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Pour Autisme Chaudière-Appalaches, la situation est complexe. Comme il ne s’agit pas d’un organisme à part entière, mais plutôt d’un mandat donné à l’organisme L’Arc-en-Ciel, regroupement de parents et de personnes handicapées (RPPH) par le CISSS-CA en 2011 afin d’être les «yeux sur le terrain pour mieux orienter les familles et les soutenir», Autisme Chaudière-Appalaches n’a pas accès aux mêmes financements que les autres organismes, et ce, même si son mandat a grossi avec les années.
«Nous avons voulu brosser un portrait des besoins réels, soit la socialisation, le suivi psychosocial, l’aide financière ponctuelle pour l’achat de matériel sensoriel, la création d’un réseau social stable, le développement du sentiment d’appartenance et bien plus. Honnêtement, nous étions fiers de nos réalisations et nous pensions que le CISSS-CA le verrait aussi. Nous avons alors tenté des négociations pour revoir l’entente de son financement en illustrant les besoins réels du territoire, mais ce fut refus après refus. Il n’y a pas d’argent pour cela. Néanmoins, nous sommes un des plus grands territoires et nous sommes de ceux qui reçoivent le moins», soutient Maude Perreault, directrice générale de l’Arc-en-Ciel, RPPH.
Une région sous-financée
Effectivement, selon les données de l’Agence du revenu du Canada (ARC), Autisme Chaudière-Appalaches reçoit 56 000 $ de financement gouvernemental pour un budget total de 70 000 $, alors que l’organisation est composée d’une personne pour desservir une population de 438 106 personnes. À titre de comparaison, Autisme Laval reçoit 210 854 $ pour desservir 443 192 personnes, Autisme Estrie 194 804 $ pour 277 384 personnes et Autisme Centre-du-Québec 204 953 $ pour 254 124 personnes.
En raison de ce manque de financement, Autisme Chaudière-Appalaches met fin aux activités sociales, au fonds de soutien financier aux familles ainsi qu’à l’intervention psychosociale individuelle pour une durée indéterminée. Si certains services demeurent disponibles, comme les groupes de soutien pour parents et personnes autistes ou le service d’information et de référencement, l’organisation critique tout de même le manque de financement.
«Nous savons très bien que demain, les fonds attendus ne seront sans doute pas disponibles. Ce que nous déplorons, c’est qu’après quinze ans de discussions et de demandes, aucun ajustement n’ait été fait, autre que l’indexation annuelle de 2 % en moyenne. Nous voulons que le CISSS-CA reconnaisse enfin le travail exceptionnel qu’Autisme Chaudière-Appalaches réalise et que pour 2026-2027, un ajustement considérable soit fait, sans quoi nous devrons nous limiter qu’à des interventions téléphoniques pour sensibiliser et référer», lance Maude Perreault.
La réponse du CISSS-CA
Le CISSS-CA indique qu’il ne peut spéculer sur les motifs liés à la suspension des activités d’Autisme Chaudière-Appalaches, mais que tout le financement octroyé par le Programme de soutien aux organismes communautaires du gouvernement du Québec (PSOC) a été versé tel que prévu à l’organisme.
De plus, le CISSS-CA a tenu à rectifier que les sommes administrées aux différents organismes proviennent du MSSS. Il ajoute que toutes les allocations budgétées qui sont récurrentes ont été versées.
«Le CISSS a fait des représentations auprès des instances concernées au siège social de Santé Québec pour que les sommes attendues soient versées le plus rapidement possible. À leur tour les instances concernées au siège social de Santé Québec réalisent aussi des représentations auprès du MSSS», précise Mireille Gaudreau, relationniste médias pour le CISSS-CA.