Par Érick Deschênes

Je te l’avoue d’emblée cher lecteur et chère lectrice, cette chronique ne sera pas mon analyse la plus équilibrée. J’adore le joueur de hockey qu’est Phillip Danault et il était l’un de mes joueurs préférés lors de son premier passage avec le Bleu blanc rouge.

La décision du prédécesseur de Kent Hughes ne pas lui offrir 500 000 $ de plus afin de conserver ses services à l’été 2021 a été l’une des plus grandes erreurs de Marc Bergevin lors de son règne d’architecte du Tricolore.

Danault adorait jouer à Montréal malgré la pression supplémentaire sur les épaules des joueurs québécois. Il a quitté l’équipe où il a éclos dans le circuit Bettman principalement en raison des coups fourrés de Bergevin, que ce soit la tenue de l’audience d’arbitrage de son contrat à proximité de son mariage, le refus de lui accorder un rôle sur un trio offensif et le chipotage pour lui accorder une augmentation salariale méritée après son travail lors du parcours magique en séries de 2021. Des gros irritants qu’ont effacés à l’époque les Kings de Los Angeles en convainquant Danault de poursuivre sa carrière en Californie.

La décision de Kent Hughes de rapatrier à Montréal Philip Danault, qui connaissait de moins bons moments depuis les changements derrière le banc et dans l’état-major des Kings, permettra de corriger plusieurs lacunes des Canadiens et de donner une belle munition à Martin St-Louis pour la deuxième moitié de saison de son équipe.

Phillip Danault est un excellent centre gaucher au cercle de mises en jeu. Depuis le début de la saison et le départ de Christian Dvorak à Philadelphie, le Tricolore éprouve davantage de difficultés au cercle de mise en jeu, ce qui se répercute notamment sur l’efficacité des unités de désavantage numérique de la troupe de Martin St-Louis.

Et avec la perte au combat d’Alex Newhook et Kirby Dach, Nick Suzuki doit faire du «temps supplémentaire» en infériorité numérique, ce qui se répercute sur ses performances offensives.

Avec le retour de Danault, Martin St-Louis pourra donc libérer Suzuki de ces tâches défensives et il pourra mieux établir ses duels, Danault pouvant sauter sur la glace contre un centre adverse qui a plus de difficultés contre les centres gauchers et envoyer Jake Evans ou Oliver Kapanen au cercle de mise au jeu lorsque l’adversaire est un centre qui a plus de difficultés contre un centre droitier. De plus, Phillip Danault a prouvé pendant toute sa carrière qu’il était un joueur très efficace en désavantage numérique. Ça changera de Josh Anderson et Joe Veleno, qui n’ont pas mal paru cette saison, mais qui ne sont pas de redoutables spécialistes pour tuer des pénalités.

En plus, contrairement à Christian Dvorak qui avait plus de limites offensivement, Phillip Danault a prouvé qu’il peut piloter sur une base régulière un deuxième trio dans la LNH. Kent Hughes comble donc enfin cette lacune qui peut expliquer en partie les performances en montagnes russes du CH cet automne.

Oliver Kapanen en a surpris plusieurs avec ses performances aux côtés d’Ivan Demivov et Juraj Slafkovsky, mais il manque un peu d’outils pour piloter régulièrement un deuxième trio dans la Ligue nationale de hockey. Il sera beaucoup plus efficace sur un troisième trio où il pourra permettre à cette unité d’être une menace offensive tout en ne nuisant pas à son efficacité défensive essentielle. Quant à lui, Phillip Danault pourra bien alimenter Ivan Demidov et Juraj Slafkovsky tout en offrant davantage de garanties défensives aux côtés de ses poulains offensifs.

En plus, Kent Hughes a réussi le tour de force de convaincre les Kings d’affaiblir leur ligne de centre et libérer Danault, dans un marché en effervescence pour les joueurs de centre, en ne leur cédant qu’un choix de deuxième tour au prochain repêchage. Selon les indiscrétions de Jean-Charles Lajoie de TVA Sports, Los Angeles aurait d’abord désiré obtenir les services de Jake Evans en contrepartie du centre de Victoriaville.

Encore sous contrat la saison prochaine, Phillip Danault pourra donc faire le pont sur le deuxième trio entre la période actuelle et le moment où, si les projections de l’état-major montréalais se concrétisent, les centres Michael Hage et Alexander Zharovsky, des espoirs qu’auraient pu légitimement réclamer Los Angeles dans le troc ramenant Danault à Montréal, atteignent leur plein potentiel. Le CH n’aura donc pas à brûler d’étapes pour bien former ses plus beaux espoirs offensifs et il ne perd pas non plus Jake Evans, un centre efficace pour le Tricolore lorsqu’il se retrouve sur le quatrième trio.

Et si Phillip Danault est aussi performant lors de son deuxième passage à Montréal, rien n’empêche Kent Hughes d’en venir à une nouvelle entente avec le centre gaucher qui pourra être un bon vétéran pour son club alors qu’il sera menaçant pour les grands honneurs, dans deux ou trois ans. On le voit cette saison avec le Tricolore, la profondeur est désormais vitale plus que jamais pour connaître de grands succès dans le circuit Bettman.

En terminant, cette fois, c’est la bonne, promis, je ne réécris pas sur le fabuleux monde du sport d’ici janvier. Je vous souhaite donc mes meilleurs vœux en vue du temps des Fêtes et de la nouvelle année. Que cette période de réjouissances soit remplie de beaux moments avec vos proches. On se retrouve en 2026 pour une nouvelle année où les nombreux événements sportifs continueront de m’inspirer.

Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.