mardi 7 octobre 2025
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Nouvelle réforme du droit du travail

Les syndicats veulent que la «diversion» du gouvernement Legault cesse

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Photo : Archives - Gilles Boutin

30 sept. 2025 07:00

À l'approche de la nouvelle session à l'Assemblée nationale, les organisations syndicales québécoises ont fait une sortie, dimanche, pour ne pas aller de l'avant avec son projet de réforme du «régime syndical», une «diversion selon eux». Les groupes lui demandent plutôt de «s'attaquer aux véritables défis qui touchent la population québécoise».

«Ce n'est pas en sabrant dans les services et nos réseaux publics qu'on va répondre aux besoins croissants de la population. Il faut renforcer l'État, pas l'affaiblir. Le gouvernement met à pied du personnel - se privant ainsi d'une expertise importante - au profit de la sous-traitance, qui coûte bien souvent le double. Et ce, sans compter les nombreux dépassements de coûts comme on a pu le voir avec SAAQclic et le dossier de santé numérique», ont déploré porte-paroles Robert Comeau, de l'APTS, Luc Vachon, de la CSD, Caroline Senneville, de la CSN, Éric Gingras, de la CSQ, Mélanie Hubert, de la FAE, Julie Daignault, de la FIQ, Magali Picard, de la FTQ, Michel Girard, du SFPQ et Guillaume Bouvrette, du SPGQ.

En plus de critiquer les «mesures d'austérité» envisagées par le gouvernement caquiste, les syndicats s'en sont pris à l'adoption du projet de loi 89, qui limite selon eux le droit de grève, ainsi qu'à l'intention du gouvernement de modifier certains paramètres de la formule Rand.

«Est-ce vraiment la direction que les Québécoises et les Québécois souhaitent prendre? Nous sommes convaincus que non. Pointer du doigt les syndicats est une stratégie de diversion. Le gouvernement Legault, en déroute populaire, cherche à consolider sa base avec ce discours, tout en muselant les critiques. Mais sur le fond, ce n'est rien pour améliorer le quotidien des gens, ce n'est porteur d'aucune solution et ça mine à la fois le dialogue et la paix sociale.»

Du même souffle, les syndicats affirment qu'ils veulent eux-aussi moderniser le modèle des relations de travail au Québec. Ils plaident que le tout doit se faire en concertation, comme le démontrent selon eux le lancement des États généraux du syndicalismes le printemps dernier.

«Plutôt que de chercher des boucs émissaires, le premier ministre devrait s'engager dans un dialogue social sérieux. Nous, ce qu'on propose, c'est une discussion franche avec nos membres et la société civile, car ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font fonctionner le Québec au quotidien.»

Le CPQ et le PCQ s'en mêlent

Au lendemain de la sortie des syndicats, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a dévoilé lundi les résultats d'un sondage Léger sur la perception des Québécoises et des Québécois face aux syndicats et aux conflits de travail. 

Selon le coup de sonde commandé par le CPQ, 52 % des répondants jugent que les conflits de travail ont surtout des impacts négatifs pour la société. Pour leur part, 29 % des sondés souhaitent la modernisation des lois encadrant les relations de travail et 28 % d'entre eux aimeraient même qu'elles soient renforcées pour protéger davantage les services à la population.

59 % des personnes interrogées considèrent les syndicats comme utiles, mais 29 % d'entre elles estiment que leurs revendications sont souvent excessives ou déconnectées des réalités.

«Les syndicats reconnaissent eux-mêmes le besoin de moderniser leurs méthodes. Nous croyons que les états généraux qu'ils mèneront jusqu'en 2026 représentent une occasion unique de réfléchir collectivement à l'avenir du dialogue social. Mais pour cela, il faut que les syndicats aillent au bout de leur promesse et partagent clairement leurs constats et leurs pistes d'action. La population le confirme : il est temps de travailler à des solutions adaptées aux réalités du marché du travail d'aujourd'hui et de demain. Le patronat s'est modernisé au cours des ans. Nous avons besoin d'un syndicalisme ouvert et pragmatique, capable de bâtir avec nous des relations de travail porteuses pour l'ensemble du Québec», a déclaré Marie-Claude Perreault, PDG par intérim du CPQ.

Le regroupement s'est ainsi réjoui de l'entrée en vigueur prochaine du projet de loi 89. «En réaffirmant le droit fondamental des citoyens à recevoir les services essentiels auxquels ils ont droit, cette nouvelle législation répond directement aux préoccupations exprimées par la population dans le sondage», a souligné le CPQ.

Quant à lui, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, a réagi à la sortie des syndicats en donnant son appui à l'intention du gouvernement Legault de changer des paramètres de la formule Rand.

«Le temps est venu de remettre les syndicats à leur place au Québec, c’est-à-dire au service des travailleurs. Les syndicats québécois jouissent de privilèges uniques : obliger des travailleurs à verser des cotisations et percevoir ses cotisations directement sur leurs chèques de paye. Aucune autre organisation ne bénéficie de tels faveurs de la part du gouvernement. Depuis trop longtemps, ces syndicats devenus super puissants et riches détournent une partie des centaines de millions $ que vous leurs versez obligatoirement pour faire de la politique partisane. Le mini-minimum serait que chaque travailleur accepte que son argent serve à faire avancer des causes politiques plutôt que de lui négocier de meilleures conditions de travail», a martelé le chef conservateur.

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