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Où est la limite?

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07 nov. 2024 12:12

Il y a quelques mois, une tendance a émergé sur les réseaux sociaux, connue sous le nom d'«underconsumption core». Cette mode incitait les utilisateurs à partager des vidéos mettant en valeur des objets qu'ils possédaient depuis longtemps et qu'ils continuaient d'utiliser, au lieu de les remplacer par de nouveaux. Une bouteille d'eau vieille de 10 ans, un chandail de 15 ans, une voiture de 20 ans… L'objectif était de montrer qu'il est possible d'user les objets que l'on a, sans céder à la pression d'acheter «la nouvelle version».

Par Lili-Rose Charest

Cette tendance s'inscrit dans un contexte plus large où la prise de conscience des enjeux environnementaux et des effets néfastes de la surconsommation grandissent de manière considérable. En 2023, au Québec, la quantité de matières résiduelles était de 716 kg par habitant (données tirées du Portrait de la consommation au Québec par la Semaine québécoise de réduction des déchets, 2024). Cela soulève une question cruciale : existe-t-il un juste milieu entre la surconsommation et la sous-consommation? Je pense que oui et cela dépend avant tout de nos besoins et de notre capacité à rationaliser nos choix.

Tout d’abord, il faut être sensibilisé. Nous sommes bombardés de milliers de publicités chaque jour : à la télévision, sur les panneaux d'affichage, sur nos téléphones et même par le biais des influenceurs. Cette exposition constante crée un désir de ressentir le même bonheur que celui que nous montrent ces annonces. Cependant, le plaisir que le matériel peut nous procurer est éphémère. Acheter une nouvelle bouteille d'eau, alors que nous en avons déjà plusieurs, ne fera pas de nous des personnes plus heureuses à long terme; cela entraînera simplement un gaspillage d'argent et de ressources.

Prenons un exemple plus marquant : une personne qui change de téléphone ou de voiture chaque année pour le dernier modèle contribue à des conséquences environnementales importantes telles que l’augmentation des déchets électroniques et une empreinte carbone accrue due à la production de nouveaux appareils. Cela entraîne une contamination importante des sols, entraîne à la fois une toxicité importante à la biodiversité due aux rejets des matériaux et contribue vivement aux émissions de gaz à effet de serre. Il faut donc être conscient de ce que nos envies ont comme résultats sur notre propre empreinte écologique. 

Néanmoins, cette présente chronique n’a pas pour but de prôner l’idée de ne plus rien acheter. Si nous avons réellement besoin de nouveaux objets en raison de leur usure, je pense tout de même qu’il est crucial de privilégier la durabilité. Cela peut impliquer de choisir des entreprises, si l’on peut locales, qui adoptent des pratiques éthiques et écoresponsables, même si cela signifie de débourser un peu plus. D’ailleurs, de plus en plus de citoyens recherchent aujourd'hui des produits réparables et de seconde main, ce qui contribue ainsi à une économie circulaire qui valorise la consommation responsable.

Pour terminer, soyons honnêtes, nous connaissons tous le plaisir d’acheter de nouvelles choses que nous convoitons. Mais avant tout, au-delà du réel besoin d’un achat, je pense que nous devrions nous interroger : agissons-nous ainsi pour combler un vide personnel? Est-ce que nous achetons parfois des articles pour combler un manque matériel qui se définit par le phénomène du «paraître»? En fin de compte, je pense qu’il s'agit de trouver un équilibre qui respecte nos besoins, en prenant le temps de réfléchir à cet enjeu, tout en prenant soin de notre planète.

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