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Crise agricole

Une précarité bien ancrée

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Des producteurs de la MRC de Lotbinière s’étaient rassemblés devant les bureaux de la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours le 19 avril dernier. Photo : Archives

05 juin 2024 10:42

Plus de la moitié des entreprises agricoles du Québec (52 %) sont à risque de ne pas pouvoir faire face à leurs obligations financières, 42 % ont un solde résiduel négatif et 67 % des agriculteurs de la relève éprouvent des difficultés financières.

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Ces chiffres qui frappent l'imaginaire sont le résultat d’un sondage réalisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA), du 25 mars au 22 avril, auprès de 3 552 producteurs du Québec.

Ainsi, 11 % des entreprises affirment envisager une fermeture temporaire ou définitive dans les 12 prochains mois. En Chaudière-Appalaches, ce seraient 55 entreprises qui seraient contraintes à le faire.

Ces résultats inquiètent l’organisation qui demande une fois de plus aux gouvernements d’agir dans un contexte où le revenu net agricole s’effondre. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit une perte de 86,5 % de revenus. Cela s’ajoute à celle de 2023 qui était de l’ordre de 49,2 %.

«En 2024, en revenus bruts, nous devrions encaisser des recettes record d’après AAC. En même temps, ce sera comme en 1939, avec la plus grande chute de revenus nets enregistrée par les producteurs», a résumé le président du syndicat local de l’UPA, James Allen.

Il précise que la hausse du prix du diésel, du coût des intrants, du prix du grain, des taux d’intérêt, etc., vient jouer sur leur marge bénéficiaire. À titre d’exemple, il rappelle la fermeture de l’abattoir d’Olymel, à Vallée-Jonction. «Ça coûte plus cher de faire abattre un porc. Il leur en reste moins dans leurs poches.» Quant au maïs, son prix dépend des marchés boursiers. «La seule décision à prendre, c’est le moment de la vente.»

Des propositions

Par ailleurs, les producteurs et l’UPA ont présenté différentes solutions et des demandes qui pourraient être étudiées par le gouvernement. Parmi celles-ci, on compte une actualisation importante des programmes d’aide à la relève et des règles fiscales. «Est-ce qu’il y aurait une possibilité de soutenir nos fermes de la relève par rapport aux taux d’intérêt?», questionne M. Allen.

Puisque ces producteurs viennent d’acheter, leur endettement est plus élevé parce que l’emprunt est plus important. Ils sont donc plus touchés par les taux d’intérêt. Il rappelle qu’en agriculture pour «1$ de revenu, il faut que j’en investisse 8$». C’est pour cette raison qu’ils demandent, entre autres, un remboursement des taux d’intérêt pour la relève.

L’UPA veut également que le gouvernement mette en place une réglementation environnementale raisonnée qui respecte le rythme d’adaptation des entreprises agricoles. «Peu importe le type de production, les autorisations à demander c’est un travail à faire en surplus. On estime que les producteurs québécois investissent de 300 à 800 M$ là-dedans», poursuit-il.

S’ajoutent les centaines de millions de dollars investis dans le Fonds vert par les agriculteurs qui pourraient leur être retournés sous forme d’aide pour l’adaptation aux changements climatiques.

Valeur des terres : La hausse se poursuit

La valeur des terres agricoles en Chaudière-Appalaches a grimpé de façon fulgurante en 2023. Le bulletin Transac-Terres de la Financière agricole du Québec (FADQ), publié en mai dernier, indique qu’en Chaudière-Appalaches Nord, la valeur moyenne s'est appréciée de 76 % entre 2022 et 2023.

En 2023, la FADQ a comptabilisé 927 transactions de terres agricoles au Québec, de ce nombre, plus de 200 (22 %) ont été faites en Chaudière-Appalaches.

Dans la région de Chaudière-Appalaches Nord, qui englobe la MRC de Lotbinière, cette augmentation de 76 % de la valeur moyenne des terres (16 692 $ l’hectare) s’explique par le fait que les terres vendues à plus de 10 500 $ l’hectare représentent 54 % des transactions. En 2002, elles représentaient 34 %.

S’ajoutent les transactions réalisées à moins de 5 500 $ l’hectare qui ont diminué. Elles sont passées de 36 % en 2022 à 25 % en 2023.

Concrètement, la plus petite transaction a été conclue pour 2 070 $ l’hectare et la plus élevée à 72 700 $ l’hectare en 2023. L’année précédente, la plus petite était de 1 490 $ l’hectare et la plus élevée de 28 500 $ l’hectare.

Pour la région Chaudière-Appalaches Sud, la proportion des terres agricoles transigées à plus de 10 500 $ l’hectare est de 42 %. Elle était de 26 % en 2022. De plus, 18 % des terres ont été vendues à un montant inférieur à 5 500 $ l’hectare. C’était 35 % en 2022. C’est ce qui explique la croissance de 41 % de la valeur moyenne qui s’établit à 12 776 $ l’hectare.

La plus petite transaction a été conclue à 2 120 $ l’hectare et la plus élevée à 60 700 $ l’hectare.

 

 

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