jeudi 13 novembre 2025
Votre Journal. Votre allié local.

Main-d'œuvre > Affaires

Affaires

Revoir le monde du travail selon la méthode PMB

Les + lus

Photo : Étienne Vallières

12 nov. 2025 08:55

Critique du marché du travail, le Lévisien Dominique Tremblay, co-propriétaire et président-directeur général chez Produits Métalliques Bussières (PMB) ainsi que cofondateur du Café la Mosaïque, s’est donné comme mission de revoir les méthodes de gérer les entreprises. Il explique sa vision dans son livre Pour arrêter de se tuer à l’ouvrage, qu’il a lancé le 23 octobre.

Ayant étudié à la maîtrise en éthique à l’UQAR, Dominique Tremblay a toujours eu un esprit de «justicier social». Il a éventuellement commencé sa carrière chez PMB à titre de dessinateur. C’est en 2017 que Steve Bussières lui a laissé les rênes de l’entreprise pour changer sa culture et effectué un virage vers une entreprise libérée.

«Je n’étais pas dirigeant, mais j’étais dérangeant, s’amuse à raconter Dominique Tremblay. Comme j’étais dérangeant, ils me demandaient de prendre en charge des affaires. J’avançais tranquillement et je faisais mes affaires, jusqu’à temps que Steve Bussières me dise, après une conférence à laquelle il avait assisté, qu’il voulait faire un switch dans la culture de l’entreprise. Il pensait que je serais bon, il m’a proposé de faire le changement de culture d’entreprise et j’ai dit oui.»

La méthode PMB

Pour construire cette nouvelle culture, Dominique Tremblay s’est inspiré de plusieurs auteurs, philosophes et psychologues qui ont réfléchi à l’idée de donner une plus grande part de responsabilité aux employés pour éviter de les éteindre. C’est avec cette mentalité que s’est construite la nouvelle manière de faire de PMB.

«C’est une philosophie très ouverte de la liberté, de l’autonomie et de l’altruisme. Ç’a l’air bizarre avec une entreprise qui fait des produits métalliques, puisque le métal c’est un peu dur, mais c’est vraiment ça. Qu’est-ce qui se passe si on laisse les gens prendre toutes les décisions liées à leur travail dans leur expertise? Si on prend un soudeur, par exemple, ce n’est pas à moi de lui dire quelle machine utiliser ou comment lire des plans de soudure. C’est lui qui le sait», explique le co-propriétaire de PMB.

Lorsque questionné à savoir si cette méthode de travail est déroutante pour les employés qui entrent dans cet environnement, la réponse de Dominique Tremblay est claire.

«Bien oui, répond-il rapidement en riant. C’est sûr, parce que le monde est plus habitué d’obéir au travail que de prendre en charge. Ça crée toutes sortes de distorsions, parce que tu obéis à qui? Tu obéis à quelqu’un qui, souvent, sait moins que toi ce qu’il y a à faire, qui a souvent des ambitions plus financières que de création de valeur et qui a peut-être un peu un égo surdimensionné. Au début, ils ont peur de se tromper, de faire des erreurs ou d’être jugés, mais plus on les guide dans le processus, plus on les équipe à mener des projets. Il y a énormément de choses, maintenant, qui se passent chez PMB et que je ne suis même pas au courant. Je trouve ça cool.»

Une entreprise performante

Si certains débordements peuvent arriver en raison d’employés qui ne sont pas habitués à autant de liberté, ces débordements laissent rapidement leur place à une plus grande performance chez PMB. En voulant créer une atmosphère bienveillante, c’est la productivité qui est augmenté.

«La bienveillance et la performance, en théorie, semblent être opposées. Souvent, les gens sont presque fâchés quand je parle de ce qu’on fait quand je suis dans les chambres de commerce. Les gens pensent que ça ne fonctionne pas. Il y a quelque chose dans l’humain qui pense que l’amour et la bienveillance, ça ne fonctionne pas avec la performance, mais ce que j’ai observé, c’est que c’est tout à fait le contraire. Ça va main dans la main. On pense qu’en contrôlant de manière solide et impitoyable, on va être plus performant, mais c’est faux. On dirait que c’est trop beau pour être vrai, mais on le vit dans une entreprise métallique. On est une manufacture, pas une start-up de jeux vidéo avec une rampe de skate et un barista», souligne Dominique Tremblay.

Des nouvelles méthodes de travail qui proviennent du plancher, de la transparence dans le processus de soumissions, une excellente rétention des employés et de clients ainsi que des prix d’excellence aux Pléiades sont toutes des raisons qui confirment à Dominique Tremblay que la méthode PMB peut fonctionner.

Réparer un «marché du travail brisé»

La raison pour laquelle ce dirigeant d’entreprise a choisi d’écrire un livre qui décrit sa méthode est claire, participer à réparer un «marché du travail brisé» et cesser d’éteindre des travailleurs.

«Plein de choses sont brisées, lance Dominique Tremblay. Pourquoi il y a autant de gens qui tombent en arrêt de travail? Comment des employeurs peuvent être aussi négligents sur la santé et la sécurité au travail? À chaque début d’année, il y a toujours un article qui dit que les grands PDG viennent de faire le salaire moyen actuel. Qui n’est pas fâché en voyant cet article-là? Ça ne se peut pas que tu crées de la valeur à cette hauteur-là, les ressources sont mal redivisées. Le milieu du travail est malade. Il tue l’environnement, il éteint les âmes, des gens se blessent ou se tuent littéralement à l’ouvrage. C’est sûr qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.»

Bien qu’il n’ait pas de grandes ambitions avec son livre, le Lévisien croit que celui-ci pourrait bénéficier à tous les dirigeants d’entreprises et gestionnaires d’équipes. La preuve, PMB reçoit régulièrement d’autres entreprises, organisations ou étudiants au MBA qui veulent comprendre sa méthode.

«En tant qu’entrepreneur et dirigeant, on a une plus grande responsabilité d’offrir des espaces de travail sains. On a plus de marge de manœuvre, c’est d’autant plus notre faute si ça va mal ou c’est d’autant plus notre responsabilité de le faire aller bien. Je ne dis pas ça pour être moralisateur, mais c’est sûr qu’on a plus de marge de manœuvre quand c’est notre entreprise», ajoute Dominique Tremblay.

Bien qu’il ne soit pas encore distribué en librairie, le livre autoédité de l’homme d’affaires est accessible sur le site Web de l’entreprise, au www.pmb-inc.ca.

Les + lus