagers proviennent de Lévis et que ceux de l’extérieur sont moins nombreux et ne sont souvent que brièvement de passage.
«Il y a beaucoup plus de gens à Lévis qui quittent pour avoir des services du côté de Québec que l’inverse. Quand ils arrivent au 55 après une journée ou deux, ils n’ont plus rien à faire ici, ils repartent de l’autre côté de la rive parce qu’il y a plus de services», précise Richard Bégin.
À la recherche de solutions
Si le dossier de la relocalisation de la ressource continue d’avancer, ce déménagement ne s’effectuera pas cet été. Cependant, le CAPJ Lévis mettra en place un service de médiation urbaine, en collaboration avec Équijustice. Ainsi, des intervenants seront déployés dans le voisinage, notamment pour «aller chercher le pouls et ramener les éléments constatés sur le terrain pour composer avec le voisinage et trouver des alternatives ainsi que des mesures d’atténuation des problématiques».
«On ne peut pas dire que nous ne sommes pas conscients de ce que les citoyens vivent, observent et de leur sentiment, on est des êtres humains nous aussi, on comprend cette réalité-là. Ce qu’on voudrait aussi c’est que les gens comprennent qu’on essaie de faire ce qu’on peut pour aider cette clientèle pour diminuer les situations déplaisantes que les résidents et commerçants du secteur peuvent vivre. Plus il va y avoir un début de communication saine entre toutes les parties, c’est de là que la solution va venir», conclut Elyse Lemay.