Par James Létourneau
Coup d’oeil sur les déboires du Canada
Représenter le Canada dans cette compétition vient toujours avec une certaine pression de performances et avec des attentes. Et c’est normal, car le Canada représente normalement la suprématie du hockey dans le monde. Et le hockey est notre sport national. Mine de rien, l’Unifolié tentait de remporter le CMJ pour une troisième année consécutive.
Malheureusement, nos représentants canadiens n’ont pas su relever le défi et se sont fait éliminer en quart de finale, contre la Tchéquie. Surprenant diront certains, mais j’ai envie de vous dire que non, ce n’est pas surprenant! La troupe dirigée par Alan Letang n’a rien fait de très convaincant durant la période du 26 décembre au 2 janvier. Elle jouait trop dans la dentelle, en périphérie, tentant de trouver le jeu parfait, et avait de la difficulté à converger vers l’enclave et l’intérieur de la boîte défensive adverse. Et lorsqu’on le faisait, trop souvent, les lancers rataient la cible et touchaient la bande ou la baie vitrée derrière.
J’ai honnêtement rarement vu une équipe avoir de la misère à cadrer ses tirs comme le Canada. Je trouve personnellement qu’il manquait de papier sablé à cette formation. De fameux grinders capable de se salir le nez et faire la sale besogne dans les endroits difficiles à atteindre sur la glace.
En même temps, je me dis que lorsque ton meilleur joueur est un jeune de 17 ans, en Macklin Celebrini, c’est là que tu vois que tu es un peu dans le trouble dans ce genre de compétition, alors qu’on dit souvent que c’est un tournoi pour les joueurs de 19 ans principalement. Et, ne me parlez pas de Connor Bedard l’an passé! Des gars comme Bedard, avec un talent exceptionnel, il n’y en a pas toutes les années! Ce n’est pas pour rien qu’à seulement 18 ans, il est déjà une vedette dans la LNH!
Seul Owen Beck, espoir du Canadien de Montréal, était de retour de l’édition précédente, alors le manque d’expérience était flagrant. Toutefois, certains attaquants dormaient au gaz! Où était Matthew Poitras, qui évolue dans la LNH avec les Bruins de Boston, Jordan Dumais, meilleur joueur de la LHJMQ, Fraser Minten, le capitaine, Matthew Savoie et Easton Cowen? Ce sont tous des avants qui auraient pu faire une différence, mais ils ont été pratiquement invisibles dans les moments importants. C’est vraiment en attaque qu’il faut pointer du doigt. C’est offensivement que ça s’est joué, car à l’arrière, les défenseurs ont fait le travail et Mathis Rousseau, devant la cage, a gardé le fort.
Bref, c’est une année à oublier pour Hockey Canada, mais il ne faut pas partir en peur. L’an prochain, les joueurs n’auront pas la pression de gagner l’or une quatrième année de suite et ça repartira le compteur à zéro.
Nos voisins du Sud se couvrent d’or
Au contraire du Canada, ce que je retiens des États-Unis dans cette conquête de la médaille d’or, c’est la profondeur à l’offensive. Les Américains marquaient plus de six buts en moyenne par match. L’entraîneur David Carle avait du talent au pied carré sous sa main. Le talent est souvent synonyme d'opportunisme. Ils ont inscrit 15 buts de plus que la deuxième meilleure offensive du tournoi, soit celle de la Tchéquie. C’est assez révélateur!
Il n’en demeure pas moins que les États-Unis avaient quatre lignes capables de produire. Pour vous donner une idée, un gars comme Jimmy Snuggerud, placé sur le quatrième trio pour quelques matchs de la compétition, termine le tournoi avec huit points. Le meilleur attaquant du championnat était également du côté de l’équipe américaine, en Cutter Gauthier, fraîchement échangé aux Ducks d’Anaheim, dans la LNH. Bref, l’attaque des États-Unis était dévastatrice et ça a joué gros dans les succès de l’équipe.
Une médaille d’argent pour les Suédois
Pour ce qui est du pays hôte du CMJ 2024, la Suède, elle doit se contenter d’une médaille d’argent. Avec un alignement rempli de promesses, avec des joueurs comme les défenseurs Axel Sandin Pellikka, Theo Lindstein et les autres vétérans ainsi que les attaquants Noah Ostlund, Filip Bystedt, Liam Ohgren, Jonathan Lekkerimaki et Otto Stenberg, les Suédois pouvaient espérer gros et rêver grand.
Toutefois, fidèle à ses habitudes, la Triple Couronne n’a pas su aller chercher la victoire lors du match ultime. Devant ses partisans, la Suède a livré un bon tournoi, mais le goût amer de la défaite en finale restera assurément. Le cerbère Hugo Havelid a bien fait tout au long du CMJ. Les joueurs lui doivent une fière chandelle pour son brio devant la cage. Il a notamment été nommé sur l’équipe d'étoiles. De son côté, Lekkerimaki a reçu le titre de joueur le plus utile de la compétition avec une production de dix points, dont sept buts, en sept joutes. J’ai eu un coup de cœur avec le jeune arrière Sandin Pellikka. La façon dont il menait le jeu de puissance, c’était beau à voir.
La Tchéquie mérite sa place sur le podium
Les Tchèques ont débuté le CMJ lentement avec un revers face aux Slovaques. C’est peut-être la meilleure chose qu’ils leur soient arrivés parce qu’après ça, ils ont vraiment élevé leur jeu d’un cran. Après sa médaille d’argent l’an passé, la Tchéquie a mis la main sur le bronze cette année grâce à un gain de 8-5 sur les Finlandais. Jiri Kulich, qui joue dans la Ligue américaine de hockey (LAH), est un véritable poison pour les autres formations sur l’avantage numérique. Son tir des ligues majeures et son physique imposant ont profité aux issus favorables des Tchèques.
Souvent alimenté par Matyas Melovsky, du Drakkar de Baie-Comeau dans la LHJMQ, Kulich formait un duo dynamique avec le porte-couleur de la formation de la Côte-Nord. Ajoutant à ça des joueurs tels que Eduard Sale, Matyas Sapovaliv, Jakub Stancl,Ondrej Becher, Dominik Rymon et un gardien comme Michael Hrabal, ça forme une équipe redoutable pour affronter les grandes nations et ils l’ont démontré! Ils n’ont pas volé leur troisième place sur le podium, démontrant beaucoup de caractère.
Les espoirs du CH
Si on regarde de plus près le travail des futurs joueurs des Canadiens de Montréal, on va être encouragé! Quatre espoirs du Tricolore étaient de la compétition, soit Owen Beck (centre) du Canada, Lane Hutson (défenseur) et Jacob Fowler (gardien) des États-Unis ainsi que Filip Mesar (centre/ailier droit) de la Slovaquie.
Beck a été fiable au centre d’un trio combatif pour l’Unifolié et il a été l’un des plus constants de l’équipe pour ce qui est de l’effort. Hutson est un véritable quart-arrière sur l’attaque massive. Sa vision du jeu, ses mains et son coup de patin font de lui un atout important à la ligne bleue d’un club. Fowler, avec une formation puissante en face de lui, certes, avait l’air d’un gardien calme et confiant, contrôlant bien ses rebonds. Et Mesar s’est démarqué comme un fabricant de jeu hors pair avec quelques passes magiques menant à des buts de son pays. Il a été un joueur clé pour sa nation. Il y a donc plein de positif à retenir de ces performances et c’est de bon augure pour l’avenir.
Mon avis sur l’arbitrage et les reprises vidéo
Au niveau de l’IIHF, on est plus sévère sur l'arbitrage que dans la LNH, par exemple. Voici ce que j’ai pensé du travail des officiels durant ce CMJ. Sincèrement, une chance que les reprises vidéo étaient disponibles pour les arbitres. Cette technologie a grandement aidé les hommes zébrés à prendre de meilleures décisions. On a vu à plusieurs reprises les arbitres faire des appels et ensuite aller visionner les reprises au banc des marqueurs pour finalement changer la décision et renverser l’appel initial.
Ce que j’aime, c’est que ça permet aux officiels de rendre les bons verdicts. Que ce soit sur des buts ou des pénalités, tu veux toujours avoir un bon appel et en temps réel, ça se passe vite et ce sont des humains. Alors, je salue l’initiative d’aller aux vidéos plus souvent afin d’être certain à 100 % d’avoir pris la bonne décision.
J’entends déjà quelques observateurs me dirent que ça brise le rythme d’un match. J’aime mieux ça que de voir des calls tout croche qui pénaliserait une équipe et changerait le cours d’une partie en raison de l’arbitrage. J’ai toujours pensé que lorsqu’on n’a pas trop entendu parler d’un arbitre pendant un match, c’est qu’il a fait un bon boulot. Au volet international, je trouve parfois qu’il y a trop de punitions tirées par les cheveux au niveau de l’accrochage, l'obstruction et les mises en échec, mais ça fait partie des règlements et c’est tout le temps une question de jugement, alors je ne peux pas blâmer qui que ce soit à ce sujet.
Rappelons finalement que le prochain CMJ, en 2025, sera disputé au Canada, dans la capitale fédérale, à Ottawa.